vendredi 28 février 2014

Ich bin ein berliner

Sarkozy était aujourd’hui à Berlin avec Angela.

Pas comme il y a 50 ans lorsque JFK disait cette phrase à Berlin aussi, en plein guerre froide et alors qu’Angela était de l’autre côté, à l’Est, jeune pionnière de moins de 10 ans.


Sarkozy continue son retour. Cette fois il rencontre, à titre privé évidemment car il ne peut pas faire plus pour le moment, Angela Merkel. Il en a profité pour dire du mal de tout le monde sauf de lui : de l’Union européenne, beaucoup, et de François, un peu.

L’Europe selon Sarkozy doit être à deux vitesses : les riches et les pauvres. Et l’Europe des riches doit être taillée pour eux, c’est à dire être simplement une Europe des marchés, surtout pas des régulations et des taxes. Juste un grands marché libre. Discours connu, mais qui semble durci par rapport à ses discours lorsqu’il était président. Ca promet pour sa future campagne.

Il n’est pas encore revenu d'ailleurs, hein ? La preuve ? Il a toujours sa barbe de trois jours comme Gainsbarre (Pardon Gainsbourg pour la comparaison). Lorsqu’il aura décidé d’annoncer publiquement son retour, je parie qu’il sera rasé de près… puisqu’il pense à se présenter en se regardant dans le miroir, le matin, disait-il.

A propos de son ancienne campagne d’ailleurs, celle ratée de 2012, son ami Copé n’en finit plus d’essayer de démentir les accusations de détournement de fonds ou d’autres vilénies comme des surfacturations proférées évidemment par un journal qui ne l’aime pas (quelques détails ici). Le problème est qu’il y a au moins un député UMP qui dit la même chose. Et dire que Copé avait lancé la fameuse souscription pour payer les frais de l’échec de Sarkozy ! Et dire qu’ils devront recommencer cette année, car le trou financier est toujours aussi grand à l’UMP ! Tout ceci a fait les belles Unes des journaux cette semaine.



jeudi 27 février 2014

Dos au mur - Simféropol

Ce n'est pas le nouveau nom de la station de métro parisienne Réaumur - Sébastopol, mais peut-être celui d'une nouvelle guerre de Crimée. On croit même Ianoukovitch réfugié à ... Sébastopol, au bord de cette province ukrainienne pro-russe depuis toujours, dont la capitale administrative est Simféropol. 

La situation n'est pas la même que pour la première guerre de Crimée. A l'époque, il y a 160 ans, l'empire russe défendait cette presqu'île contre une coalition turco-européenne, et elle a perdu cette partie de l'empire qu'on appelait "Nouvelle Russie"... Ça ne vous dit rien ? Beau symbole qui fait comprendre que Poutine n'abandonnera pas. Il suffit de regarder cette carte, car l'histoire a un poids. L'Ukraine est en beige, la Crimée en rouge et la Russie en gris à l'est. De là à vouloir regagner cette région qui n'est vraiment qu'à quelques encablures de la Russie et transformer sa capitale en Poutinopol, il n'y a qu'un pas.

Les russes ont donc entamé des manœuvres militaires, sur terre et sur mer. N'oublions pas qu'il s'agit ici du point d'entrée de la Russie sur la Méditerranée. Au moment où le reste de l'Ukraine semble se rapprocher de l'Europe et s'éloigner de la Russie, la Crimée, et d'autres régions à l'est du pays sont résolument contre ce mouvement. Il va y avoir des élections bientôt normalement, et les résultats ne sont pas décidés d'avance, car le pays est partagé. La Crimée, elle, n'est pas partagée, elle est russophone et pro-russe résolument. Son accès est facile à bloquer. Pour le moment l'armée ukrainienne est muette, la grande muette comme on dit chez nous. Certains médias disent que les bâtiments officiels ont été occupés aujourd'hui par des hommes armés pro-russes... Mais toute la Crimée est pro-russe !

Obama a annoncé garantir un prêt à l'Ukraine (un milliard de dollars pour commencer). A quand une nouvelle rencontre entre Obama et Poutine, par exemple dans une jolie petite station balnéaire qui porte le nom de Yalta ?

L'Ukraine n'a pas fini de faire parler d'elle. Heureusement que les JO sont terminés, Il ne reste que les Jeux Paralympiques, mais tout le monde a l'air de s'en foutre. Les russes ont été accusés de faire respirer du xénon à leurs athlètes. Ce n'est pas du tout interdit. C'est juste un moyen de stimuler l'EPO naturelle chez les humains. Ont-ils prévus des vaporisateurs de xénon pour les militaires aussi ? On notera deux choses :

- le mot grec à l'origine du xénon veut dire étranger et on le retrouve évidemment dans xénophobie.

- le philosophe grec Xénon d'Elée (ou Zénon) est celui qui a produit le paradoxe d'Achille et de la tortue : Achille ne peut rattraper la tortue malgré le fait qu'il courre beaucoup plus vite, car à chaque fois qu'il a fait la moitié du chemin qui le sépare de la tortue, Achille doit encore faire l'autre moitié. Entre Russie, Ukraine et occidentaux, qui est Achille, celui qui rattrape la tortue, l'étranger, en se foutant des paradoxes ?

mercredi 26 février 2014

Photos burundaises

 

Quelques photos de Bujumbura, dont j'ai parlé ici hier et avant-hier. A déguster sans modération.

Un café éthiopien, en route, via Addis Abeba, que les anglophones écrivent Ababa et que les éthiopiens prononcent Abeba. Pourquoi en France on dit Abéba alors ?

La fameuse vue de la terrasse de l'ambassadeur. Sans brume, on voit très bien les montagnes congolaises
Aucun rapport avec l'ambassadeur, juste la bière locale (ancienne colonie belge, hein !)
Des rues de Bujumbura, variées avec même un ancien président au milieu
Pour les initiés ;)
Ah oui, la brasserie principale...
Et un crocodile pour terminer sur la capitale... J'ai coupé le haut du verre de vin.
Visite à une petite réserve en limite de Bujumbura, oiseaux et hippopotames, cherchez les bien en agrandissant les photos.
Oui, ici
Deux arbres à nids ci-dessus
Des vaches ? Oui, c'est normal, c'est une route.
Ici aussi
Au revoir ...
 

mardi 25 février 2014

Que la France est loin...

... Vue de Bujumbura, comme hier. Le rythme ici est tranquille et les micro-actualités françaises ne font pas la Une, ni les belges d'ailleurs bien que le Burundi soit une ancienne colonie belge.

Quelques flashs au hasard :

Le lac Tanganyka, un des plus longs au monde, est un lac si grand et encaissé au milieu de collines, qu'il y a des tempêtes dessus et que le vent peut souffler fort de temps en temps dans une sorte de phénomène micro climatique que personne ne comprend bien. Je parlais de la colonisation belge (genre Tintin au Congo) pas de la coopération suisse, hein ? Y'a pas le feu au lac !

Les crocodiles y sont moins nombreux maintenant visiblement, mais les hippopotames sont toujours là. Il semble que les hippos soient des animaux grégaires qui ont un territoire et qui s'en éloignent peu. Une petite balade en pirogue au milieu d'eux ? Euh... C'est peut-être pourquoi il n'y a que 2 clubs nautiques ici et pas très actifs. Il y a un golf quand même...

Les rues de Bujumbura sont propres et assez différentes de beaucoup de capitales africaines. Il faut dire que c'est un petit pays et que seulement 10% des habitants habitent la capitale. C'est un pays rural où il y a beaucoup de paysans qui travaillent très près de la terre, à l'ancienne, sur de très petites exploitations.

Certaines des rues du centre sont pavées, avec des petits pavés parisiens cubiques. En fait il s'agit d'un projet belge d'appui social aux locaux : les rues sont pavées par des habitants, dans un cadre informel, et les riveraines payent. Les pavés ne sont pas forcément très réguliers mais cela donne un charme certain à certaines rues. C'est un mode de coopération intéressant pour insérer des habitants de ces quartiers, tout en améliorant la qualité des infrastructures.

Les élections présidentielles se rapprochent, en 2015, et comme dans beaucoup de pays africains le président actuel veut être réélu. Le problème est qu'il aura déjà effectué deux mandats et qu'il ne pourrait pas se représenter. Certains cherchent donc à modifier la constitution ou à prouver qu'il peut quand même effectuer un troisième mandat puisque le premier n'aurait pas compté... C'est un cas classique, mais il semble que dans ce pays, ça se passe plutôt bien, en tous cas depuis plusieurs années. La corruption va bien, mais pas mieux qu'ailleurs.

Enfin je vous recommande si vous passez par là de vous faire inviter, même pour quelques minutes, à la résidence de l'ambassadeur de France. Ce doit être le dernier bâtiment possédé par la France dans le pays avec l'ambassade. Somptueux jardins, dont la fameuse pelouse pour la garden party du 14 juillet, mais surtout très belle vue à partir de la terrasse. On est en haut d'une colline et on domine la ville et le lac. On voit donc les collines de l'autre côté, en RDC. A faire en sirotant un jus de fruit local...

Et enfin, a propos de collines, on dit souvent que le Rwanda voisin est le pays des mille collines. Au Burundi, il y en a 1700. Chaque colline est gérée par un collinier et il existe un parlement des colliniers. Au moins il n'y a pas de problème pour les circonscriptions !

Vivement donc mon retour, pour que je puisse retourner dans les ridicules saillies entre Valls et l'UMP ou autres joyeusetés françaises.

lundi 24 février 2014

Chaud

Les JO se sont donc terminés et le temps se radoucit partout, même à Sotchi. Pour les jeux paralympiques, ça va être dur, question température. En Ukraine aussi, maintenant que Poutine peut calmement préparer sa stratégie pour regagner la petite Russie. Il a semble-t-il perdu une pièce maîtresse avec Ianoukovitch et ses palais dignes d'un des meilleurs dictateurs. Dejà une attraction touristique.

A Paris aussi il fait doux. Un peu plus chaud à Nantes où quelques incendies ont réchauffé le climat et échauffé les esprits. Tout ça à cause d'un foutu aéroport qui n'existe pas à quelques semaines des municipales. L'ancien maire de Nantes et actuel premier ministre est furax, mais comme disait Larousse, je sème à tous vents et on récolte ce qu'on sème.

Mais cette semaine je suis au chaud. Je suis à Bujumbura, la capitale du Burundi, comme chacun sait. L'un des plus petits États africains, au bord d'un des grands lacs, le lac Tanganyka. 30° à peu près, humide, je dis ça juste pour vous faire baver. Images à suivre bientôt.

Le Burundi est à peu près calme. Il y a eu des inondations géantes il y a quelques semaines, avec des dizaines de morts et tout le cortège de problèmes derrière : infrastructures et routes détruites, eaux stagnantes impropres à la consommation et générant des maladies diverses, dont la naissance de moustiques à paludisme... Du banal, quoi.

Politiquement, le gouvernement évolue régulièrement à cause des alliances changeantes, et les alliances internationales aussi, dans cette région des Grands lacs où le Rwanda et le Burundi ne se parlent toujours pas. Chaque fois qu'il y a une tentative de regroupement des pays de la région pour des coopérations économiques ou autres, elle dégénère en deux camps. Tout ça tourne autour du Kivu à l'Ouest. A l'Est, le Kenya et l'Ouganda jouent contre la Tanzanie. C'est simple non ?

Sinon, la circulation à Bujumbura est plutôt calme et "Space" : il faut savoir que la moitiė des voitures ici ont le volant à droite et l'autre à gauche. Heureusement, tous roulent sur le côté droit de la chaussée. Enfin... quand il n'y a pas de nid de poule au milieu de la route evidemment. C'est déjà ça ! Le niveau de vie du Burundi est l'un des plus faibles au monde, mais les organisations internationales et autres grandes administrations y roulent quand même en 4x4.

Profitez donc bien du froid de votre côté ! Même s'il fait chaud à Paris.

 

dimanche 23 février 2014

Du temps de cerveau pour ... une nouvelle 22 v'la les flics

Jules était un malin, en tous cas plus malin que les flics qui le coursaient.

Il avait bien été une ou deux fois proche de la catastrophe, mais il avait une bonne étoile et s'en était toujours tiré. Jules était un pro. Il changeait tout le temps de quartier et d'arnaque. Il consignait tout dans un petit carnet pour ne pas faire d'erreur, comme la femme d'un ambassadeur qui note tout ce qui a été servi à chaque invité de marque, afin de ne pas resservir deux fois le même plat. Son petit carnet contenait aussi ses trucs et astuces, avec des remarques glanées au fur et à mesure pour améliorer sa rentabilité.

Par exemple, il était très fier de l'arnaque à la cigarette qui lui permettait de gagner au moins trois paquets par jour et donc d'en revendre deux. Il lui restait un certain nombre de bars-tabac à visiter et un certain nombre de déguisements à utiliser. Ce qu'il y avait de bien avec les fumeurs en manque, c'est qu'ils ne regardaient pas vraiment les personnes comme lui. Il n'avait jamais eu de problème avec cette arnaque.

Mais ce matin, Jules avait eu une idée. C'était souvent le matin que de nouvelles arnaques lui venaient à l'esprit. Toutes n'étaient pas bonnes mais celle-ci lui parut excellente. Le seul problème serait de trouver l'accessoire qui lui manquait. Un petit problème pour Jules qui ne manquait pas de ressources. En plus c'était un mardi et il avait dormi dans le Jardin des Tuileries.

Jules se rendit donc au Louvre par son entrée secrète. C'était jour de fermeture au public, mais le Louvre était plein de gens quand même : des employés, des groupes de VIP. Il avait pris un déguisement de balayeur dans les vestiaires et il se promenait à la recherche de l'objet rêvé. Il ne se promenait pas dans les galeries publiques, mais dans les réserves, cette galaxie de pièces où étaient entassés les objets les plus divers que personne ne sortait jamais. Il arriva dans la bonne salle et choisit son objet parmi des dizaines : un objet ni trop neuf ni trop vieux. Ensuite Jules l'emballa tranquillement dans deux sacs poubelles et ressortit du musée par où il était venu. D'ici un ou deux mois, il reviendrait le remettre ni vu ni connu à sa place, car cette arnaque ne durerait pas longtemps à son avis.

Jules choisit ensuite avec soin son emplacement, loin du Musée, au coin d'une petite place. Il y avait juste en face de son emplacement un bar. Jules installa tout, puis s'assit à la terrasse pour surveiller et piloter, et surtout observer les passants.

Une jolie fille arriva, son panier plein après le marché et regarda avec stupeur l'emplacement : Il y avait une petite pancarte avec écrit dessus : "Je ne peux plus sortir, merci de laisser un billet pour que j'aille chez le réparateur". Derrière était assise une superbe armure complète, avec heaume, ni trop neuve ni trop rouillée. De son poste d'observation, Jules vit la fille s'arrêter. Dans le petit micro qu'il avait branché dans l'armure il l'entendit dire "Mais c'est quoi ce truc ?", puis "Il y a quelqu'un là-dedans ?"... Jules répondit dans son petit micro de gorge par un râle qui pouvait vouloir dire "Aidez-moi mademoiselle". Jules était un arnaqueur bien équipé ! L'électronique n'avait pas de secret pour lui. Le bras droit de l'armure bougea un peu grâce au servo-moteur qu'il y avait installé. La fille recula un peu mais sortit quelques pièces de sa poche et les posa dans la coupelle en métal devant l'armure, en fait une genouillère en rab que Jules avait prise à cet effet au Musée.

Jules se félicita de cette première passante. Les suivants furent tout aussi intéressants et la recette s'annonçait bonne. De temps en temps, Jules allait vider la coupelle quand il n'y avait personne. C'était vraiment une belle journée et paresser à une terrasse de café pendant que votre armure faisait la manche, pardon, demandait la charité, était vraiment une très bonne idée. Evidemment, de temps en temps, il fallait éloigner un chien ou un moutard qui venaient intrigués voir cet objet bizarre. Il suffisait à Jules de lancer un petit cri ou de bouger le bras pour les éloigner.

Les pigeons, c'était un autre problème, auquel il n'avait pas pensé. Mais après tout, quelques pigeons en plus ne faisaient pas de mal. Pour le moment il n'avait pas reçu de crotte de pigeon.

Il vit soudain revenir la jolie fille du matin. Elle alla directement vers l'armure et sortit de son panier quelques outils et une petite bouteille de ce qui ne pouvait être que du dégrippant. Jules s'inquiéta soudainement et se décida à marcher vers l'armure, comme s'il était un passant normal. La fille parlait mais aucune réponse ne venait de l'armure. Au moment où Jules arriva, elle disait "Vous dormez ? Je vais vous aider alors, j'ai déjà travaillé dans un atelier et je sais couper le métal..."

Jules l'interrompit à ce moment et lui dit "Excusez-moi, mademoiselle. Je suis de la brigade d'aide aux SDF et je vais m'en occuper. C'est très gentil à vous, mais il doit être en piteux état là-dessous."

La (très) joie fille regarda Jules avec surprise. Jules ne cilla pas. Il était habillé en citadin normal avec un blouson passe-partout. La jolie fille sembla hésiter, mais Jules dégageait une certaine autorité. Elle bredouilla quelques mots incompréhensibles et se pencha pour récupérer ses outils. A ce moment précis, l'armure leva le bras et dit d'une voix claire : "Merci Monsieur, mais je crois que je n'ai pas besoin de vos services. Mademoiselle ici présente m'a l'air tout-à-fait qualifiée !"

La fille parut surprise mais eut un grand sourire. Jules ouvrit la bouche et ne put dire un mot. Il tâta vite ses poches et regarda la terrasse pour voir qui lui jouait ce tour. Il avait certainement oublié ses appareils électroniques à sa table ! Mais il n'y avait personne à la terrasse et ses appareils étaient dans sa poche, éteints. Jules regarda l'armure. Jules ne comprenait pas. Il avait dû être piraté et quelqu'un se moquait de lui.

Lorsque l'armure se leva et donna son bras à la fille émerveillée, Jules faillit s'étrangler. Lorsque l'armure lui dit en partant avec elle : "Gardez la monnaie mon bon", Jules s'évanouit vraiment.

Il parait que l'armure et la fille vivent ensemble maintenant. Jules, lui, s'est reconverti en gardien des réserves du Musée. Il espère pouvoir discuter avec l'armure quand elle viendra rencontrer ses anciens copains. Mais elle n'est jamais revenue et Jules a brûlé son petit carnet.



samedi 22 février 2014

Un président se réfugie

En Ukraine, le président en titre Ianoukovitch a quitté la capitale pour rejoindre son fief, dans l’est du pays, plus près des russes et au milieu des « régions russes ». Il n’a pas fui les rebelles et s’exprimera à la télé, entouré de supporters, car il en a beaucoup, il ne faut pas croire. A Kiev, très largement dans l’opposition, la situation est tendue mais dansante (quand le chat n’est pas là, les souris dansent). Un certain nombre de mesures sont annoncées, puis démenties, puis ré-annoncées. Chacun prend ses désirs pour des réalités.

En ce début d’après-midi, ceux qui suivent l’actualité en temps réel ne savent pas quoi penser puisque chacun y va de son tweet ou de sa réaction (action-réaction comme on disait dans Les Choristes). La réalité est sur place et est naturellement confuse. Elle est encore rendue plus confuse par les messages reçus de ceux qui ne voient que leur petit bout de fenêtre ou qui sont manipulés ou qui tentent de manipuler les autres. Ceux qui ne regardent les nouvelles que de temps en temps ne voient pas tous ces mouvements aléatoires. Austerlitz a été gagnée à cause d’un grand plan stratégique mais aussi d’une ou deux manoeuvres tactiques réussies. Il en va de même des révolutions.

Le Président ukrainien s’est donc réfugié parmi les siens, russophiles.

Poutine, lui, est coincé à Sotchi et attend impatiemment la cérémonie de clôture demain pour entamer une semaine politique plus agressive, une fois passée cette période où aucun incident ne devait venir perturber les JO poutiniens. Les tentatives refusées de brassards noirs de certains skieurs ukrainiens, les petits fanions noirs accrochés aux drapeaux ukrainiens, la victoire de l’équipe ukrainienne féminine, tous ces signes seront oubliés très vite et Poutine pourra passer à la suite : tirer une juste fierté de JO bien organisés même s’ils ont coûté quelques blindes, et recommencer à être le « bad guy » à l’extérieur, ce qui l’aidera dans son pays.

Le Président russe s’est donc réfugié parmi les sportifs pour le moment.

Aux USA, Obama a reçu le Dalaï Lama. Petite nouvelle a priori mais gros coup de fureur des chinois évidemment. Pas de surprise. C’est une provocation calculée d’Obama. Chaque Chef d’Etat qui reçoit le Dalaï Lama sait à quoi il s’attend. C’est comme un baromètre de la pression chinoise et inversement de la pression internationale sur les chinois. En choisissant de le faire à ce moment, en pleine crise ukrainienne dans laquelle il a pris fortement position contre les russes, Obama cherche à avoir une médaille. On parle de Russie et d’Europe (pour l’Ukraine). Dans la bataille pour la médaille de bronze, il s’agit de doubler les chinois et le Dalaï Lama est une bonne piste.

Le Président américain s’est donc réfugié parmi les tibétains.

Et la France ? C’est le début du Salon de l’agriculture et la crise frappe de plein fouet plusieurs professions agricoles. Il y a du lait dans le gaz et le bal des ministres peut commencer. Cette année, il y aura aussi le bal des candidats aux municipales. On espère de belles photos de NKM et de Hidalgo parmi les bovins. Pour le moment c’est François qui s’y colle en ce premier jour.

Le président franç(a/o)is s’est donc réfugié parmi les vaches.

Vache ukrainienne qui rit

PS : En Algérie, le Président Bouteflika annonce officiellement se réfugier dans la prochaine élection présidentielle comme candidat ! Et hop, c’est repartit pour un tour...

vendredi 21 février 2014

Aux Grands humains la patrie reconnaissante

A l'époque où même les ministres français parlent de plus en plus de droits humains (pour ne par faire comme les québécois qui parlent de droits de la personne) et pour ne plus avoir à argumenter sur la différence entre homme et Homme, toutes les déclarations sont surveillées du coin de l'oeil quand elles touchent à la parité. Tant pis pour les nostalgiques de la révolution française (pas si macho que ça) et pour les idées Majuscules. On en revient à l'individu, au minuscule.

Ce vendredi, François a donc annoncé quatre nouvelles entrées au Panthéon, deux femmes et deux hommes. C'est un habile dosage entre hommes et femmes, entre droite et gauche, entre politique et militance, entre résistants tués à la guerre et survivants, entre morts plutôt jeunes et plutôt vieux. Un vrai exercice d'équilibre. Consensuel et évidemment qui fait hurler certains : Les pro Jean Moulin et les pro-communistes ne sont pas contents. Un seul bémol, on passe de 71 mâles et 2 femelles (2,8%) à 73 et 4 (5,5%) seulement.


Il va falloir enlever ces échafaudages pour mai 2015... zut alors, la rénovation doit durer jusqu'en 2023...

On est bien loin du quotidien et du moderne. On est dans le symbole, le retour au mythe réel de la résistance, le poids de l'Histoire et de ses leçons. On est dans la reconnaissance ex-post, comme les évaluations qui permettent juste de savoir si ça s'est bien ou mal passé. Gageons que pour beaucoup de français n'habitant pas à côté d'une rue qui porte leur nom, ces françaises et ces français ainsi honorés seront de grands inconnus.

Les profs d'histoire vont-ils en parler aux élèves des lycées ?
Qui fera les discours (Malraux étant mort, je crois) ?

Le suspense est pire qu'à Top Chef. Tiendrons-nous jusque là ? (Indice, la réponse commence par O et finit par I en trois lettres).

jeudi 20 février 2014

Ki ev responsable ?

Des dizaines de tués par balles à Kiev. L'affrontement est en pleine escalade pendant que les skieurs sont en pleines descentes en Russie. La "troïka" européenne, avec Fabius, est sur place pour faire la médiation entre deux parties irréconciliables. La troïka ? Mot russe évidemment. Européenne ? vous savez, ce choix de rejet qui a été fait très récemment par le pouvoir politique en place. Les russes se sont empressés d'ailleurs d'envoyer leur médiateur à eux. Il y a de la compétition chez les médiateurs.

Vu sur 20minutes, un hôpital de fortune dans l'église

Trois mois d'occupation du maintenant fameux Maïdan, place dite de l'indépendance. Et des tirs à balles réelles. Même les humoristes habituels, et qui ont du goût et de la retenue, ne savent plus quoi dessiner pour cette situation qui ne peut pas faire rire.

Une trêve, des morts, une trêve, des morts,... une mécanique connue. Quand un pouvoir commence à tirer à balles réelles sur sa population, il franchit une ligne rouge et il ne pourra plus jamais revenir en arrière. Surtout si ce sont des armes automatiques, genre Kalachnikov (paix à son âme). Beaucoup de printemps et de révolutions ont commencé comme ça. Partout. Vidéo à ne pas regarder sur la révolution de Maïdan.

Poutine semble jouer la carte de l'intransigeance au-delà de tout contrôle. L'Humanité a sorti à ce sujet un article puissant. L'Ukraine a effectivement vocation, pour Poutine, à rentrer dans le rang russe. La petite Russie doit rejoindre la grande. Aller vers l'Europe, c'est injurier la Russie et la diminuer, dans tous les sens du terme. Ajoutez à cela quelques doigts de nationalisme et de groupes des extrêmes pour rendre la situation pourrie. Poutine doit juste être furieux que les manifestants et Ianoukovitch n'aient pas attendu la fin des JO. Quel manque de coordination ! Car sur le fond, le pouvoir ukrainien est un paillasson. Reste à choisir de qui : de Poutine, de l'Europe ou de son peuple ? La durée de vie au pouvoir du président ukrainien est courte maintenant, mais que ferait un autre ?

L'Ukraine est un pays développé. De multiples sources d'informations permettent de contrebalancer la vision officielle. Ce n'est pas la Syrie ou la Lybie. Toutes les sources ne sont pas fiables avec des réseaux sociaux qui amplifient et déforment les réactions et rendent difficile la séparation des infos et des intox. Ce n'est pas pour rien que les grands groupes internationaux se battent pour racheter et contrôler tous les réseaux (comme Facebook avec WhatsApp) ou que les Etats construisent leur propre internet, bien placé au chaud sous leur contrôle.


mercredi 19 février 2014

Le nouveau tank Peugeot-Citroën

La croisière jaune, ça vous rappelle quelque chose ?


Début des années 30, une croisière tout sauf tranquille de Beyrouth à Pékin à l'initiative de André Citroën, histoire de propager la bonne parole et la bonne industrie française de l'époque et de remonter la route de la soie à l'envers.

Citroën a été absorbé dans PSA depuis. Et depuis hier PSA est devenue une entreprise franco-chinoise (14% pour l'Etat français, 14% pour la grande entreprise chinoise Dongfeng, 14% pour la famille Peugeot, le reste ailleurs). Ne dites plus comme Montebourg "achetez français" mais dites "achetez franco-chinois". Les investisseurs ne sont pas fous et le moment est bien choisi puisque PSA est toujours en déficit (donc moins cher) mais en train de se redresser en divisant sa perte par deux (donc très prometteur).

Cette nouvelle tombe à pic.

Grosses commandes à prévoir, compte tenu du savoir faire de Peugeot (Pijo) et de Citroën dans l'armement : les tanks chinois sont devenus trop petits pour les jeunes soldats actuels et il faut donc en fabriquer d'autres pour faire la croisière jaune dans l'autre sens. Très gros marchés à prévoir, d'autant plus qu'il sera facile de refiler les anciens tanks à la Corée du Nord, où les soldats sont restés petits, compte tenu de la malnutrition généralisée.



Sur cette photo, on voit bien que les tanks chinois sont grands mais c'est une vieille photo, presque 25 ans, et depuis les chinois ont grandi et se sont multipliés (dans les manifs).

L'évolution darwinienne frappe donc la Chine : les jeunes sont plus grands et plus corpulents qu'avant, comme partout. L'homme le plus grand du monde est un chinois d'ailleurs mais il ne fait pas carrière dans les tanks. Même en France, on a de plus en plus de mal à trouver des sous-mariniers. Est-ce la faute de Mac Donalds ou de Darwin ? Si la planète évolue vers une population de plus en plus nombreuse et qui mange de plus en plus, le développement durable déjà difficile à atteindre deviendra quasi impossible.

Que des bonnes nouvelles donc !



mardi 18 février 2014

La Corée du Nord vue de l'extérieur

Dur, dur de travailler à l'ONU. Soit on croit à ce qu'on fait, aux droits de l'Homme et aux grandes valeurs partagées, et on produit des rapports féroces. Soit on est dépendant des valeurs de son pays d'origine, en obéissant aux ordres, et on critique férocement les rapports produits par les premiers.


Une commission de trois spécialistes de l'ONU a donc rendu hier un rapport de 400 pages ou presque (texte et annexes ici) sur les exactions en Corée du Nord depuis au moins 10 ans, pour ne pas dire 50.

Lors de la présentation de ce rapport on notera trois faits intéressants :

- Les auteurs ont invoqué une multiplicité de crimes contre l'humanité dans le pays, mais comme personne ne peut évidemment pénétrer dans le pays lui-même, tout est basé sur des témoignages externes, recueillis le plus souvent auprès de réfugiés. C'est donc un rapport de seconde main que les défenseurs de la Corée du Nord vont s'empresser de dénoncer comme partial, à charge et donc faux et sans importance. L'intrusion de l'ONU dans un pays est effectivement hors limites, et frise l'ingérence. Ceux qui militent pour un devoir d'ingérence ne sont pas légion. La commission des droits de l'homme a d'ailleurs prouvé plusieurs fois qu'elle n'était pas vraiment respectueuse elle-même des valeurs qu'elle prône. Mais ce rapport semble beaucoup plus étayé que d'habitude. Ce qui renvoie au deuxième point.

- Les auteurs clament qu'il faut arrêter de fermer les yeux sur la Corée du Nord et ses crimes contre l'humanité. Ils disent qu'il ne faut pas se retrouver dans la même situation qu'après la fin de le deuxième guerre mondiale et l'holocauste, ou les bons esprits de la communauté internationale ont invoqué l'argument du "nous ne savions pas". Cette génération de politiques et de diplomates savait beaucoup de choses mais ne voulait pas l'avouer. Les auteurs du rapport ne veulent pas les imiter et rester volontairement aveugles. C'est une manière de se dédouaner pour l'Histoire : identifier le plus vite possible des crimes graves contre l'humanité, les dénoncer pour montrer qu'on n'est pas dupe. C'est une manière étrange de se protéger : oui nous savions, oui nous l'avons dénoncé, mais non nous n'avons rien pu faire pour l'empêcher, mais c'est pas notre faute. L'étape suivante logique est donc le dépôt de plaintes à la Cour pénale internationale. Ce qui nous renvoie au troisième point.

- La CPI ne peut être saisie que par le Conseil de sécurité. La Corée du Nord y a un allié fort, la Chine, qui a droit de véto et qui l'exercera vraisemblablement. La Chine invoque, comme à chaque fois en matière de droits de l'homme, le besoin de traitement équitable, en dehors de la CPI. Il ne se passera donc rien, trop d'enjeux sont sur la table : la situation entre les deux Corée, le rôle des américains et des chinois dans la péninsule, la volonté de tous de ne pas renforcer le rôle de l'ONU et du multilatéral. Certains espèrent que ce rapport aidera les "opposants" du pays, ceux qu'on appelle les modérés, à lutter contre des dérives trop fortes dans ce pays en perpétuel état d'urgence et de guerre où toutes les mesures sont possibles. Tous espèrent une onde de choc. Mais c'est surtout la preuve que le système onusien n'est pas adapté pour ce type de situation.

Un rapport pour rien donc. Un geste pour dédouaner l'ONU par rapport à l'Histoire. Un rapport qui vise avant tout à renforcer l'ONU.

Peut-être faut-il rajouter au premier paragraphe de ce billet la phrase suivante : Soit on n'est là que pour justifier l'existence même de l'organisme où l'on travaille, l'ONU.

lundi 17 février 2014

T'as d'beaux yeux, tu sais ?

Conseil stratégique de l'attractivité aujourd'hui à l'Elysée. Quézaco ?

Objectif : Réunir à Paris, dans les fastes des grands palais politiques français, les patrons d'une trentaine de grands groupes internationaux privés pour les attirer et les pousser à investir chez nous. Grande opération séduction donc, qui a pour but de se terminer par la réplique célèbre "Embrassez-moi".

Cible : Des grandes entreprises de plusieurs secteurs clés. Combien exactement, personne ne sait vraiment : 26, 27, 34, une trentaine ? Les médias devront attendre le dernier moment pour confirmer le nombre précis, sans oublier que certains "responsables" ne sont pas les grands patrons mais les numéros 2 ou plus. Dans ce genre de groupe, comme dans tout groupe humain, il y a des dynamiques collectives qui peuvent se mettre en place. Qui seront donc les leaders d'opinion ? Et quelles seront leurs positions : attentisme poli, refus net de tout ce qui n'est pas ultra-libéralisme, volonté d'y aller comme une opportunité d'affaire, volonté de diversifier leurs investissements ou au contraire de les concentrer ?

Contenu : Quoi dire à ces grands patrons, après avoir essayé de séduire un MEDEF très partagé à coup de "pacte de responsabilité" ? Attirer de nouveaux investisseurs est bien en soi. Sauf pour ceux qui sont déjà installés et qui n'aiment jamais voir arriver de nouveaux concurrents, surtout si ces nouveaux entrants sur un marché étroit bénéficient d'avantages. On peut le voir comme un gigantesque remue-méninges sur "quelle devrait être la politique économique de la France pour attirer des investisseurs", avec comme dans toute analyse SWOT les forces et faiblesses internes de la France et les opportunités et les menaces externes qui se présentent. Mais ni les grands patrons ni les responsables politiques n'ont le temps ou le goût de passer du temps à se torturer les méninges. C'est plutôt le rôle des "experts" d'organiser des "tempêtes de cerveaux" ou des brainstormings. Les décideurs aiment décider, et surtout annoncer leurs décisions. Une opération séduction n'a d'intérêt que si on peut communiquer autour. Ca fait toujours du marketing gratuit. Bon à prendre pour n'importe quelle entreprise ou n'importe quel politique en mal de reconnaissance.

Conduire une analyse SWOT du "site France" comme disent les technocrates, c'est une bonne idée si la question est bien posée et si sont pris en compte une grande variété de points de vue, et pas seulement ceux des patrons et des politiques. Les forces de certains sont les faiblesses d'autres par exemple. De plus, une telle analyse n'a d'intérêt que pour préparer un plan d'action, ou une stratégie d'avenir : comment s'appuyer sur ses forces pour tirer partie des opportunités et éviter les menaces ? Comment réduire ses faiblesses grâce à ses forces et à des opportunités qui ne sont pas concernées par de telles faiblesses ? On aimerait voir le tableau final publié d'ailleurs !


Après la Saint-Valentin pour la séduction des amoureux, la Saint Théodule (si,si, c'est aujourd'hui) pour les comités d'entreprises ? Vous noterez également qu'aujourd'hui a lieu à l'Elysée la réception officielle pour le nouvel an lunaire avec des représentants de la communauté asiatique (des investisseurs aussi ?) pour la nouvelle année du cheval (de course ou de trait ?)...

dimanche 16 février 2014

Du temps de cerveau pour … une nouvelle du XXI° siècle

Monsieur et Madame Coullet prenaient leur douche. C’était le deuxième jour de leur voyage de noces et ils étaient un peu fatigués mais ne s’en souciaient pas. Leur cabine était très confortable avec une douche privée. Une vraie suite nuptiale. D’ailleurs toutes les cabines étaient des suites nuptiales à bord de la Calypso. C’était un vaisseau spécial pour les jeunes mariés et il fallait bien calculer la date de son mariage pour avoir la chance d’y séjourner. Les Coullet avaient tout planifié avec précision et avaient eu la chance de bénéficier d’un coup de piston du capitaine, car elle connaissait la cousine de la première maîtresse du fils du commandant.

La Calypso était un mythe. Ce vaisseau avait eu l’honneur d’accueillir de nombreuses célèbrités. Pour ceux qui pouvaient se le permettre, le voyage était inoubliable, un vrai voyage initiatique. Il y avait ceux qui avaient effectué ce voyage de noces, et les autres. Monsieur et Madame Coullet y avaient beaucoup pensé jusqu’à l’embarquement, puis la magie du voyage les avait pris et ils ne pensaient plus qu’à profiter de chaque instant.

Les douches étaient des moments clés pour ce voyage. Car toutes les cabines de douche étaient à l’extérieur du vaisseau et leurs parois de verre, parfaitement transparentes donnaient l’impression de flotter dans l’espace, environné d’étoiles. Ici, près du centre de la galaxie, le spectacle était à couper le souffle.On ne voyait rien d’autre que les étoiles et son conjoint. Certains couples passaient presque tout leur temps dans leur douche, d’autres choisissaient avec délicatesse leurs moments d’intimité. Tout tournait autour de ces moments. Même pendant les repas, somptueusement servis en commun s’ils le désiraient, les passagers ne parlaient que de ça.

Quelque chose d’insolite attira l’oeil de Madame Coullet par  dessus l’épaule de son mari. Elle aimait bien penser à lui comme son mari. Ce n’était que son vingt-troisième mariage et elle ne s’était pas encore habituée à la sonorité de ce mot : mon mari ! Pour lui c’était évidemment le premier mariage, c’était la règle à bord de la Calypso.

Elle vit un éclair pointu de lumière blanche frapper un panneau sur le vaisseau, pas loin de leur chambre. Puis une gerbe d’étincelles. Elle fut un peu surprise. Elle ne s’y attendait pas si tôt dans le voyage. Ils ne devaient être qu’aux limites de l’amas stellaire et ces chocs étaient rares si loin du Coeur. Elle eut un réflexe et griffa le dos de son mari. Celui-ci n’avait rien vu, car il était face à elle, mais il comprit le message et se mit à la caresser. C’était un bon mari, pensa Madame Coullet. Il eut le temps de la faire jouir, et plutôt bien, avant que la lampe bleue ne s’allume. Madame Coullet s’y attendait, mais il eut l’air étonné et la regarda d’un air interrogatif. Elle lui caressa la joue et lui sourit. Il sortit de la douche et se retrouva dans le petit sas qui les séparaient de leur chambre. Elle le regarda une dernière fois à travers la vitre puis il ouvrit la porte du sas vers la chambre et mourut instantanément dans le vide. C’avait été une belle mort. C’était un homme élégant et il ne l’avait pas quitté des yeux en expirant . La classe.

Mademoiselle Coullet attendit quelques minutes. Elle profita de la vue pendant que les robots réparateurs venaient tout nettoyer. Quand la lampe bleue s’arrêta, elle rentra dans sa chambre, sans problème et se prépara pour le dîner. Elle mit une robe noire sexy.

En arrivant dans la salle manger elle vit qu’il manquait quatre maris de plus, sans compter son ex, et se dit que le voyage commençait bien. A ce rythme, il n’en resterait plus à la fin du voyage, comme prévu. La Calypso était un vaisseau très fiable et son équipage savait parfaitement organiser les journées. Il n’y avait que très rarement besoin d’exécuter les maris restants à la fin du voyage. Heureusement Mademoiselle Coullet n’avait jamais eu à vivre ça. Les siens s’étaient toujours bien comportés.

Elle fila, comme les autres veuves dans les quartiers de l’équipage. Le reste du voyage en fut la meilleure partie, évidemment. L’équipage de la Calypso était choisi avec soin, et si tôt dans le voyage, elle aurait le choix. Allez, encore cinq jours à tirer ! Mademoiselle Coullet avait le sourire.








samedi 15 février 2014

Et si on parlait d’autre sotchi ?

On est au milieu des JO. La France ne brille pas, sauf en biathlon (et en tremplin).

Les commentateurs de France Télévisions l’ont bien perçu. Ils se parlent entre eux et se font des blagues foireuses sur des trucs qu’ils sont seuls à connaître, comme si les téléspectateurs n’étaient pas là. C’est un peu dur pour nous, car on doit les supporter. Heureusement on peut toujours couper le son ou regarder des « replays » avec aucun commentaire et seulement le son direct pur. Je vous recommande ! Il y a bien quelques commentateurs qui connaissent le sujet et sont capables d’expliquer les subtilités d’une discipline, comme au curling, obscur mélange de pétanque, de billard, de go, de balayage et de sieste. Le pire de tous les commentateurs reste évidemment Nelson Monfort, qui pourrait parler non stop pendant au moins 24 heures sans dire une chose intelligente. Il doit être vraiment bien en place pour rester aussi incontournable. De temps en temps, les commentateurs ne voient même pas ce que nous voyons et se trompent. En général ils sont même très machos. J’en ai entendu un hier par exemple, en pleine compétition de beaux patineurs artistiques, dire à une dame « A la Saint Valentin on embrasse la main, vivement la Saint Marguerite qu’on embrasse la … ». Le niveau de la télé française publique est très relevé cette année.

On repasse donc en boucle les rares médailles françaises, bravo à Martin Fourcade. A cette heure, on en est à 4. Pour un objectif de 15 c’est mal barré. On espère que la deuxième semaine sera meilleure, sinon le déjeuner de François avec les médaillés pourra se tenir dans un coin de la cuisine.



Ce soir, les commentateurs se sont consolés et ont essayé de « nous » consoler avec … de l’athlétisme ! Le record mythique du saut à la perche a été battu 21 ans après par un français, Renaud Lavillenie, en présence de Bubka dans « sa » ville. Bravo ! Mais le contraste était très fort avec le reste. Et on sentait bien que l’envie de parler de sportifs français qui réussissent était trop forte.
Puisque la croissance a été plus forte que prévue en France en 2013, on est face à un phénomène intéressant : être critique et négatif comme d’hab, ou être optimiste et positif ? En sport, on peut être pessimiste. Normal, il n’y a pas de montagnes en France (euh)… Et les sportifs sont promus comme des stars. Alors qu’en politique, on a des éléphants et des gros morceaux et les politiques sont hués en permanence. Ca change quelque chose aux résultats ?

C’est l’envie de gagner qui fait la différence.
Et la simplicité pour ne pas dire la normalité.




vendredi 14 février 2014

No Love Locks



No Love locks ?

Très belle initiative à laquelle je souscris.

Un cadenas d'amour accroché tout seul à une grille sur un pont à Paris, c'est romantique sur le moment peut-être. Plusieurs centaines de cadenas accrochés sur dix centimètres d'épaisseur, rouillés et risquant de tomber et d'abîmer le pont, c'est horrible. Il y a d'autres moyens de se prouver son amour. Allez vous promener par là (et sur d'autre ponts d'ailleurs) et comparez avec la photo ci-dessous prise il y a cinq ans.

Version française du site bientôt ;)

Nos politiques français qui s'étripent sur rien pourraient en prendre de la graine.


jeudi 13 février 2014

Patrons Casse-cou(ille)s

M. Gattaz est en forme en ce moment. Serait-ce l'hiver doux, la proximité des municipales ou le retour espéré de Sarkozy ?

Après avoir montré à Washington son désaccord sur le "pacte de responsabilité" de François qu'il avait soutenu depuis son lancement, puis après s'être rétracté deux jours et un grand nombre de critiques plus tard, on pensait que le patron des patrons français allait se calmer. Patatras, en pleines négociations sur la réforme de l'assurance chômage, la délégation des patrons a fait des propositions pour le moins extrémistes. Revue ici. Le premier ministre a qualifié le patronat de casse-cou. Oui, oui, il a bien prononcé comme ça.

Sur le moment choisi par le patronat pour une offensive anti-François, pas de problème, c'est de bonne guerre à 40 jours des municipales et à 100 jours des européennes. Les syndicats, même de patrons, ne sont pas politisés, non, non.

Sur le fond, le patronat savait qu'il allait ulcérer les syndicats en attaquant plusieurs gros symboles : les intermittents du spectacle, les contractuels de la fonction publique et la modulation des allocations versées en fonction de la conjoncture. Rappelez-vous que le système d'indemnisation chômage est cogéré par les syndicats de patrons et de "travailleurs". Le gouvernement aimerait bien ne pas s'en mêler directement, mais c'est mal parti. Au moment où François engrange quelques succès avec des patrons français en Californie, même si ce n'est pas Broadway ou Byzance, c'est un sujet délicat de plus sur la table. La négociation est censée durer un mois. On n'en est qu'au début et les chiffons rouges agités avec ferveur sont encore de rigueur.

Les intermittents du spectacle, pilier de la culture à la française grondent comme lors de la très dure grève d'il y a 11 ans. Comme les taxis qui se calment un peu depuis qu'un médiateur nommé en urgence a obtenu la suspension provisoire des immatriculations de leurs concurrents, les fameux VTC. Si vous voulez assister à un spectacle en ville, prochainement, préparez-vous : vous aurez d'abord du mal à trouver un taxi pour y aller, puis vous devrez supporter un discours syndical avant le spectacle s'il a lieu, puis vous devrez trouver un taxi pour le retour. Super la soirée !

Avignon, 2003

mercredi 12 février 2014

Cronut ou Conseil des ministres, il faut choisir

Un mercredi sans Conseil des ministres, c'est triste comme un baiser sans moustache (comme disent les hommes à moustache, parce que ceux qui n'en ont pas savent bien que c'est mieux sans, mais je m'égare).

Il faudra attendre vendredi pour le Conseil car François est aux USA, plus précisément à San Francisco aujourd'hui, pour parler Technologies, France, Business et Modernité. Il a terminé son premier passage à Washington. C'est comme aux JO, la première manche c'est pour assurer sa place, et la deuxième manche pour gagner une médaille. Après le politique, le business. Après la France libre, la France innovante. Et entre les deux rien ne vaut un petit casse-croûte.

On notera une certaine camaraderie entre les deux présidents, qui ont finalement intérêt à se montrer ensemble, chacun dans sa politique intérieure. Même pour le casse-croûte dîner d'Etat d'hier soir, les experts du protocole ont réussi à résoudre le casse-tête d'un président célibataire en le plaçant entre le président américain et sa femme. De l'autre côté du couple présidentiel américain, il y avait une obscure directrice de musée à Harlem et un humoriste hyper connu aux USA, Stephen Colbert, dont l'humour décapant n'épargne personne et était tombé sur François juste après l'affaire Gayet. On aurait aimé être une petite souris pour écouter les conversations dans ce coin.

Pour les rares lecteurs de ce blog qui n'auraient jamais participé à un dîner d'Etat, à la Maison Blanche ou ailleurs, le site officiel de l'Elysée nous montre plein de photos. Moi, je trouve que c'est un peu chargé, mais je suppose que c'était excellent. Les Echos nous dévoilent les potins et le menu de ce dîner intime à 300 personnes : Le menu proposait notamment du « caviar osciètre américain » de l’Illinois et un velouté de pommes de terre avec oeufs de caille avant une « petite salade d’hiver » aux légumes du jardin que Michelle Obama a plantés à la Maison Blanche. Ensuite, un faux-filet de boeuf du Colorado avec échalotes et blettes braisées a été servi avant une glace à la vanille avec mandarines de Floride et ganache au chocolat de Hawaï, l’Etat où est né le président américain. Le tout devait être arrosé de vins de Californie, de l’Etat de Washington et d’un Blanc de Chardonnay de Virginie.


Politiquement, malgré les mots démocrates et socialistes qui les caractérisent, nos deux présidents tournent autour du mot socio-démocrate, que chacun assaisonne à son goût. Vous remarquerez sur la photo officielle du balcon, que François regarde à gauche, et les Obama à droite. C'est un signe ?


Ils ont parlé de politique internationale et François a dit cette phrase intéressante : "Une longue histoire nous rassemble, elle ne nous a jamais séparé. Chacun de nos deux pays sait ce qu'il doit à l'autre, c'est à dire la liberté". Et pour l'avenir ? L'avenir, au-delà de la diplomatie, c'est aujourd'hui en Californie.

François va forcément faire des annonces pour promouvoir la "start up République", nouveau nom de la France qui plaira aux ayatollahs de la langue française. Comment à la fois montrer que la France est prête à accueillir des start up technologiques, promouvoir la french touch alors qu'on estime à plus de 60 000 les français rien que dans la région de San Francisco, et attirer des investisseurs étrangers qui ont tendance à préférer les paradis fiscaux européens s'il doivent y venir. Exercice délicat, mais Fleur Pellerin devrait l'y aider, si tout se passe bien.

L'heure est au mélange des technologies, aux espaces multidisciplinaires, à la capacité d'inventer de nouveaux problèmes et donc de nouvelles solutions. L'heure est aux structures souples et collaboratives, responsabilisées et non étouffées par des hiérarchies obsolètes. Le patron des patrons français, qui a choisi de se comporter en vrai vieux patron à la française va avoir un choc, lui qui croit qu'il suffit de se plaindre des lourdeurs administratives et des taxes. Il serait intéressant qu'il passe un peu de temps à regarder d'autres modèles de management. Mais ne rêvons pas, il est tellement plus facile de critiquer les autres, et en général le gouvernement, que de se regarder soi-même ! Et il est vrai que les circonstances administratives françaises ne sont pas favorables aux nouvelles technologies.

Donc au-delà des technologies elles-mêmes et des conditions administratives pour qu'elles rencontrent leurs publics, il s'agit de voir comment susciter de nouvelles entreprises, avec de nouvelles équipes, dont la caractéristique principale est d'être... jeunes.

PS : Un cronut c'est cet infâme mélange entre un Donut et un Croissant, pur produit marketing inbouffable, mais qui a du succès. Comme l'a rappelé Obama lors du dîner d'hier, en citant Tocqueville, il y a une multitude de choses que les Américains sont capables de se fourrer dans l’estomac.