lundi 27 avril 2015

Dépenser moins ou dépenser plus ? Dépenser mieux peut-être ?

Petit débat économique et financier aujourd'hui.

L'inflation est en baisse en France. Pour les consommateurs cela veut dire que les prix augmentent moins, ou même baissent dans certains secteurs. Pour les entreprises, surtout celles qui exportent et qui raisonnent en fonction du yoyo dollar-euro, ça peut faire plus ou moins de recettes ou de possibilités d'investissement. Pour l'Etat (n'importe quel État en fait, mais ici on parle de la France) moins de dépenses des autres implique moins de recettes fiscales (TVA notamment), d'où la nécessité de trouver d'autres recettes pour contrebalancer ces baisses. Et comme François a dit que les impôts n'augmenteraient plus en 2016  - because élections of course - il faut réduire encore plus les dépenses, par rapport à ce qui avait été prévu.

Les dépenses de l'Etat devront donc baisser plus en 2016 et les lettres de cadrage qui sont parties dans les ministères comme chaque année avec le muguet sont donc plus salées qu'attendues. La plupart des ministères devront trouver 1% d'économies en masse salariale et 3% pour les autres dépenses : fonctionnement, subventions à distribuer principalement. C'est un peu la douche froide pour tous les ministres qui croyaient ce qu'on leur avait dit. Et comme il n'y a toujours pas eu de remaniement, la leçon est amère. Du côté de toutes les structures étatiques et para-étatiques il faut s'attendre à des baisses en 2016. Ça va être la foire d'empoigne comme d'habitude et seuls ceux qui se défendront bien arriveront à sauver tous leurs meubles. Les autres y laisseront au mieux quelques bibelots et au pire des bijoux de famille.

Pourtant augmenter les salaires n'est pas toujours mauvais pour une institution. Vous avez certainement suivi l'histoire de cette compagnie américaine dont le patron a lu une étude sur le niveau de bonheur des salariés en fonction du salaire. Il a decidė d'augmenter tout le monde pour atteindre ce niveau optimal (70 000 $ par an brut) et de baisser en contrepartie son salaire de quelques millions de dollars à presque rien. Rassurez-vous, il a des parts. Mais depuis les quelques mois où cette mesure inédite à été prise, ne voilà-t-y pas que de nombreux clients supplémentaires sont venus à cette entreprise,  parce qu'ils trouvent ça bien mais aussi parce que les employés sont nettement plus motivés qu'avant. Bon c'est juste une histoire comme ça, rien de plus, rassurez-vous Monsieur Gattaz ;)

Les économies réalisées par l'Etat toucheront donc tout un tas de structures publiques. L'INA aussi forcément. L'INA qui n'est plus très armée depuis le dernier scandale en date : sa patronne dépense des sommes importantes en taxi - vraiment importantes puisqu'on parle de dizaines de milliers d'euros. 100 euros par jour pendant 10 mois au moins. De cette toute petite histoire, on peut tirer plusieurs conclusions, sans ordre d'importance :

- la compagnie G7 facture ses abonnements professionnels VIP vraiment très cher, presque 7000 € par an pour une personne, tout ça pour que ces très chers VIP n'attendent pas trop longtemps leur taxi de luxe.
- être patron et avoir une voiture de fonction avec chauffeur n'empêche pas de prendre des taxis, car on ne peut quand même pas faire travailler ces pauvres chauffeurs plus de 15 heures par jour, non ?
- être patron de ce niveau et ne pas avoir son permis de conduire est visiblement autorisé. A moins que le permis ait été suspendu ou retiré. On ne parle évidemment pas des transports en commun, ce serait une injure pour un haut fonctionnaire.
- être haut fonctionnaire dans un poste élevé dans la hiérarchie des palais de la République, même lorsqu'ils sont en banlieue, comporte tout un tas d'avantages acceptés très largement par d'autres hauts fonctionnaires, ceux par exemple qui peuplent les conseils d'administration de ces institutions. On en connaît qui trouve cela très naturel sans aucun recul sur leur propre organisation. Cela permet de mélanger allègrement, comme dans ce cas, les dépenses privées et professionnelles, sans contrôle.
- donner son code privé à son fils pour qu'il prenne le taxi quand il veut est toléré et courant. Si vous êtes pris contentez-vous de rembourser. C'est la technique bien connue du pas vu, pas pris et de toutes façons je ne risque rien. Par exemple : je te tue, je suis pris, je m'excuse et je continue comme avant. Ah zut, il y a la justice !?!
- considérer que ce sont des pratiques acceptées, même des droits acquis, parce que c'était comme cela avant, sans se poser de question éthique, politique ou même de bon sens, dénote un sens rare de l'impunité. D'ailleurs la patronne de l'INA a succédé au patron de France Radio qui a été accusé - à tort semble-t-il - de dépenses somptuaires dans son bureau à la Maison de la Radio.
- c'est la question du contrôle qui est posée. Car en l'absence de contrôle les abus sont forcément possibles, sauf avec des personnes dotées d'une forte éthique personnelle. Il y en a heureusement. Mais quand les contrôles ne sont pas institutionnalisés ou se font entre hauts fonctionnaires, il ne reste pas beaucoup de possibilités pour dénoncer des abus : des lettres anonymes venues de concurrents, de salariés excédés ou d'autres petits personnels au courant des détournements ; des électeurs et des médias lorsqu'on a en face de soi des personnes publiques et principalement politiques, ce qui n'est pas le cas dans cette affaire. Un ministre aura déjà démissionné, pas un haut fonctionnaire, voyons !
- finalement, ceux qui critiquent de telles attitudes immorales sont souvent dénoncés eux-mêmes : ce sont des aigris, des démagogues, des journal eux à la recherche du sensationnel ou pire des suppôts du FN déguisés en citoyens. Comme s'il était impossible de simplement dénoncer des comportements et de proposer des réformes de la haute administration.

Pendant ce temps, la France négocie son déficit avec la Commission Européenne et donne des leçons de morale un peu partout dans le monde.


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