L'Himalaya d'un côté, le point le plus haut de la planète.
Le Vanuatu de l'autre, l'un des points les plus bas de cette même planète où nous vivons pourtant tous.
Le tremblement de terre au Népal remue beaucoup de consciences et agite plein d'acteurs. C'est bien. Katmandou dévastée c'est une surprise pour beaucoup de gens qui croient que la pureté des montagnes les préserve de tout. Les sismologues attendaient et attendent encore d'autres tremblements de terre dans cette region qui a été créé lorsque l'Inde a percuté l'Asie après s'être détachée de l'Afrique. C'était il y a longtemps, mais la zone de contact continue à bouger et craque de temps en temps. De plus, Katmandou qui a fait rêver des générations de hippies est devenue un dépotoir international depuis des années, avec un tourisme incontrôlable, une hygiène inadaptée, un aéroport anémique et un habitat bidonvillesque. Un terrain rêvé pour n'importe quel séisme. Les Chinois ne s'y trompent pas et proposent leur aide internationale au Népal - juste de l'autre côté de la frontière naturelle avec le Tibet chinois, ben tiens. Les médias nous parlent plus des quelques centaines d'alpinistes coincés par des avalanches au camp de base au pied des plus hautes montagnes, un village temporaire et permanent qui sert de point de ralliement pour les fanas de pure montagne qui découvrent des chemins couverts de détritus et des sherpas tenus en esclavage.
Il y avait en effet plein de gens médiatisables au Népal, en pleines vacances de printemps pour les français. Il y a plusieurs centaines de français répertoriés là-bas, dans ce coin réputé pour ses montagnes et son herbe à yacks. Émoi donc, et émoi naturel. Pensées pour les milliers de victimes.
Il y a une cinquantaine de jours seulement, un cyclone détruisait le Vanuatu, un archipel situé si bas sur l'océan Pacifique qu'il est l'un des premiers à être touché par le réchauffement climatique, juste derrière le Tuvalu que les experts s'attendent même à voir disparaître d'ici quelques décennies, sous les eaux. Cette catastrophe a fait peu de morts, beaucoup moins qu'au Népal, d'un ou deux ordres de grandeur, mais le Vanuatu est détruit profondément et cela prendra des années pour le reconstruire : routes, infrastructures, bâtiments, plantations, cuves à eau potable dans une zone où il y en a très peu... Même le paysage a changé et il faut redessiner les cartes des contours des îles. L'aide internationale d'urgence est toujours là, heureusement, mais le relais sera-t-il pris par une aide structurante de moyen et long terme ?
Le fait qu'il y ait eu peu de morts au Vanuatu pose un problème médiatique d'ailleurs. La raison en est simple : le Vanuatu était prêt et les populations se sont réfugiées dans des abris prévus pour ça à l'avance, traditionnels ou pas. Au Népal, comme en Haïti il y a quelques années, rien n'était prévu, puisqu'il n'y a pas de vrai gouvernement. Et la multiplication des touristes n'a pas facilitée les choses. Il y a peu de touristes au Vanuatu.
Rien ne sert d'opposer les catastrophes naturelles les unes aux autres. Elles sont là, même si certaines causes sont en partie humaines pour celles liées au changement climatique. Mais il est fondamental de ne pas se laisser emporter uniquement par l'urgence. Quand il y a crise, il faut la traiter, c'est l'urgence. Je ne parle ici que des crises naturelles évidemment. Il y a une avant-crise, qui consiste à se préparer ou non à une crise dans une zone à risques. C'est souvent la responsabilité des politiques locaux. Il y a une après-crise, une sortie de crise, qui prend souvent énormément de temps et qui est l'affaire de l'aide internationale de fond.
On peut d'ores et déjà parier que l'aide de moyen terme au Népal sera efficace. Celle pour le Vanuatu est déjà en baisse alors que la crise d'urgence n'est même pas terminée, dans une indifférence assez générale, même chez les fameux acteurs de l'aide internationale.
L'Homme a des hauts et des bas. C'est bien dommage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire