vendredi 31 août 2018

Heure d'hiver, so far away, so long ago ?

Aaaaaaaaaargh !

Serait-ce la fin annoncée de l'heure d'hiver ? En tous cas l'Union européenne semble vouloir aller dans ce sens après plus de 40 ans (merci Giscard) d'heure décalée en été à la grande époque de la crise du pétrole et d'une vision régalienne de la France et de l'Europe qui devait tout régenter même la couleur de notre papier toilette l'heure à laquelle nous allons boire l'apéro. Suite à une décision du Parlement européen et à un sondage massivement en faveur de l'heure unique, la décision pourrait être prise rapidement. Décision rapide ne veut pas dire application rapide (dès cette année). Ne rêvons pas, ce genre de décision met plusieurs années avant d'être appliquée. Pour quand alors ? Mystère...


Lorsque l'heure d'été a été créée en 1976 (après un essai infructueux au début du XX° siècle et quelques avatars plus anciens) elle avait plein de justifications officielles, voir Wikipédia of course. En plus elle visait à corriger un peu les méridiens en Europe, au lieu d'un alignement à l'est (sur l'Allemagne). La France, en particulier couvre en longitude 12° soit un peu plus que trois quarts d'heure entre l'Alsace et la Bretagne, largement de quoi créer de grosses différences, quand les jours sont très courts ou très longs.


Beaucoup de citoyens préfèrent l'heure d'été, puisqu'elle nous offre des soirées longues en été pour boire l'apéro et manger des tapas. Cela fait longtemps que les agriculteurs sont habitués à être décalés des horaires civils puisque la Nature n'a pas d'horaire, surtout dans les poulaillers industriels où la lumière électrique remplace le soleil à heures fixes. Les premiers sondages indiquaient que la préférence allait à une heure unique, sans changement d'heure qui perturbe les poules, les gamins, les vieux, les paysans, les cheminots et les râleurs. Le fait que l'Europe choisie l'heure d'été en dit long aussi sur notre société. Il s'agit de supprimer l'exception de l'été en mettant toute l'Europe en été. L'exception deviendrait la règle ? Hum. Les pays à l'Est ne seront pas contents, ce qui est naturel, et comme ils sont un peu plus réac en ce moment (ceci est un euphémisme pour anti-europe), cette décision risque de ne pas être appliquée.

Mais poursuivons le débat un peu plus loin. Pourquoi ne pas proposer d'autres scénarios ?

- Toute l'Europe à l'heure d'hiver et même pourquoi pas à celle de Moscou. Histoire de montrer à tous qu'on n'est pas là pour rigoler.
- Tout le monde à la même heure dans le monde (USA ou Chine par exemple). Après tout Paris est la ville lumière et on pourrait travailler la nuit.
- Tout le monde à l'heure solaire avec un libre choix zone par zone : la Bretagne en avance, l'Alsace en retard et la Corse à l'heure de la sieste ?
- Le remplacement de l'heure par des horloges floues comme celle-ci ou même pas d'horloge du tout comme ça on ne sera jamais en retard
- La généralisation de l'heure Internet.


En tous cas, si cette réforme se met en place un jour, on pourra tous lever notre verre au moment du coucher du soleil, en mémoire de cette heure d'hiver glaciale qui aura perturbé tant de gens et tant de moutons (qu'on ne compte plus avant de dormir, tellement il y en a).


mercredi 29 août 2018

Hulot en vacances

En attendant Godot le remplaçant de Hulot, si on revenait un peu sur la démission de Nicolas Hulot du gouvernement ?

Si vous ne l'avez pas entendu sur France Inter (en direct ou en podcast), voici le verbatim de l'annonce de sa démission. À lire/écouter avec attention pour bien comprendre que toute tentative de récupération politique ou industrielle est vaine, de la part du gouvernement, de toutes les oppositions et même des écolos "officiels". Cela n'a pas empêché depuis lundi tout un tas de responsables politiques et de médias de récupérer, mais on est habitués maintenant à leur attitude insouciante. Chacun en prend pour son grade, un exemple ici dans Les Échos.

Ce qu'il dénonce, une fois de plus, est le peu d'importance pour les responsables de notre société de l'écologie et du long terme : écologie évidemment, au sens complet du concept, et long terme, c'est-à-dire au-delà de la durée des mandats électifs et des durées de vie des responsables. Il le dénonce non seulement chez les responsables politiques, mais aussi dans les autres compartiments de la société, industriels, syndicats, financiers, militants écolos ou anti, et particuliers. Une forme ancienne de protestation qui n'a pas réussi à trouver d'expression efficace, suivie d'actions, dans ce domaine.

Au-delà de sa personnalité et de son aura, sans parler vraiment de son statut de star, Hulot est l'un des rares représentants visibles de cette écologie théoriquement désirée par beaucoup et pratiquement prioritaire pour très peu de gens. À cette heure on ne sait pas comment il sera remplacé (un ou plusieurs ministres) et quelles seront les inflexions de la politique du gouvernement dans les principaux dossiers en cours. Dans son discours aux ambassadeurs, lundi soir (avant la démission surprise), Macron avait parlé (un peu) de l'accord de Paris sur le climat. Je note cette phrase : "Cette diplomatie environnementale est majeure pour répondre à ce grand bouleversement du monde. Elle est majeure parce qu’elle caractérise l’engagement français et européen en la matière, parce qu’elle permet de nouer de nouvelles alliances, en particulier avec la Chine et plusieurs autres puissances, et donc construire, là aussi, nouvelle forme de coopération internationale, et parce qu’elle permet très profondément de répondre à nos intérêts, sur le court, moyen et long terme."Hum... On verra à la COP 24, en décembre en Pologne, non ?

Les fans de SF savent bien que le thème de l'écologie est un grand classique. Nombre de romans, de nouvelles, de séries et de films ont pour cadre des catastrophes écologiques crées par l'homme. Dune, Le monde vert, Le troupeau aveugle, la trilogie Mars sur sa terraformation... Soleil vert, Avatar, Wall-E, Princesse Mononoké, Le jour d'après, Interstellar, Mad Max... Il y a pourtant une différence entre réalité et fiction, même si la science est dans les deux. Nous ne vivons pas dans un film mais dans une réalité qui est là, que nous pouvons ou pas influencer. Ou pas ? On peut toujours influencer la réalité, même un peu, sans aller jusqu'au battement des ailes d'un papillon qui peut déclencher un ouragan. Reste à en avoir la volonté. Et à tenir compte du temps et de toutes ses dimensions : le temps immédiat, celui de nos instants successifs, le temps long à notre échelle, celui de notre vie, le temps long pour l'Homme, le temps à l'échelle géoclimatique...

La démission de Hulot n'est qu'un micro-événement, pas surprenant car attendu, même si le moment choisi a surpris tout le monde. Mais s'il peut nous faire réfléchir un peu sur l'environnement, tant mieux. Au-delà des affaires de petites et grandes personnes.


jeudi 23 août 2018

Rentrez ou sortez...

C'est bientôt la rentrée mais pas encore tout-à-fait. Parlons un peu de Paris.

Il y a celles et ceux qui sont encore en vacances ou déjà repartis, histoire de ne pas être là au moment où les foules parisiennes se presseront, l'air gauche, dans les transports en commun, qui n'ont rien d'amoureux ou d'une communauté. Ne devrait-on pas plutôt parler, d'ailleurs, de compressions de masse, à la César ? Ceux qui ne sont pas à Paris ratent pourtant le faible rythme de la ville, les troupeaux de touristes suivant leurs guides panurgesquse, maintenant heureusement de plus en plus équipés de casques micro, et leurs moutons dotés d'oreillettes, ce qui est bien pour la tranquillité des lieux, notamment quand plusieurs groupes se bousculent dans le même endroit, au son de leurs criées comme sur le port de Marseille à l'époque de M. Brun. Mais je m'égare (de Lyon) on est à Paris, restons-y.

Il y a ceux qui ne sont pas partis, faute souvent de moyens. J'ai retrouvé mes sdf habituels, à peine déplacés de quelques mètres et dont les affaires n'ont pas été brillantes pendant l'été, faute de clients parlant français. Il y a aussi ceux qui sont faussement partis, par exemple dans les cafés où souvent des équipes de remplacement ont pris la place des permanents. A l'époque des bougnats, c'était ainsi l'échange entre un cafetier parisien allant en Auvergne remplacer le bougnat qui venait le remplacer à Paris. Une sorte échange de cafés pendant les vacances et de vacances loin/près de chez soi. Aujourd'hui, on voit de jeunes serveurs intermittents ne connaissant pas bien leur métier, et encore moins les prix des consommations, obligés de demander aux clients "réguliers" le bon prix.

Il y a ceux qui sont fraîchement rentrés, encore tous décalés : une tenue pas vraiment parisienne, surtout dans les souliers, avec peu de cravates et même presque des vestes de couleur, un bronzage évident et des tatouages frais comme la nuit. Surtout, on les reconnait à leur regard vague, encore émerveillé par les beautés de la ville et en même temps résignés comme des zombies allant de bon matin au point de sang s'abreuver du regard des autres. À leur démarche également, légèrement zigzagante, frétillante même (comme dans Pretty Woman pour les dames, stop wriggling, ou chaloupée chez les hommes). Les codes vestimentaires évoluent en été et c'est aux marges qu'on voit des dommages collatéraux - au début et à la fin des vacances - avec des chocs vestimentaires pas du meilleur goût. Mais enfin ! cessez ce va-et-vient !

Il y a la rentrée politique à venir. Premier conseil des ministres pour chauffer les troupes hier, premières universités d'été ou équivalentes mobilisations, souvent en ordre dispersé, puisque ce qui caractérise cette rentrée c'est l'absence de combats communs. Macron a sa stratégie, qu'on espère aller vers de la gauche, du social et du fraternel, mais il la déroule avec tellement de vitesse que cela ne laisse pas à ses (nombreux) opposants le temps de respirer entre deux combats. Les affaires de cet été n'ont servi qu'à remplir les colonnes des médias dans une époque post coïtale coupe du monde de foot largement inintéressante. Les médias annoncent une rentrée difficile pour l'exécutif. À voir ! Les arbitrages budgétaires seront connus très vite, puisqu'en août ce sont les cabinets ministériels et les hauts fonctionnaires qui bossent sur le budget. L'ordre des annonces sera crucial puisque c'est lui qui créera la bonne (ou la mauvaise) atmosphère en attendant la prochaine échéance électorale au printemps 2019 pour les européennes.

À Paris, ça sent de plus en plus mauvais pour Anne Hidalgo, même si les municipales ne sont que dans 18 mois. Sauf si elle arrive à diviser encore un peu plus ses nombreuses oppositions, il y a peu de chances pour elle de se faire réélire. Macron ne l'aime pas, c'est évident, et l'affaire de la grande roue et du marché de Noël délocalisés de la Concorde (gérée par la Ville) à quelques mètres aux Tuileries (gérées par le Ministère de la Culture) en est un exemple criant, même si personne ne se fait d'illusions sur la crédibilité de M. Campion. Il faut dire que comme chaque été, Paris est plein de travaux un peu partout et qu'il faut zigzaguer entre les barricades barrières. Sans Vélib, sans Autolib, avec un RERlib en travaux... Heureusement il y a Trotinnettelib !

Et enfin, il y a la rentrée scolaire à venir. À partir du 3 septembre. La vraie date de la rentrée et du rush parisien. Angoisses chez certains bacheliers inscrits sur Parcoursup et qui devront attendre les deux derniers jours pour savoir où ils vont aller. Le système veut en effet que l'on puisse retenir ses voeux jusqu'au dernier moment, un peu comme une vente aux enchères à la chandelle, où c'est celui qui se retient le plus longtemps qui gagne. Un effet pervers bien connu et qui sera peut-être corrigé l'année prochaine, mais qui risque cette année de planter la plateforme dans les dernières heures le 5 septembre à cause d'une affluence record, largement prévisible. Pour les autres scolaires, ce sera une rentrée calme avec de belles images à la télé et pleins de stories sur Instagram.

Bon, je vous quitte, je dois aller fair les courses de rentrée avec mon terminaleux, justement. Au moins, il y en a qui ont mis l'été à profit pour grandir d'une ou deux tailles. Damn !!!