jeudi 30 avril 2015

La corniche d'or, petite balade en mer dans les calanques de Saint-Raphaël

Aujourd'hui, des photos et très peu de texte. Une petite balade en mer du vieux port de Saint-Raphaêl à Agay pour admirer les roches rouges qui marquent le début de l'Estérel, le long de ce qu'on a appelé longtemps la Corniche d'Or. Couleurs plein les yeux. Je vous conseille cette balade (à pied, en bateau, ou à dos de chameau quoique cela plus dur à trouver si aucun cirque n'est dans le coin)... C'est parti !

Les jolis postes à essence du port...

Vue générale quand on sort du vieux-port où Bonaparte à débarqué en rentrant d'Egypte...

 La roue et l'église. La frite semble avoir vraiment disparu et la roue est revenue pour l'été.

Saint-Raphaël et sa rade

Une enfilade d'optimistes pour les petits ;)

Le lion de mer

Le lion mais aussi la dame de Roquebrune au loin

 Les deux lions, de mer et de terre

Le début de la côte de l'Estérel, la corniche d'or

Boulouris

La plage du Dramont où les américains ont débarqué le 15 août 1944

Le port du Poussail (si, si)

L'île d'or, ancien royaume indépendant créé par son fondateur ;)

La même, en différent. Plus sombre non ?

Couleurs du Cap du Dramont

Le sémaphore du cap Dramont

Bleu, blanc, rouge

 Les mêmes, plus agitées

Tiens, l'île d'or ?

La cathédrale, rocher creux atteignable seulement par une entrée à moins douze mètres

Une tête de troll ?

Un trou pour bivouaquer

 Arbres

Reflets

La plage du Camp-long avec...

Le restaurant de Tiki-Plage, un must dans le coin

Agay

Et son Rastel

Et l'île des naufrageurs qui marque le point le plus loin de cette balade

Le sémaphore du Dramont de l'autre côté

Tiens, l'île d'or...

Les caps

 Tiens, l'île d'or (rouge)

 Le lion de mer de l'autre côté aussi

Quelques vagues avant de rentrer ?

Le port de Saint-Raph, avec l'esplanade... Bonaparte, évidemment et la nouvelle capitainerie champignonnesque

Bon voyage !

mercredi 29 avril 2015

Auteurs et éditeurs : de nouvelles règles du jeu numérique

Actualités molles aujourd'hui, mais quand même un truc intéressant pour le monde de l'édition. Le projet de loi sur les relations auteurs-éditeurs a été présenté en conseil des ministres et sera bientôt discuté au Parlement. Il s'agit de régulariser des ordonnances récentes et d'inclure le numérique dans les contrats d'édition.

Extrait du compte rendu du Conseil de ce jour : 

"Modification des dispositions du code de la propriété intellectuelle relatives au contrat d’édition

La ministre de la culture et de la communication a présenté un projet de loi ratifiant l’ordonnance n° 2014-1348 du 12 novembre 2014 modifiant les dispositions du code de la propriété intellectuelle relatives au contrat d’édition.

Cette ordonnance, qui transpose les grands principes ayant fait l’objet de l’accord-cadre du 21 mars 2013 entre le Conseil permanent des écrivains (CPE) et le Syndicat national de l’édition (SNE) sur le contrat d’édition dans le secteur du livre à l’ère numérique, est entrée en vigueur le 1er décembre 2014. Ses modalités d’application ont été précisées par l’accord interprofessionnel du 1er décembre 2014 entre le CPE et le SNE, lequel a été étendu à l’ensemble des auteurs et des éditeurs du secteur du livre par un arrêté de la ministre de la culture et de la communication en date du 10 décembre 2014.

La notion de contrat d’édition couvre désormais tant l’édition des exemplaires physiques d’une œuvre que la réalisation de cette œuvre sous une forme numérique.

L’ordonnance définit l’étendue de l’obligation qui pèse sur l’éditeur en matière d’exploitation permanente et suivie, et de reddition des comptes pour l’édition imprimée et pour l’édition numérique. Elle prévoit la possibilité pour l’auteur ou l’éditeur de mettre fin au contrat d’édition en cas de constat d’un défaut durable d’activité économique dans l’exploitation de l’œuvre.

L’ordonnance garantit également une juste rémunération de l’auteur en cas d’exploitation numérique. Les conditions économiques de la cession des droits numériques feront l’objet d’un réexamen régulier, afin de tenir compte de l’évolution des modèles économiques de diffusion numérique.

La présentation du projet de loi de ratification est l’aboutissement de cette réforme qui doit permettre d’accompagner les mutations de l’édition en garantissant des relations contractuelles équilibrées entre auteurs et éditeurs."

En clair, il s'agit ici d'un double mouvement, pour contenter les auteurs bien trop exploités par leurs éditeurs, et pour contenter les éditeurs sur le volet numérique. Sachant que le monde de l'édition française est l'un des plus ringards au monde, sinon le plus, tout projet de loi dans ce domaine est intéressant à surveiller. D'autant plus qu'il s'agit ici de mettre en place une loi a posteriori après des négociations acides entre auteurs et éditeurs. On attend la réaction de leurs représentants et des autres acteurs du secteur, des libraires aux multinationales du livre, en commençant par Amazon qui ne se contente pas de distribuer des livres. Cette loi et les ordonnances et arrêtés de la fin 2014 auront des conséquences directes pour beaucoup d'auteurs. Une analyse juridique ici, entre autres. Les négociations duraient depuis quatre ans, donc avant 2012... Deux exemples de conséquences pour les auteurs :

- un auteur pourra obliger son éditeur à publier aussi sous forme numérique son œuvre, et pourra le quitter s'il refuse, en récupérant ses droits.

- un auteur pourra renégocier le montant de ses droits d'auteur pour les versions numériques, sachant que les frais de distribution sont bien moins élevés dans ce cas. Dépasser les 10 ou 15% serait donc possible à terme.

Évidemment, il faudra du temps. Comme pour les femmes, dont on fête aujourd'hui les 70 ans depuis la première élection à laquelle elles ont eu le droit de participer (des élections municipales), mais qui sont toujours aussi peu présentes dans la vie politique française. Le scandale des élections départementales en témoigne : malgré une parité stricte imposée par la loi pour les candidatures, le pourcentage de femmes occupant des postes à responsabilité dans les assemblées territoriales est très en dessous des 50%. Les hommes sont toujours très myopes. Et en France le monde de l'édition est également très masculin. Alors les lois, sans une volonté partagée de les appliquer...


mardi 28 avril 2015

Du plus haut au plus bas, hommes et catastrophes

La fameuse loi du coût médiatique d'un mort a encore frappé, et très fort cette fois.

L'Himalaya d'un côté, le point le plus haut de la planète.
Le Vanuatu de l'autre, l'un des points les plus bas de cette même planète où nous vivons pourtant tous.

Le tremblement de terre au Népal remue beaucoup de consciences et agite plein d'acteurs. C'est bien. Katmandou dévastée c'est une surprise pour beaucoup de gens qui croient que la pureté des montagnes les préserve de tout. Les sismologues attendaient et attendent encore d'autres tremblements de terre dans cette region qui a été créé lorsque l'Inde a percuté l'Asie après s'être détachée de l'Afrique. C'était il y a longtemps, mais la zone de contact continue à bouger et craque de temps en temps. De plus, Katmandou qui a fait rêver des générations de hippies est devenue un dépotoir international depuis des années, avec un tourisme incontrôlable, une hygiène inadaptée, un aéroport anémique et un habitat bidonvillesque. Un terrain rêvé pour n'importe quel séisme. Les Chinois ne s'y trompent pas et proposent leur aide internationale au Népal - juste de l'autre côté de la frontière naturelle avec le Tibet chinois, ben tiens. Les médias nous parlent plus des quelques centaines d'alpinistes coincés par des avalanches au camp de base au pied des plus hautes montagnes, un village temporaire et permanent qui sert de point de ralliement pour les fanas de pure montagne qui découvrent des chemins couverts de détritus et des sherpas tenus en esclavage.

Il y avait en effet plein de gens médiatisables au Népal, en pleines vacances de printemps pour les français. Il y a plusieurs centaines de français répertoriés là-bas, dans ce coin réputé pour ses montagnes et son herbe à yacks. Émoi donc, et émoi naturel. Pensées pour les milliers de victimes.

Il y a une cinquantaine de jours seulement, un cyclone détruisait le Vanuatu, un archipel situé si bas sur l'océan Pacifique qu'il est l'un des premiers à être touché par le réchauffement climatique, juste derrière le Tuvalu que les experts s'attendent même à voir disparaître d'ici quelques décennies, sous les eaux. Cette catastrophe a fait peu de morts, beaucoup moins qu'au Népal, d'un ou deux ordres de grandeur, mais le Vanuatu est détruit profondément et cela prendra des années pour le reconstruire : routes, infrastructures, bâtiments, plantations, cuves à eau potable dans une zone où il y en a très peu... Même le paysage a changé et il faut redessiner les cartes des contours des îles. L'aide internationale d'urgence est toujours là, heureusement, mais le relais sera-t-il pris par une aide structurante de moyen et long terme ?

Le fait qu'il y ait eu peu de morts au Vanuatu pose un problème médiatique d'ailleurs. La raison en est simple : le Vanuatu était prêt et les populations se sont réfugiées dans des abris prévus pour ça à l'avance, traditionnels ou pas. Au Népal, comme en Haïti il y a quelques années, rien n'était prévu, puisqu'il n'y a pas de vrai gouvernement. Et la multiplication des touristes n'a pas facilitée les choses. Il y a peu de touristes au Vanuatu.

Rien ne sert d'opposer les catastrophes naturelles les unes aux autres. Elles sont là, même si certaines causes sont en partie humaines pour celles liées au changement climatique. Mais il est fondamental de ne pas se laisser emporter uniquement par l'urgence. Quand il y a crise, il faut la traiter, c'est l'urgence. Je ne parle ici que des crises naturelles évidemment. Il y a une avant-crise, qui consiste à se préparer ou non à une crise dans une zone à risques. C'est souvent la responsabilité des politiques locaux. Il y a une après-crise, une sortie de crise, qui prend souvent énormément de temps et qui est l'affaire de l'aide internationale de fond.

On peut d'ores et déjà parier que l'aide de moyen terme au Népal sera efficace. Celle pour le Vanuatu est déjà en baisse alors que la crise d'urgence n'est même pas terminée, dans une indifférence assez générale, même chez les fameux acteurs de l'aide internationale. 

L'Homme a des hauts et des bas. C'est bien dommage.

lundi 27 avril 2015

Dépenser moins ou dépenser plus ? Dépenser mieux peut-être ?

Petit débat économique et financier aujourd'hui.

L'inflation est en baisse en France. Pour les consommateurs cela veut dire que les prix augmentent moins, ou même baissent dans certains secteurs. Pour les entreprises, surtout celles qui exportent et qui raisonnent en fonction du yoyo dollar-euro, ça peut faire plus ou moins de recettes ou de possibilités d'investissement. Pour l'Etat (n'importe quel État en fait, mais ici on parle de la France) moins de dépenses des autres implique moins de recettes fiscales (TVA notamment), d'où la nécessité de trouver d'autres recettes pour contrebalancer ces baisses. Et comme François a dit que les impôts n'augmenteraient plus en 2016  - because élections of course - il faut réduire encore plus les dépenses, par rapport à ce qui avait été prévu.

Les dépenses de l'Etat devront donc baisser plus en 2016 et les lettres de cadrage qui sont parties dans les ministères comme chaque année avec le muguet sont donc plus salées qu'attendues. La plupart des ministères devront trouver 1% d'économies en masse salariale et 3% pour les autres dépenses : fonctionnement, subventions à distribuer principalement. C'est un peu la douche froide pour tous les ministres qui croyaient ce qu'on leur avait dit. Et comme il n'y a toujours pas eu de remaniement, la leçon est amère. Du côté de toutes les structures étatiques et para-étatiques il faut s'attendre à des baisses en 2016. Ça va être la foire d'empoigne comme d'habitude et seuls ceux qui se défendront bien arriveront à sauver tous leurs meubles. Les autres y laisseront au mieux quelques bibelots et au pire des bijoux de famille.

Pourtant augmenter les salaires n'est pas toujours mauvais pour une institution. Vous avez certainement suivi l'histoire de cette compagnie américaine dont le patron a lu une étude sur le niveau de bonheur des salariés en fonction du salaire. Il a decidė d'augmenter tout le monde pour atteindre ce niveau optimal (70 000 $ par an brut) et de baisser en contrepartie son salaire de quelques millions de dollars à presque rien. Rassurez-vous, il a des parts. Mais depuis les quelques mois où cette mesure inédite à été prise, ne voilà-t-y pas que de nombreux clients supplémentaires sont venus à cette entreprise,  parce qu'ils trouvent ça bien mais aussi parce que les employés sont nettement plus motivés qu'avant. Bon c'est juste une histoire comme ça, rien de plus, rassurez-vous Monsieur Gattaz ;)

Les économies réalisées par l'Etat toucheront donc tout un tas de structures publiques. L'INA aussi forcément. L'INA qui n'est plus très armée depuis le dernier scandale en date : sa patronne dépense des sommes importantes en taxi - vraiment importantes puisqu'on parle de dizaines de milliers d'euros. 100 euros par jour pendant 10 mois au moins. De cette toute petite histoire, on peut tirer plusieurs conclusions, sans ordre d'importance :

- la compagnie G7 facture ses abonnements professionnels VIP vraiment très cher, presque 7000 € par an pour une personne, tout ça pour que ces très chers VIP n'attendent pas trop longtemps leur taxi de luxe.
- être patron et avoir une voiture de fonction avec chauffeur n'empêche pas de prendre des taxis, car on ne peut quand même pas faire travailler ces pauvres chauffeurs plus de 15 heures par jour, non ?
- être patron de ce niveau et ne pas avoir son permis de conduire est visiblement autorisé. A moins que le permis ait été suspendu ou retiré. On ne parle évidemment pas des transports en commun, ce serait une injure pour un haut fonctionnaire.
- être haut fonctionnaire dans un poste élevé dans la hiérarchie des palais de la République, même lorsqu'ils sont en banlieue, comporte tout un tas d'avantages acceptés très largement par d'autres hauts fonctionnaires, ceux par exemple qui peuplent les conseils d'administration de ces institutions. On en connaît qui trouve cela très naturel sans aucun recul sur leur propre organisation. Cela permet de mélanger allègrement, comme dans ce cas, les dépenses privées et professionnelles, sans contrôle.
- donner son code privé à son fils pour qu'il prenne le taxi quand il veut est toléré et courant. Si vous êtes pris contentez-vous de rembourser. C'est la technique bien connue du pas vu, pas pris et de toutes façons je ne risque rien. Par exemple : je te tue, je suis pris, je m'excuse et je continue comme avant. Ah zut, il y a la justice !?!
- considérer que ce sont des pratiques acceptées, même des droits acquis, parce que c'était comme cela avant, sans se poser de question éthique, politique ou même de bon sens, dénote un sens rare de l'impunité. D'ailleurs la patronne de l'INA a succédé au patron de France Radio qui a été accusé - à tort semble-t-il - de dépenses somptuaires dans son bureau à la Maison de la Radio.
- c'est la question du contrôle qui est posée. Car en l'absence de contrôle les abus sont forcément possibles, sauf avec des personnes dotées d'une forte éthique personnelle. Il y en a heureusement. Mais quand les contrôles ne sont pas institutionnalisés ou se font entre hauts fonctionnaires, il ne reste pas beaucoup de possibilités pour dénoncer des abus : des lettres anonymes venues de concurrents, de salariés excédés ou d'autres petits personnels au courant des détournements ; des électeurs et des médias lorsqu'on a en face de soi des personnes publiques et principalement politiques, ce qui n'est pas le cas dans cette affaire. Un ministre aura déjà démissionné, pas un haut fonctionnaire, voyons !
- finalement, ceux qui critiquent de telles attitudes immorales sont souvent dénoncés eux-mêmes : ce sont des aigris, des démagogues, des journal eux à la recherche du sensationnel ou pire des suppôts du FN déguisés en citoyens. Comme s'il était impossible de simplement dénoncer des comportements et de proposer des réformes de la haute administration.

Pendant ce temps, la France négocie son déficit avec la Commission Européenne et donne des leçons de morale un peu partout dans le monde.


dimanche 26 avril 2015

Du temps de cerveau pour... une nouvelle carte des vents

Jenous rêve. Enfin. Il était temps.

Depuis que jnou'ai atterri ici, c'est la première fois. Cela veut dire que la phase initiale est terminée et que monotre corâme est ajusté aux conditions bizarres de cette planète. Le Maîtresprit mnous'avait prévenu évidemment, mais jenous ne pensais pas que cela prendrait aussi longtemps, presque une périmaine. Il faut dire que jnou'ai été bien occupé ici. Il a fallu installer le campement et ses protections, et les nuits ont été courtes. et sans rêves donc.

Mais cette nuit tout a changé. Jenous rêve enfin. Vous vous demandez peut-être comment on sait qu'on rêve ? Jnou'ai entendu dire que chez les peuples qui ne participent pas au Jeu, il suffit de se pincer pour savoir si on rêve. C'est bien puéril comme réaction et typique de planètes peu évoluées et qui ne connaissent pas les rêvonds, les rêves les plus profonds qui puissent exister. Chez nous, on sait quand on rêve vraiment. C'est lorsque le corâme se divise et qu'on commence à coursauter.

Ah, combien coursauter menous manquait ! C'est la sensation la plus agréable qui existe. Vous êtes là, debout, toutes vos pattes bien ancrées dans le sol, et vous sentez votre corâme affleurer à la surface, comme une bulle qui vous protège et vous entoure. Puis il arrive, ce moment délicieux où la bulle se détache de vous, de tous les points au même moment, avec un frisson de plaisir qui n'a pas d'égal dans la galaxie. Et vous commencez à courir pour sentir la bulle vous entourer, vous frôler, vous étirailler. Et vous courez de plus en plus vite, de toutes vos pattes, en sautant de plus en plus loin. Et puis arrive peut-être, si les conditions sont réunies, ce moment suprême où grâce à un dernier coup de reinerfs, vous continuez à courir en ne touchent plus le sol, comme un saut permanent, comme une délicieuse coursaute sans fin. Un saut au-delà du saut, une course au-delà de la course. Une coursaute qui fait exploser la bulle comme si l'univers entier était la bulle et vous le centre du monde. Vous, et tous vos vous, je, nous, elles, ils...

Jenous coursaute enfin, tous réunis et séparés jenous sommes les rois du rêvond. Monotre corâme est éclaté et infini, il parcourt le monde dans tous les sens. Chaque graine du corâme est indépendante et pourtant reliée à toutes les autres. Jenous vois la planète, jenous la pressens par toutes menos graines. La coursaute est en action. Elle ne s'arrêtera que lorsque tous les êtres vivants de la planète auront été ensemencés. Cela peut prendre plusieurs périmois, mais jenous mnou'en moque. La coursaute est si agréable, si parfaite qu'elle pourrait durer toute manotre vie. La vie.

Car jenous sais que le rêvond a une fin. Jenous sais que la coursaute s'arrêtera, que le corâme s'éteindra lorsque la planète sera prête à germer. Et jenous sais qu'alors le réveil aura lieu. Jenous n'existerai plus, seulement des milliards de "je" séparés les uns des autres pour toujours, moi coincé dans l'un d'eux, vaquant à nos occupations dans la viéveillée et essayant chaque nuit de retrouver notre union dans des rêves qui pourront peut-être, avec un peu de chance et si jenous ai bien coursauté, devenir des rêvonds.

Mais pour le moment, le rêvond est à moinous, seul et tous à la fois. Il sera peut-être impossible de le retrouver après la germinaissance de cette nouvelle planète. Seul le Maîtresprit sait si cette coursaute réussira et si cette Terre rejoindra le grand Jeu. Mais jenous suis optimiste car cette coursaute est si belle qu'elle ne peut échouer. Vous ferez bientôt, comme nous tous, de beaux rêvonds.

samedi 25 avril 2015

Attention au pastis méditerranéen

Allez hop, on termine cette séquence varoise du blog avec le pastis. Car tout commence et tout finit avec le pastis, n'est-ce-pas ?

Le pastis est une invention marseillaise après la première guerre mondiale. L'absinthe avait été interdite en 1915 car elle était la plupart du temps raffinée n'importe comment et elle rendait fou, malgré les prises de position d'Alphonse Allais (Ah, l'fond salé de la mer). L'anisette c'était sympa, et ca l'est toujours dans tous les pays du pourtour méditerranéen avec des noms variés de l'Arak à l'Ouzo par exemple. Mais il fallait trouver quelque chose avec un goût un peu plus prononcé, épicé même. Et Marseille était à l'époque un grand centre où arrivaient plein d'épices de toutes parts. Le pastis est donc né de mélange d'anis, de réglisse et de badiane principalement, avec des variantes importantes suivant les marques.

Chacun préfère son pastis. C'est un sujet sans fin, autour d'un jaune aux heures nombreuses de l'apéritif. Moi je préfère le Casanis, car il y a de l'anis vert en plus de l'anis étoilé. Mais tous les goûts sont permis. Les différences sont minimes, entre d'une part les deux grandes marques que sont le Ricard et le 51, les autres marques commerciales plus ou moins connues, les marques de supermarché et les labels artisanaux très bobos et très chers. Les dégustations à l'aveugle tournent souvent au ridicule tant ces boissons se ressemblent. Il n'empêche qu'on peut s'étriper dans de telles discussions, ça donne soif.

D'ailleurs, en marseillais, un pastis cela veut dire un mélange tout simplement, mais aussi une embrouille. Toute la Méditerranée, quoi ! Ce n'est pas Pasqua, longtemps VRP pour Ricard, qui dira le contraire. La politique du Sud de la France, c'est le pastis. Un point c'est tout.

Le pastis peut aussi être cuisiné, comme tous les alcools. Comme ce qui ressort est principalement le goût de l'anis, il est facile de le mélanger aux produits de la mer, mais également à certaines viandes blanches, à des desserts, ou comme une pointe destinée à relever des plats sans qu'on puisse soupçonner d'où vient ce goût. Le pastis vient également parfumer les pains et les gâteaux secs. Y mettre du pastis plutot que du simple anis est plus facile, il suffit d'ouvrir la bouteille, c'est déjà liquide et en plus on peut siroter un apéro pendant qu'on cuisine. Pratique, non ? Et moins alcoolisé en général que le rhum ou d'autres alcools blancs, car le pastis ne se boit pas pur - sauf par les durs de durs qui meurent assez vite d'ailleurs.

Mais le mot pastis, au sens d'embrouille, a un bel avenir dans la region et ailleurs. Il y a de plus en plus de pastis ici, avec de grands sourires évidemment, mais des sourires carnassiers par derrière aussi. Au début ça fait sourire parce qu'il y a l'accent du midi par-dessus, mais très vite on comprend que c'est du sérieux et que la violence n'est jamais très loin. Pourtant, un pastis ça se déguste doucement et lentement, sans violence. On commence par mettre le pastis au fond, puis les glaçons bien froids histoire d'entendre le petit craquement significatif qui fait envie à lui tout seul, et enfin l'eau. Tout est affaire de proportions évidemment, comme disait César, en parlant du picon-citron-curaçao-... Il n'y a pas de pastis, mais l'arithmétique est la même, a essayer sur vos cocktails au pastis :

César : Eh bien, pour la dixième fois, je vais te l'expliquer, le picon-citron-curaçao. (Il s'installe derrière le comptoir.) Approche-toi ! (Marius s'avance, et va suivre de près l'opération. César prend un grand verre, une carafe et trois bouteilles. Tout en parlant, il compose le breuvage.) Tu mets d'abord un tiers de curaçao. Fais attention : un tout petit tiers. Bon. Maintenant, un tiers de citron. Un peu plus gros. Bon. Ensuite, un BON tiers de Picon. Regarde la couleur. Regarde comme c'est joli. Et à la fin, un grand tiers d'eau. Voilà.
Marius : Et ça fait quatre tiers.
César : Exactement. J'espère que cette fois, tu as compris. (Il boit une gorgée du mélange)
Marius : Dans un verre, il n'y a que trois tiers.
César : Mais, imbécile, ça dépend de la grosseur des tiers !
Marius : Eh non, ça ne dépend pas. Même dans un arrosoir, on ne peut mettre que trois tiers.
César (triomphant) : Alors, explique-moi comment j'en ai mis quatre dans ce verre !
Marius : Ça, c'est de l'Arithmétique.

Marcel Pagnol, Marius, Acte I, scène 2.

Il faut reconnaître que le Picon est un grand classique du coin aussi. Et le cocktail Picon-Pastis s'appelle ici un... Stoptou... Tout un programme, hips.


vendredi 24 avril 2015

Bisbilles tropéziennes

Je vous avais prévenu, cette semaine des sujets plus légers. A vous d'en juger.

Scandale à Saint-Tropez, mais que font les gendarmes ? Depuis des années, la madone locale, Brigitte Bardot, est établie ici dans sa somptueuse villa les pieds dans l'eau. Il y a régulièrement des scandales autour d'elle, car c'est comme ça qu'on vit dans le coin. Le dernier en date est ici  dans Var-Matin of course. BB entretient dans son F3 sa villa une cinquantaine d'animaux de toutes races. Ne me demandez pas la liste, je ne l'ai pas mais il a des ânes, des chiens et des chats au moins. Tout ça coûte cher à nourrir et elle avait donc depuis des années un accord tacite avec le Monoprix de la ville qui lui refilait ses fruits et légumes gâtés chaque jour. Plutot que de les jeter, c'était un bon deal. Or, las, il y a quelques mois le patron de ce magasin a changé et a décidé de ne plus fournir BB en bananes pourries et en salades jaunies. BB s'en est émue et devant l'absence de réactions, elle vient de faire paraître un article dans le journal  pour faire honte à cette grande chaîne nationale. La direction generale à Paris a pris peur évidemment. Comment ? On déplaît à Brigitte ??? Un accord pourrait être trouvé si une convention est passée avec la Fondation BB plutot qu'un accord tacite avec un particulier, même si celle-ci est une particulière exceptionnelle. On attend maintenant la suite du feuilleton et les protestations d'autres associations de défense des animaux, car il y en a un paquet dans le coin, avec tous ces riches retraités qui pullulent.

On voit bien que la puissance d'un nom est phénoménale. Vous imaginez la petite vieille qui vient a la sortie du Monoprix et à qui on dit non, désolé madame, mais il ne reste plus de salades, on les a toutes données à Bardot ? Éternel débat du pauvre et du riche, agrémenté ici du débat de l'homme contre l'animal. En tous cas, voici de quoi alimenter les conversations dans la region à l'heure de l'apéritif.

Toujours a Saint-Tropez, il y a la tarte tropézienne. Elle fête cette année ses 60 ans puisqu'elle a été révélée au monde en 1955 par Brigitte Bardot justement. Son créateur était un polonais qui s'était installé dans le coin et qui a servi cette tarte lors du tournage du mythique film Et Dieu créa la femme avec BB justement. C'est comme ça qu'on se fait une image ! Le créateur a continué 30 ans, non sans déposer le nom, pas folle la guêpe, et son successeur gère donc depuis 30 autres années l'entreprise avec son fiston. Il y a de plus en plus de boutiques qui proposent ces tartes bien crémeuses que vous ne pouvez pas imaginer si vous n'en avez jamais goûté. Il y en a même une à Paris, à Saint-Germain des Prés évidemment. Il faut dire que le créateur (pas Dieu qui créa la femme, mais Micka qui créa la tarte) était un vrai polonais et que cette fameuse crème était une recette familiale. Bien bourrative nourrissante donc. Il faut différencier la vraie tarte des fausses, paraît-il. Enfin, ça c'était vrai avant que la crème soit fabriquée industriellement dans un "laboratoire"... A Saint-Raphael, il y a aussi une des premières boutiques où on les trouve,,, avec une recette secrète comme la Coca Cola (mais sans Coca je crois). Le créateur polonais est mort depuis longtemps, mais sa tarte lui survit. Apprêtez-vous pour de grandes fêtes cet été en l'honneur de la tarte : rendez-vous à la sortie du Monoprix pour les produits gâteaux gâtés.

Finalement, la mode est cumulative. Entre créer des stations de bord de mer à partir de rien et les valoriser à partir de starlettes, il y a juste l'épaisseur d'une couche de crème dans une tarte. Surtout vu après quelques années, histoire d'oublier la réalité et d'en reconstruire une autre. Toute la Coete d'Azur est ponctuée de tels lieux qui se forgent avec les années des images faussées, pendant que les créateurs originaux se la coulent doucent dans leurs villas de rêve. Vive les vacances au bord de la mer ! Car la nature, elle, est authentique et authentiquement belle, avec ou sans tarte, avec ou sans vieille starlette. 


jeudi 23 avril 2015

Saint Georges, une fleur et un livre

C'est la Saint-Georges, Jordi en catalan, le saint patron de la Catalogne. Georges, comme Georges Lauteur évidemment, l'auteur de ce blog.

Il existait en Espagne une tradition d'offrir une fleur ce jour-là, une rose en général. Depuis les années 20, il est devenu d'usage d'offrir un livre, à l'origine pour promouvoir la lecture. Et le 23 avril à été choisi, pas â cause de la fête de la fleur, mais parce que c'est le jour ou a été inhumé Cervantes (en 1616). Les érudits noteront que la même année et le même jour mourait également un certain William Shakespeare... De cette conjonction bizarre, inutile donc nécessaire est venue la tradition d'offrir fleurs et livres ce joir-là à ceux qu'on aime. Certains offrent une fleur aux femmes et un livre aux hommes : ce sont évidemment des machos qui supposent que les hommes n'aiment pas les fleurs et que les femmes n'aiment pas lire. Le contraire est aussi ridicule. Moi j'offre un livre et une fleur à chacun !

L'UNESCO en a profité en 1995 pour faire de ce 23 avril la journée mondiale du livre et des droits d'auteur. C'est donc la fête des lecteurs, car ce sont bien eux qui justifient que des livres soient écrits et publiés. Un livre sans lecteur c'est pire qu'un baiser sans moustache, c'est pire qu'une émission de télé-réalité sans TF1, c'est pire qu'un film sans spectateur... C'est presqu'aussi pire qu'un lecteur sans livre à lire !

Et les droits d'auteur sont un sujet tentaculaire, de plus en plus d'actualité. Un sujet pour lequel les approches sont si différentes suivant les systèmes nationaux - notamment ceux qui marchent au contraire au copyright. Un sujet où le poids du numérique est déterminant. Un sujet où le poids antique des sociétés d'auteurs féodales est un bastion à détruire à l'heure du marketing un pour un et du suivi personnalisé. Pourquoi mes droits d'auteur seraient-ils ponctionnés par un auteur très connu qui aurait plein de parts dans une société à l'ancienne ?

Mais en ce jour de fête du livre et de la fleur, ce qui compte c'est juste le sourire de la personne à qui vous les offrez, le vôtre et celui de la marchande de fleurs ou de la libraire. Bon, j'admets que cela puisse être un marchand de fleurs ou un libraire... Mais je préfère ainsi ;)

PS : Et puisque je suis à Saint-Raphaël, une petite info. Le maire, qui s'appelle Georges ou Jordi en provençal, fête ses 20 ans de mairitude. Un sacré bail. Et il est reparti pour encore 5 ans si tout se passe bien. Quelqu'un lui a offert un livre ? Et quel livre ? 20 ans, c'est aussi l'anniversaire de la fête du livre à l'UNESCO. Ce ne peut pas être un hasard !


mercredi 22 avril 2015

Vacances politiques à droite

Le Sud-est de la France vote à droité c'est bien connu. Mais les droites sont variées et coursent donc la clientèle l'électorat local en toutes occasions. 

Et puisque ce sont les vacances de printemps, autrefois de Pâques, les hommes politiques viennent ici en masse pour faire campagne. A l'UMP, encore UMP pour quelques semaines en attendant le vote final sur Les Républicains, les ténors envahissent le terrain et font leur tournée (pas d'adieu malheureusement). Sarkozy est à Nice, dans le grand espace réservé aux stars internationales, pour y vendre sa sauce, tandis que Fillon parcourt les villes plus petites : il est à Saint-Raphael jeudi, dans ce qu'on appelle ici pompeusement le palais des congrès, une salle en plein air réservée à tout et son contraire. Le lendemain de Fillon, on ouvre cet espace pour le... "Salon du Chiot"... Ne rigolez pas svp. Fillon et Sarkozy se battent donc dans le coin ici, chacun avec ses armes et des convictions opposées, au point que Fillon a même annoncé qu'il soutiendrait Juppé contre son ex-patron. Ouaf Ouaf.


Photo copyright F. Fillon, non je ne rigole pas...

Pendant ce temps, le FN tisse sa toile tranquillement, un peu plus d'un an après les municipales. Fréjus reste un symbole lourd et le journal local est plein de discussions entre élus qui s'insultent et qui passent des alliances contre nature les uns contre les autres, au gré du vent d'est ou du mistral qui soufflent ici dans des directions opposées. Les lignes de fracture sont nombreuses ici et très mouvantes.

Mais tout ceci est bien loin quand on a les pieds dans l'eau, même si elle est très froide, et à quelques minutes de l'heure du pastis. Que le vent vienne de droite ou de gauche, tout est relatif ici. Dans certaines criques de roches rouges, il suffit de faire demi-tour pour continuer à voir la mer. 

La grande discussion ici, ce sont les impôts locaux qui augmentent ou pas au gré des volontés politiques des élus locaux. Un pour-cent de plus ou de moins, ce n'est pas si important que cela pour un budget local, mais c'est un symbole fort pour la population. On remarquera, paradoxalement, par exemple qu'une ville FN n'augmente pas ses impôts alors que sa voisine UMP le fait. Les électeurs en penseront ce qu'ils voudront. Les sportifs et les cultureux aussi, car ce sont souvent leurs subventions qu'on coupe en premier. C'est plus facile. D'ailleurs à propos de culture, la ministre socialiste de la culture est aussi dans le Var, à Toulon... Décidément, on ne peut pas prendre des vacances loin des politiques sans être entourés par eux !

mardi 21 avril 2015

L'Europe, un continent ou une île ?

Le scandale des migrants morts en Méditerranée continue. Parlons-en.

On parle de migrants, c'est à dire de celles et de ceux qui fuient leur pays où une region pour tout un tas de raisons. Il y a quasiment toujours un problème de surviE, lié à la sécurité ou à la pauvreté. Les migrants fuient des situations mortellement dangereuses. Et l'on peut fuir autant qu'on veut, il arrive toujours un moment où l'on se trouve face à une frontière défendue par des armes. Les frontières terrestres de l'Union européenne sont nombreuses, mais difficiles à atteindre quand on vient du Sud. Car il y a la Méditerranée entre les deux. Et cette mer immense, plus de deux millions de kilomètres carrés est un no man's land, facile à traverser pour peu qu'on dispose de bons bateaux bien fournis en marins. 

Ces migrants sont souvent le produit de guerres civiles ou autres menées à distance par l'Europe, en partie, pour se protéger du terrorisme. Plusieurs pays qui bordent au Sud la Méditerranée sont en piètre état, la Lybie la première. Depuis l'intervention militaire BHL-Sarkozy pour virer Khadafi le pays a été abandonné à lui-même, sans État réellement en place. Un paradis pour tous les trafics. Pour tous les trafiquants et donc tous les passeurs. En face de la Lybie, il y a l'Italie qui est donc la destination favorite des passeurs.

Ce trafic humain est ignoble, et largement ignoré. Il faut que des bateaux coulent avec des centaines de migrants pour que l'opinion publique s'en émeuve. Il faut que des bateaux poubelles soient envoyés par le fond non loin des côtes pour que les autorités locales soient obligées de sauver ces migrants de la noyade. Pour les mettre dans des camps et se demander quoi en faire ensuite. C'est une question plus sensible dans certaines régions que dans d'autres. Ici dans le sud-est de la France, la region Front National par excellence et en même temps la plus proche de la Méditerranée, les débats sont délicats et moins tranchés que dans la lointaine capitale française ou européenne. Cela pose deux questions au moins, donc.

Comment conjuguer la montée en puissance d'un discours isolationniste, contre tous les migrants, avec un discours d'aide aux autres ? L'Europe, et certains pays en particulier, refuse toute ouverture à ce quart-monde. Il y a par exemple la théorie franco-allemande de l'appel d'air : si on accueille certains migrants, il y en aura de plus en plus. La conséquence directe de cette théorie est de fermer toutes les frontières et la mer aussi pour refuser tout le monde, ce qui revient ipso facto à les condamner à mort. C'est un vrai piège abscons que celui qui amène de toutes façons a tuer ceux qui veulent venir chez vous. Même si les vrais criminels sont les passeurs et tous ceux qui engrangent des milliards d'euros en participant à cette chaîne d'esclavage qui ressemble trait pour trait à la traite négrière de sinistre mémoire. Prendre en otage la vie de ceux qu'on dit vouloir aider,,, il est certain que ceux qui profitent de ce trafic ré injectent l'argent ainsi obtenu dans d'autres trafics et terrorismes.

Ensuite, comment définir l'Europe ? Un continent ouvert aux migrations, même contrôlées, ou une île protégée par des remparts d'eau et de béton ? Les îliens - les habitants des îles - développent des mentalités particulières, souvent réticents à ceux qui viennent de la mer qui les entoure. La méfiance de l'envahisseur n'est jamais loin du sentiment de supériorité sur ceux qui sont obligés de vivre ailleurs. Les murailles de Chine d'Europe ont pourtant un problème quand la mer est si vaste et que les États qui la contrôlent sont si nombreux et si mal coordonnés. Aucune muraille ne peut résister longtemps à des envahisseurs. Sauf si derrière, pour la protéger, il y a une armée puissante et bien organisée, coordonnée. Vous vous souvenez de l'Union pour la Méditerranée, ce machin lancé en grande pompe et qui n'a jamais fonctionné ? Vous vous souvenez de ces protestations des pays du Nord de l'Europe qui ont voulu s'y associer de force car ils craignaient l'émergence d'une force sur les deux rives de la Méditerranée, au risque d'alourdir tellement le processus qu'il s'est paralysé. Très paradoxalement, au même moment, l'Europe du Nord se désintéresse de la Méditerranée et laisse l'Italie et les autres pays riverains se dépatouiller seuls, comme si cela ne les concernait plus.

Il y aura jeudi un sommet européen extraordinaire sur cette question. On y attend beaucoup d'hypocrisie et de belles déclarations. Rien de plus. Sauf miracle...

lundi 20 avril 2015

Saint-Raphaël : sans frite mais avec du sel

Quelques actualités de Saint-Raphaël, dans le Var, au bord de la Méditerranée.

Je passerai sur le fait qu'il fait beau, même si l'eau est encore un peu fraîche pour se baigner sauf quand on est norvégien. Je passerai sur les aventures politiques de la ville, voisine de son ennemie de toujours, Fréjus, tombée aux mains du FN qui a même fait de son maire un sénateur-maire. Ici l'UMP se maintient grâce à un maire bien implanté depuis longtemps. Je passerai sur le fait que la saison commence tout juste ici. On est encore dans les déballages et par exemple, sur la plage, seuls deux des trois restaurants sont ouverts et encore pas tout le temps. Une certaine paresse est toujours présente ici. Même en pleine saison, alors que les touristes se déversent sur la ville, les commerçants locaux font la sieste et ferment tôt, tout en râlant contre ces touristes qui vont acheter dans les zones commerciales loin du centre. C'est comme s'ils voulaient les lacets, les chaussures, la vendeuse et la boutique en même temps.

Pendant les fêtes de Noël, c'est une première ici, il y a eu une grande roue installée au bout du port, à côté de la plage (square Delayen). Une attraction rarissime dans cette ville paisible et très bourgeoise. Aujourd'hui en passant sur cette place, quelle n'a pas été ma surprise de ne plus voir ni la roue ni la frite ! A Saint-Raph, comme on dit, il y a ici depuis des lustres une sculpture bizarre sur cette place, théoriquement unie voile moderne, en métal et assez grande, juste devant la mer. Tout le monde l'appelle "La Frite" car elle ressemble vraiment à un bonbon Haribo ou à une frite industrielle, comme celles qu'on trouve au MacDo quelques mètres plus loin. Il s'agit d'un petit nom affectueux pour une sculpture que personne ne comprend vraiment.

Seulement, horreur, ils ont dû démonter la frite pour installer la roue. Et ils viennent d'enlever la roue !!! Il n'y a donc plus ni roue ni frite à Saint-Raph... L'horreur absolue !

La question qui se pose est évidemment celle-ci, avec son corollaire : la frite reviendra-t-elle, et quand ? Vous comprenez mon émotion j'espère. Lorsqu'un symbole disparaît, aussi moche soit-il, c'est quelque chose de profond qui change. Je ne sais pas comment me consoler. Je ne suis pas encore arrivé à savoir si la frite reviendra. Mais je vais enquêter, c'est trop grave.

En attendant, sous le choc, il n'y a que deux choses à faire : vous montrer une photo de la frite telle qu'elle était avant, et aller boire un pastis. J'y vais de ce pas, car il vaut mieux siffler un apéro que d'entendre siffler le train, disait Richard Anthony qui est décédé hier dans le Var justement.



Que ceux qui croient qu'il ne se passe jamais rien en Méditerranée se débouchent les yeux et les oreilles, et ne fassent pas comme les fonctionnaires européens qui laissent tous les jours mourir des réfugiés en mer, noyés dans l'eau et le sel, sans même une frite à manger.

dimanche 19 avril 2015

Du temps de cerveau pour... une nouvelle fois sans de neufs essedéheffes

Quel bol !

Vous ne devinerez jamais ce qui m’est arrivé ! Il n’y a pas que pour les riches que l’or tombe du ciel !

Je me présente. Albert, 49 ans, homme de la rue. Quand j’étais jeune on disait encore clodo. Maintenant on dit essedéheffe, sans domicile fixe. C’est moins bien je trouve. En plus c’est faux. J’ai un domicile moi ! Place Clichy même, au pied d’une des nombreuses banques du coin. Pas loin de Pigalle et de Montmartre, avec une grille chauffée, ce qui est bien pratique en hiver.

Justement, en hiver, on y est. Et un sacré hiver pour le coup. Avec leur réchauffement climatique, ils m’amusent. Qu’ils viennent ici en plein vent sans grille chauffée et on verra combien de temps ils restent, les fameux spécialistes ! Enfin, moi je dis ça, j’ai rien dit. Je n’ai pas fait d’études, mais la rue est une bonne école.

Tout aurait été bien sans deux problèmes simultanés, concomitants et liés. Ils font des travaux dans le quartier pour réparer le chauffage urbain, en plein hiver, tu crois ça, toi ? Alors ma grille est devenue froide. Et comme la grille chaude la plus proche est occupée par ce salaud de Marcel, j’ai dû me rapprocher de lui. Marcel pue. C’est pas bon pour mes narines et pour les affaires. Moi je joue de la musique - de l’harmonica - et plutôt bien. Ca me rapporte assez pour tenir, même en hiver. Mais Marcel, lui, il ne fait que mendier. Il m’a demandé un pourcentage sur mes recettes pour partager « sa » grille et en plus les passants font un détour. A cause de l’odeur.

Je commençais à me dire qu’il allait falloir que je déménage, quand j’ai vu mon portrait dans le journal. Je vous jure. C’était un dessin, pas une photo, mais c’était bien moi, juste un peu plus rasé et mieux coiffé. L’article disait qu’il s’agissait du portrait robot d’un truand qui avait dévalisé une banque à Paris, e qu’il était activement recherché car très dangereux. J’ai relu l’article trois fois. J’ai réfléchi et je suis allé faire quelques courses.

Oui les essedéheffes aussi font des courses, faut pas croire ! C’est juste qu’on n’a pas de quoi avoir un logement en général. J’ai commencé par aller voir Jules, square des Batignolles. Jules est toujours de bon conseil. Il était avocat avant la prison. Il m’a bien éclairé sur les peines encourues et les délais. Ca m’a coûté une bouteille de rouge, même pas étoilé, mais ça valait le coup. Ensuite je suis passé chez un fripier à Pigalle pour m’équiper de pied en cap comme un mec qui ne dort pas dans la rue. Ca m’a couté moins de dix euros pour une tenue complète. Enfin je suis allé chez Raoul, le meilleur rapport qualité-prix des coiffeurs à Paris. Je lui ai montré le dessin et il m’a fait plus ressemblant que le vrai, j’en suis sûr. Ca m’a coûté… Non, je ne vous dirai pas ce que ça m’a coûté, c’est trop privé.

Ensuite je suis revenu sur la place et je me suis mis devant Marcel. Il a dit « une petite pièce, monsieur ? » puis il a levé les yeux vers ma ceinture et a ajouté : « ou un billet, mon prince ? » et enfin il m’a regardé dans les yeux. Il a cillé et il a dit, d’une toute petite voix : « Albert ? »

J’ai souri. Mon costume faisait vraiment de l’effet. Marcel avait l’air vraiment surpris de me voir comme ça. Il a d’abord cru que j’avais gagné au loto, puis je lui ai expliqué mon plan. Il a regardé la photo et a souri. On a négocié un certain temps mais à la fin on est tombés d’accord. J’y ai laissé mon manteau en pure laine chinoise de Belleville quand même.

Ensuite Marcel est parti téléphoner et je me suis installé un peu plus loin avec mon harmonica. Les flics sont arrivés très vite, et en nombre. De plus en plus efficaces nos poulets. J’ai été très impressionné ! Ils m’ont embarqué vite fait. Marcel s’était bien gardé de revenir mais je savais qu’il observait la scène de loin pour la raconter aux copains.

Ils m’ont mis en cellule (chauffée) et j’ai attendu. Ils ont pris l’harmonica évidemment, mais ça allait. Je sais attendre. Il y a tellement d’histoires à se raconter dans sa propre tête… Puis il y a eu la garde à vue évidemment et ils m’ont pas mal asticoté. Mon idée initiale était de ne pas avouer évidemment - pas folle la guêpe - mais de nier avec mollesse pour me faire mettre en prison quelques semaines, en attendant une libération inéluctable et la fin des travaux de chauffage, ou au pire la fin de l’hiver. D’après Jules, mon cher avocat aviné, ça devait coller. 

Ca ne s’est pas passé comme ça. Je n’avais encore jamais été questionné par des pros et c’est pas rigolo. Je me suis mis à regretter cette bonne idée qui était devenue assez mauvaise en fait. En plus il fallait tout leur répéter à ces cons là. Ils ne voulaient pas croire que j’étais un SDF comme ils disaient sans prononcer le H. J’étais trop bien habillé pour eux. Je devais crècher quelque part. Et sur mes antécédents ils ne retrouvaient rien. Normal. Je n’ai jamais été fiché. Comme j’ai le teint un peu basané, à force de rester dans la rue, ils ont vérifié mes papiers plusieurs fois. Mais ils étaient vraiment très bien faits, je ne rigole pas là-dessus. Je me fournis toujours chez les meilleurs faiseurs de Barbès.

Ils ont étendu la garde à vue au maximum. A la fin j’ai un peu craqué, je dois l’avouer. J’ai donc avoué ce qu’ils voulaient. Ils ont souri comme de vrais carnassiers qu’ils étaient. Le passage devant le juge pour m’écrouer a été très rapide et je me suis retrouvé à Fresnes. Au moins, comme je suis considéré dangereux - il semble que le truand ait tiré et blessé un vigile - on m’a donné une cellule seul. Et chauffée !

Ca fait maintenant un mois que je suis ici. Le procès est pour la semaine prochaine. Procédure d’urgence qu’ils ont dit. Nickel. Ils m’ont même redonné mon harmonica et ensuite du papier à musique et un crayon. Ils trouvent que je joue bien. Je viens de terminer ma première symphonie pour harmonica et orchestre et j’ai entamé la deuxième. Bon, c’est vrai que la bouffe n’est pas terrible, mais au moins pendant ce temps je ne dépense rien et mon argent travaille tranquillement à la banque - juste derrière ma grille. En plus celui de la cellule d’à côté m’a fait signer un contrat pour jouer mon oeuvre en avant-première à New-York. C’est un producteur véreux mais connu. Un vrai coup de chance !


Maintenant, il ne reste plus qu’à espérer que le reste du plan fonctionne bien. Marcel et Raoul doivent venir témoigner au procès et raconter ma « transformation ». Normalement, je devrais être libéré dans la foulée. Normalement… Sauf si Marcel joue un plus fin. Il en est bien capable, ce con.

samedi 18 avril 2015

Vacances

Début aujourd'hui de deux semaines de vacances. Pour moi et ma petite famille.

Je sais, je sais, vous êtes jaloux, mais bon, chacun son tour. Quelques remarques.

D'abord je continuerai à bloguer chaque jour que François fait. Ce blog quotidien né le 6 mai 2012 n'a jamais connu d'interruption. Il n'y a pas de raison que ça commence. La seule chose que je ne garantis pas c'est l'heure où le billet du jour est publié. Ca peut être à 7 heures du matin quand je l'ai écrit d'avance. Ca peut être à 23h45 juste avant l'heure fatidique. Ou n'importe où entre les deux. Je vous dois ça, mes lecteurs. Je me le dois aussi. Je vous rappelle juste ce billet sur la raison d'être d'un blog quotidien, AMHA, à mon humble avis.

Ensuite, je vais au bord de la Méditerranée. A la fois en France donc et dans la région du Front National. Je vous promets que je ferai attention. Aujourd'hui d'ailleurs le FN a confirmé que la tête de liste pour les régionales en PACA serait l'autre Marion, la jeunette de 25 ans... L'autre Marion ? Oui, au cas où vous ne le sauriez pas Marine s'appelle en fait Marion. On est très mar(t)ial chez les Le Pen. Il y aura peut-être des choses à dire à ce sujet... on verra. Je ne vais pas vous gâcher vos vacances (ni les miennes) en parlant de ces affreux tout le temps, non mais !

Enfin, la Méditerranée ça donne envie de voyager. Alors un peu plus de légèreté peut-être pendant ces deux semaines, vers des contrées joyeuses, loin des lambris des palais républicains. Ah zut, on ne pourra plus dire républicains bientôt si la préemption par Sarkozy réussit. D'ailleurs il faudra trouver un signe à ce parti, notamment pour les tableaux et les enquêtes. Pas plus de 5 lettres (MoDem a été le plus long). Faudra-t-il les appeler LR au lieu de UMP ? Ou LRS comme les républicains de Sarko ? Ou LRD comme les Républicains de droite ? On verra. En attendant, la Droite, elle erre !

A l'heure où ce billet sera publié je serai dans le train. Un beau TGV avec un peu d'Alcatel de Nokia dedans. Un vrai plaisir ;) mais toujours pas de wifi dans les trains...


vendredi 17 avril 2015

Expliquer.

Bon, si on parlait un peu de philo ? Il est encore trop tôt pour le Bac et sa fameuse épreuve de philosophie tant redoutée, mais il n'est pas trop tôt pour d'autres épreuves, bien plus difficiles. L'image ci-dessous nous montre le sujet (d'hier) de la composition de philo pour entrer à Normale Sup cette année. Six heures.


Six heures et un mot "Expliquer". C'est un peu sec, vous pensez ? Quelques explications :

- Ce concours est réputé comme le plus difficile de France (et certainement l'un des plus difficiles au monde) et l'un de ses principes est de déstabiliser ceux qui peuvent l'être tout en étant hyper-sélectif, bien au-delà d'autres concours plus tournés sur des compétences existantes.
- Le sujet s'inscrit dans le thème de l'année, histoire de le replacer dans son contexte. Or le thème de cette année était la science. Ce qui permet d'expliquer un peu mieux le mot expliquer.
- La philosophie est un ensemble de méthodes à appliquer à tout un tas d'objet ou à elle-même, comme ici. La philosophie ne doit reculer devant rien.
- Souvent les sujets de philosophie comprennent plusieurs mots qu'il faut commenter séparément ainsi que l'articulation entre eux. Avec un seul mot il s'agit donc de l'articulation avec soi-même. Et a priori en y réfléchissant bien il n'y a pas de difficulté majeure à ce sujet.

Je vous vois soupirer. Vous préférez prendre un café au soleil que d'avoir à rester six heures devant une feuille à remplir sur ce sujet. Je vous comprends. Mais ce sujet est remarquable, vraiment et au delà des humours désabusés de celles et ceux qui ne savent pas comment s'en dépêtrer. Explique, point. Expliquer un point c'est tout.

Expliquer c'est un art difficile, surtout en sciences. Pour mémoire, la philosophie est considérée comme une science aussi. Expliquer ce n'est pas trouver des causes, simplement. Tous les scientifiques savent qu'on ne peut expliquer sur le fond que dans certaines conditions : montrer qu'une théorie antérieure est fausse car un fait vint la contredire, comme disait Popper par exemple. On se voit bien écrire des heures sur le sujet, non ?

Expliquer, en tous cas, est un mot avec plusieurs avantages : il met dans l'ombre les doctrines où on n'a pas besoin d'expliquer, mais juste d'accepter : les terrorismes, les religions, les dogmes décrétés ; il met en plus au défi d'expliquer avec un adverbe derrière : clairement (ce qui se comprend bien s'énonce bien), complètement (est-ce possible ?), hypothétiquement (sur la base de conjectures fulgurantes). Expliquer pose enfin des questions de type journalistique, sans parler de vulgarisation : expliquer quoi, à qui, par qui, comment, quand (merci à Galilée), où ?

Le mot expliquer a beaucoup disparu du langage des médias et des politiques. Alors, vive les philosophes ! Et à l'ère des tweets, vive les sujets courts.

PS : ce jeudi se tient aussi aux USA la plus importante convention de l'année autour de Star Wars. Sauront-ils "expliquer" la force et les midi-chloriens ?

PPS : Pour ceux qui se demandent en quoi une calculatrice pourrait être utile pendant une épreuve de philo, je vous donne quatre heures, cela devait suffire pour l'expliquer !

jeudi 16 avril 2015

Harcèlement sexiste et #plutôtsympa

Bizarre ce titre... et pourtant.

Pour ceux qui ont raté un épisode, il s’agit du harcèlement des femmes par les hommes, dans la rue ou dans les transports en commun principalement. Le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes vient de rendre un premier rapport/avis sur ce phénomène dans les transports (pdf ici).

Avec une conclusion imparable : 100% des femmes ont été harcelées ou pire victimes de violences sexuelles au moins une fois dans leur vie, beaucoup pendant qu’elles étaient mineures. Une réalité difficile à entendre et à comprendre pour les hommes qui ne veulent pas admettre de tels comportements.

Dans le même temps, une femme habituée de propos machistes contre les femmes, Sophie de Menthon,  s’est fendue d’un tweet dans lequel elle trouve que se faire siffler dans la rue est plutôt sympa... Ce qui a déclenché a contrario une campagne de tweets avec le hashtag #plutôtsympa pour justement dénoncer toutes les formes de harcèlement sexiste. Et non, je ne la harcèlerai pas en disant que cela ne doit plus lui arriver souvent...

C’est un sujet délicat à aborder sereinement. Suivant le moment où vous êtes, homme et femme, et suivant celles et ceux qui vous entourent, chacun va en parler de manière différente. Avec un grand sérieux docte, avec un militantisme énervé, avec un sourire narquois ou avec une violence assumée.


Un collectif, Stop Harcèlement de Rue, a intelligemment détourné une affiche de la RATP pour alerter sur cette question. Ils publient également des conseils de bon sens. A lire.

Evidemment, tous ceux qui ont été agressés ou témoins d’une agression - même d’un vol - savent que le coupable « professionnel » va toujours adopter la même attitude : insulter la victime en parlant très fort (mais pour qui elle se prend, la folle...) intimider en bougeant et partir en gueulant. La plupart des témoins n’ayant rien remarqué avant, ou n’ayant rien voulu remarquer c’est pareil, risquent alors de se ranger du côté de celui qui gueule le plus, l’agresseur. C’est un cas classique enseigné dans toutes les bonnes écoles de pickpockets et autres truands. Le problème n’est pas tant les « professionnels » mais le tout-venant, l’usager normal qui se croit plus fort que les autres... et qui aura du mal à supporter la honte du regard des autres après un tel esclandre.

Agir comment, alors ? Par une attitude de chacun à chaque instant, et je m’adresse plus particulièrement aux hommes, tentés par ça ou témoins ? Par des actions publiques portées par le gouvernement (et ses femmes ministres), et lesquelles ? Par l’humour, par le mépris, par le ridicule ? Par le théâtre dans Polyeucte, Acte I, scène 1 « Et le désir s’accroît quand l’effet se recule » ?

Certains essayent l’amalgame en assimilant ces pratiques de harcèlement à la drague classique qui avance ou pas selon un accord qui se forme progressivement entre les deux parties. Il y a pourtant une différence, mais pas toujours. Je me souviens d’avoir vu un reportage il y a quelques années à la télé sur « comment draguer à Paris aux beaux jours ? » Il y avait une interview d’un mec qui décrivait sa technique à une journaliste : il parcourait les Champs-Elysées et demandait à toutes les femmes seules « voulez-vous coucher avec moi ? ». La journaliste s’était émue et avait dit un truc du genre « Ah ben dis donc. Mais ça ne doit pas marcher votre technique ». Et le mec avait répondu « Détrompez-vous. Ca marche une fois sur cent. Ca me suffit ! »... Et ça avait scotché la journaliste. Il est pourtant clair qu’on était ici dans une technique de harcèlement, pas dans de la drague. Non ?

mercredi 15 avril 2015

François Finlande et l'Alsacienne de constructions atomiques, de télécommunications et d'électroniques

Nokia rachète donc Alcatel-Lucent. Le siège sera en Finlande et le groupe dirigé par des finlandais.
Cela nous laisse deux géants européens en Europe, un en Finlande et l'autre en Suède (Ericsson), pour essayer de contrer les géants asiatiques et américains. C'est donc une grande victoire pour la France tout court. Et l'Europe... Il est vrai que dans la liste des pays membres de l'Union européenne, la France est entre la Finlande et... la Grèce.

Alcatel a eu une vie agitée, à coups de rachats, de fusions, de plans sociaux et d'errements stratégiques. Nationalisée en 1983 par un autre François dans le cadre de la CGE, Alcatel s'appelait à l'origine l'Alsacienne de constructions atomiques, de télécommunications et d'électroniques. C'est l'époque des fusions pour les régions et aussi les multinationales. L'Alsace aussi.

La France perd donc définitivement l'un de ses fleurons, même si plusieurs milliers de salariés y travaillent, notamment dans des centres de recherche. C'est d'une logique imparable : la recherche en France, les brevets en Finlande et les usines ailleurs. C'est ce qu'on appelle une grande vision industrielle stratégique, pour un pays - la France - qui n'a plus les moyens de ses ambitions passées et qui essaye quand même de faire croire qu'elle peut développer sur son territoire des géants internationaux.

Quand on parle de la France numérique et de ses startups (destinées à grossir ou à se faire racheter par des grands groupes) on imagine un avenir doré. La signature de pas mal des acteurs du numérique contre la loi sur le renseignement - dont on a parlé lundi - est révélatrice d'un malaise entre industriels, fournisseurs de services et Etat, dans des dossiers pourtant stratégiques pour l'avenir. Un environnement favorable eu développement, c'est une alchimie délicate et en perpétuel déséquilibre. Un environnement qui ne se décrète pas, mais qui se courait par touches. Ou se déconstruit.

On saluera donc cette grande victoire du court terme sur le long terme : Le gouvernement s'intéresse plus à la protection de quelques milliers d'emplois en France qu'à un aménagement du territoire et de l'environnement numérique. Est-il au courant que le nouveau Nokia a déjà annoncé plus de 900 millions d'euros d'économies grâce aux synergies ? Vous avez dit synergies ? on pourrait dire économies d'échelles, restructurations, ajustements structurels, consolidation, licenciements, restructurations. Chez l'intrus dans l'énumération précédente...




mardi 14 avril 2015

Paris calculés

Grande semaine pour Paris (et je ne parle pas de le récupération pour ceux qui ont couru son marathon dimanche).

Lundi, Anne Hidalgo a emporté avec une majorité écrasante le vote pour que Paris soit candidate aux JO de 2024. Ces JO sont promis à l'Europe et il y aura une belle bataille avec les allemands et les italiens au moins. Décision en 2017. Le gouvernement soutient et la communauté sportive aussi, derrière M. Lapasset. Après 2012 et le vol du bourdon anglais, c'est une affaire à suivre, surtout dans les détails : quel aménagements, où sera la grande piscine, etc. On remarquera juste une question de leadership. Alors que le projet 2012 était porté par la ville et son maire, le projet 2024 sera a priori porté par le mouvement sportif - avec le soutien de la ville. Anne Hidalgo appréciera... Mais on est ici dans un jeu préparatoire de chaises musicales. Ce qui compte c'est d'avoir des voix fortes et un bon lobbying arrière.

Une des raisons pour lesquelles Paris n'a pas eu les JO de 2012 : la piste était trop longue

La candidature de Paris pour la grande exposition universelle de 2025 est également confirmée chaque jour. Plus personne n'est gêné par la presque concomitance des deux projets. Au contraire, ils se renforcent l'un l'autre, histoire de donner un coup de fouet à la région. Construire de l'éphémère, le recycler pour d'autres événements ou le transformer en élément durable du paysage urbain, c'est un sacré problème.

Aujourd'hui en plus, le premier ministre, également très présent dans la région - à partir d'Evry - a annoncé les mesures arbitrées pour le Grand Paris. Quelques nouvelles mesures, en plus de celles dévoilées depuis des mois, et avant les grandes tractations au sein de la région (qui risque de changer de main en décembre lors des élections régionales prévues les 6 et 13. Parmi ces nouvelles mesures, l'annonce du renforcement des autoroutes dans la région, en plus des mesures connues sur les transports collectifs. Ca va plaire aux Verts ça ! C'est aussi reconnaître que la voiture est incontournable, tant qu'il y a du carburant pour les faire avancer.

Paris vu comme un moteur de la croissance et de l'emploi, dans le bâtiment et les services autour donc. Sachant qu'il n'y aura bientôt plus que 13 capitales régionales en France et que les batailles sont rudes en Normandie ou en Midi-Pyrénées par exemple, c'est un exemple à suivre pour les nouvelles régions, histoire d'attirer des partenaires frontaliers plus importants.

Heureusement pendant ce temps, certains continuent à s'occuper de choses essentielles. Sarkozy s'occupe de remplacer UMP par "Les Républicains", histoire de faire oublier Bygmalion. Un coup qui a déjà marché par le passé. Les français seront-ils encore aussi cons, ou ont-ils appris quelque chose ? Pourquoi ne pas appeler son parti les RépuByglicains ? ou simplement LR, comme une ligue républicaine dans les années 20 ? Il ne peut pas choisir l'éléphant comme symbole, ça ferait trop américain et les socialistes ont préempté le symbole... Au FN c'est plus simple, bientôt il y aura le parti Bleu Marine, le parti Bleu Marion et le parti Bleu Jean-Marie, en attendant la génération suivante et en espérant que cela soit aussi des filles.

lundi 13 avril 2015

Loi sur le renseignement : Derrière chaque français, deux ordinateurs et un vigile

Semaine clé pour contre la liberté en France, avec le début des débats sur la "Loi sur le renseignement", proposée par les socialistes avec l'appui de tous les autres partis - UMP et FN.

Disons-le tout de suite, il s'agit d'une des lois les plus liberticides en France ! Ici, on est contre cette loi, comme la plupart des organisations qui connaissent le monde du numérique et ses dangers, ou qui défendent simplement des droits de l'Homme et du citoyen et de la personne qui téléphone, surfe ou écrit simplement un texte sur un clavier. On citera parmi les opposants à cette loi des noms comme la Quadrature du net, Gandi, le Syndicat de la Magistrature, Amnesty International, la CGT Police, La commission nationale consultative des droits de l’homme, l’Ordre des avocats de Paris, l’Union Syndicat des magistrats, Renaissance numérique, l’AFDEL, le Syntec Numérique, Human Rights Watch, la Commission du numérique, Charlie Hebdo (qui sert pourtant de contre-exemple dans les attendus de la loi). Vous pouvez y ajouter des grands fournisseurs d'accès et de services qui menacent même de quitter la France à cette occasion.

Manif aujourd'hui : 12h30 Assemblée nationale mais peu de monde attendu.

Il faut toujours un ennemi, ici c'est le terrorisme, pour justifier, ou essayer de justifier la perte de libertés. Comme disait Benjamin Franklin il y a longtemps et dans un autre contexte "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux". Le député rapporteur de la loi n'y va pas par quatre chemins, en expliquant que cette loi permet "une surveillance limitée à quelques individus qui présentent une menace avérée au regard de motivations sérieuses". Il critique donc ceux qui dénoncent une loi qui va beaucoup plus loin, beaucoup trop loin.

Il y a deux sortes de lois liberticides : celles qui sont décrétées par un gouvernement autoritaire (quel que soit son bord) pour écouter ses citoyens et réprimer les opposants ; celles qui sont prises pour de bonnes raisons à un moment donné (la sécurité ou le terrorisme) mais qui sont utilisées plus tard - par un autre gouvernement - pour des motifs qui ressemblent au premier cas ci-dessus. Mais dans les deux cas, ce sont des lois liberticides et qui vident à légaliser les pratiques illégales d'écoute et de renseignement. A force de légaliser l'illégal au bénéfice des forces de police, on se retrouve dans un Etat policier...

Il parait que ce combat n'intéresse que peu les français, qui sont contents d'une meilleure sécurité, dans un climat général de droitisation de la société. Les opposants sont accusés d'être des geeks et des spécialistes, sur un sujet trop technique. Prenons alors un exemple de dispositif interdit aujourd'hui, sauf mandat d'un juge, et qui sera utilisable légalement demain dès qu'un vague soupçon pèse sur n'importe qui : Les fameuses valises "IMSI-Catcher" qui permettent, à partir d'une simple mallette d'homme d'affaires, d'écouter toutes les conversations et communications dans un rayon de 500 mètres (qui sera forcément étendu dans les années à venir à plusieurs kilomètres avec les avancées de la technologie. Vous voulez participer à une manif et ne voulez pas que la police le sache ? Eteignez votre téléphone ou détectez si vous êtes dans une zone écoutée... C'est juste un petit exemple parlant (et écoutant).

Techniquement, celle loi est évidemment inopérante puisque les organisations réellement dangereuses sauront mettre n place des méthodes pour empêcher ces contrôles. Mais pas les citoyens de base, ni les apprentis terroristes ni les apprentis hommes politiques.

A vous de voir. Ou de ne pas voir. Ou d'être vu. Ou de ne pas être vu...



dimanche 12 avril 2015

Du temps de cerveau pour... une nouvelle fois sans tes dix-huit mètres

- Madame la juge, comme vous pouvez le voir sur cette image, tout s’explique, déclara Xyla.


La juge regarda Xyla. Il était tard et cette affaire était la dernière de la journée. Il était difficile de garder sa concentration après tant de dossiers aussi différents. Heureusement tout ici avait l’air limpide et les informations se recoupaient. En plus, la femme jugée semblait très coopérative.  Il n’y avait pas d’avocat. Il n’y en avait jamais pour de banales histoires de circulation. Les débats seraient expédiés plus vite, se dit la juge en fixant Xyla dans les yeux. Mais il y avait quand même une procédure à suivre et la juge était très respectueuse des formes. Elle attaqua donc son interrogatoire : « A quel moment précis à été prise cette image, Xyla ? »

- La photo a été prise juste avant, répondit Xyla. C’est une image automatique prise au moment exact où il franchit la limite, comme toujours en ce cas.

- Et à quelle distance fixez-vous votre limite ?

- Dix-huit mètres, répondit Xyla. Depuis toujours. Je trouve que c’est un joli nombre et cela convient parfaitement à la taille de mon habitat. D’ailleurs sur la photo, on voit bien qu’il commence à tourner la tête vers la gauche en arrière. Il est évidemment bien conscient qu’il vient de franchir la limite.

- Effectivement. Et que faisiez-vous à ce moment là ?

- Que faisais-je, madame la juge ? J’ai peur de ne pas bien comprendre. Je suis sur la photo, ici, au premier plan. Il est très clair que je suis occupée, répondit d’un air surpris Xyla.

- Oui, oui, évidemment, mais que faisiez-vous exactement ?

- Ah ! Excusez-moi, je n’avais pas compris, dit Xyla d’un air soulagé. Comme vous le voyez je possède un véhicule moderne à deux places et il était tombé en panne. Je le réparais simplement.

- C’est bien le modèle décapo-table de cette année que je vois là ? demanda la juge avec un petit sourire. Un modèle très à la mode, non ?

- Oui, madame, c’est le dernier modèle de chez Xylautomobiles, et je le possède depuis plusieurs mois. Il est extraordinaire. Ses performances sont remarquables et il a une esthétique rétro absolument unique.

- Mais les Xylautomobiles ne tombent plus jamais en panne de nos jours, demanda insidieusement la juge. Et surtout pas pendant les premiers mois. Racontez-moi ce qui s’est passé.

- Ah, madame la juge, je le pensais aussi, avant ce jour. Mais la panne est bel et bien arrivée. Comme vous le voyez j’avais choisi le modèle à deux sièges et avec une décoration soignée. Le réservoir à grains d’énergie était plein – on le voit bien au centre de la table – et tout allait bien. La route était belle et bordée de charmantes images de maisons anciennes. Depuis le matin, il était un peu agité et il buvait beaucoup de vin, mais ça me tenait compagnie, vous savez comme ils sont, dit-elle en faisant un clin d’œil.

- Continuez, dit la juge, amusée.

- Je lui ai demandé de rajouter un grain d’énergie dans le tube et il s’est trompé. Il en a mis deux avec un peu d’eau pour faire bonne mesure. Je croyais que nos véhicules étaient protégés contre ce type de manipulation, mais il faut croire que non. Le moteur s’est arrêté instantanément. J’ai même failli être décoiffée.

- Et ensuite, Xyla ?

- J’ai évidemment commencé à l’engueuler, mais cela ne sert jamais à rien avec eux. Ensuite je me suis ressaisie et je l’ai frappé, mais il n’a pas réagi. Je l’ai enfin fait sortir de table en lui demandant de ne plus toucher à rien. Puis je me suis glissée sous la table pour voir si je pouvais réparer quelque chose.

- Vous avez des connaissances en hypermécanique ?

- Un peu, madame la juge. On n’est pas l’héritière d’une famille de constructeurs automobiles sans avoir quelques connaissances. J’ai d’ailleurs tout de suite repéré la cause du problème. Le moteur principal avait un tuyau bouché avec une petite fuite. On en voit d’ailleurs nettement les conséquences sur la photo avec toutes ces horribles taches de graisse sur ma robe.

- Oui en effet, répondit la juge en examinant la photo. Et vous avez pu réparer ?

- J’étais en train de terminer de reboucher la fuite quand l’accident s’est produit.

- Ah. Racontez-moi ce que vous avez vu de l’accident, s’il vous plait.

- L’accident ? Mais je n’ai rien vu, Madame la juge. J’étais focalisée sur les entrailles de la table sous la nappe et je n’avais pas de raison de regarder dehors. Je savais qu’il n’était pas loin. Moins de dix-huit mètres naturellement.

- N’avez-vous rien entendu ?

- Ah si, Madame, j’ai entendu le petit carillon indiquant qu’il venait de quitter la zone permise et toute de suite après, avant d’avoir pu réagir, j’ai entendu le choc. Un choc terrible.

Xyla s’arrêta un instant. Elle venait de revivre ce pénible moment. Cela s’entendait. La juge comprit qu’il ne fallait pas pousser trop loin l’interrogatoire. Après tout il n’y avait pas eu de blessée et juste un homme mort. De plus sur la photo, on distinguait très nettement l’autre véhicule arrivant en face, avec sa conductrice debout sous son alcôve de verdure. Un bolide de course, déjà ancien mais très rapide. La juge estimait qu’entre le moment de la photo et celui du choc, il n’avait pas pu se passer plus d’une seconde. L’homme n’avait eu aucune chance. Surtout qu’il ne regardait plus devant.

- Je vois que vous aviez pris la précaution de garer votre véhicule au bord de la route, demanda la juge d’un air détaché.

- Oui Madame. C’est une précaution élémentaire, surtout avec ces bolides de course qui sillonnent les routes, répondit Xyla.

- Mais pourquoi, alors, l’avoir laissé, lui, errer sur la route ? demanda la juge sur un ton soudain très sérieux.

- Pardon ? dit Xyla en relevant les sourcils

- Oui, pourquoi l’avoir laissé là, au risque de créer un accident ? Sans surveillance ?

- Mais Madame ? Il était parfaitement conscient de ses limites et de ses devoirs. De plus toutes mes caméras étaient fonctionnelles comme l’ont montré les expertises. Il n’aurait pas dû rester au milieu de la route ! répondit Xyla indignée.

- Pourtant, il y était, non ? insista la juge.

- Oui Madame, répondit d’un air penaud Xyla. Je ne comprends pas pourquoi. Peut-être a-t-il eu un dysfonctionnement ?

La juge laissa planer quelques secondes puis elle reprit : « Merci Xyla. Mon interrogatoire est terminé et ma décision prise. Il n’y a en effet pas de drame dans cette affaire. L’autre conductrice n’a souffert d’aucune blessure et son véhicule d’aucun dommage. Les robots de service ont nettoyé toutes les traces. Je ne vois donc aucune raison de vous condamner. Vous êtes libre. Faites plus attention dorénavant ».

- Oui, merci Madame la juge, répondit Xyla. Elle était à la fois satisfaite de cette décision conforme à la loi et à l’usage, et soulagée par cette issue dont elle n’avait pas été certaine au début. Elle sortit de la salle, vaguement inquiète de ces sentiments contradictoires. Elle décida qu’il faudrait être plus prudente la prochaine fois.

La juge se leva. Elle continuait à penser que cette automobile était bien belle. Dommage qu’elle n’ait pas les moyens de se l’offrir. Celle-ci, se dit-elle en pensant à Xyla, elle a toutes les chances du monde. La juge était en effet convaincue que la première chose que Xyla allait faire en sortant d’ici c’était d’aller s’acheter un autre homme et de faire une balade en voiture avec lui. C’était la pleine période des soldes et on trouvait des hommes à tous les prix.

D’ailleurs, elle-même, peut-être pourrait-elle s’en offrir un de plus ?