jeudi 23 août 2018

Rentrez ou sortez...

C'est bientôt la rentrée mais pas encore tout-à-fait. Parlons un peu de Paris.

Il y a celles et ceux qui sont encore en vacances ou déjà repartis, histoire de ne pas être là au moment où les foules parisiennes se presseront, l'air gauche, dans les transports en commun, qui n'ont rien d'amoureux ou d'une communauté. Ne devrait-on pas plutôt parler, d'ailleurs, de compressions de masse, à la César ? Ceux qui ne sont pas à Paris ratent pourtant le faible rythme de la ville, les troupeaux de touristes suivant leurs guides panurgesquse, maintenant heureusement de plus en plus équipés de casques micro, et leurs moutons dotés d'oreillettes, ce qui est bien pour la tranquillité des lieux, notamment quand plusieurs groupes se bousculent dans le même endroit, au son de leurs criées comme sur le port de Marseille à l'époque de M. Brun. Mais je m'égare (de Lyon) on est à Paris, restons-y.

Il y a ceux qui ne sont pas partis, faute souvent de moyens. J'ai retrouvé mes sdf habituels, à peine déplacés de quelques mètres et dont les affaires n'ont pas été brillantes pendant l'été, faute de clients parlant français. Il y a aussi ceux qui sont faussement partis, par exemple dans les cafés où souvent des équipes de remplacement ont pris la place des permanents. A l'époque des bougnats, c'était ainsi l'échange entre un cafetier parisien allant en Auvergne remplacer le bougnat qui venait le remplacer à Paris. Une sorte échange de cafés pendant les vacances et de vacances loin/près de chez soi. Aujourd'hui, on voit de jeunes serveurs intermittents ne connaissant pas bien leur métier, et encore moins les prix des consommations, obligés de demander aux clients "réguliers" le bon prix.

Il y a ceux qui sont fraîchement rentrés, encore tous décalés : une tenue pas vraiment parisienne, surtout dans les souliers, avec peu de cravates et même presque des vestes de couleur, un bronzage évident et des tatouages frais comme la nuit. Surtout, on les reconnait à leur regard vague, encore émerveillé par les beautés de la ville et en même temps résignés comme des zombies allant de bon matin au point de sang s'abreuver du regard des autres. À leur démarche également, légèrement zigzagante, frétillante même (comme dans Pretty Woman pour les dames, stop wriggling, ou chaloupée chez les hommes). Les codes vestimentaires évoluent en été et c'est aux marges qu'on voit des dommages collatéraux - au début et à la fin des vacances - avec des chocs vestimentaires pas du meilleur goût. Mais enfin ! cessez ce va-et-vient !

Il y a la rentrée politique à venir. Premier conseil des ministres pour chauffer les troupes hier, premières universités d'été ou équivalentes mobilisations, souvent en ordre dispersé, puisque ce qui caractérise cette rentrée c'est l'absence de combats communs. Macron a sa stratégie, qu'on espère aller vers de la gauche, du social et du fraternel, mais il la déroule avec tellement de vitesse que cela ne laisse pas à ses (nombreux) opposants le temps de respirer entre deux combats. Les affaires de cet été n'ont servi qu'à remplir les colonnes des médias dans une époque post coïtale coupe du monde de foot largement inintéressante. Les médias annoncent une rentrée difficile pour l'exécutif. À voir ! Les arbitrages budgétaires seront connus très vite, puisqu'en août ce sont les cabinets ministériels et les hauts fonctionnaires qui bossent sur le budget. L'ordre des annonces sera crucial puisque c'est lui qui créera la bonne (ou la mauvaise) atmosphère en attendant la prochaine échéance électorale au printemps 2019 pour les européennes.

À Paris, ça sent de plus en plus mauvais pour Anne Hidalgo, même si les municipales ne sont que dans 18 mois. Sauf si elle arrive à diviser encore un peu plus ses nombreuses oppositions, il y a peu de chances pour elle de se faire réélire. Macron ne l'aime pas, c'est évident, et l'affaire de la grande roue et du marché de Noël délocalisés de la Concorde (gérée par la Ville) à quelques mètres aux Tuileries (gérées par le Ministère de la Culture) en est un exemple criant, même si personne ne se fait d'illusions sur la crédibilité de M. Campion. Il faut dire que comme chaque été, Paris est plein de travaux un peu partout et qu'il faut zigzaguer entre les barricades barrières. Sans Vélib, sans Autolib, avec un RERlib en travaux... Heureusement il y a Trotinnettelib !

Et enfin, il y a la rentrée scolaire à venir. À partir du 3 septembre. La vraie date de la rentrée et du rush parisien. Angoisses chez certains bacheliers inscrits sur Parcoursup et qui devront attendre les deux derniers jours pour savoir où ils vont aller. Le système veut en effet que l'on puisse retenir ses voeux jusqu'au dernier moment, un peu comme une vente aux enchères à la chandelle, où c'est celui qui se retient le plus longtemps qui gagne. Un effet pervers bien connu et qui sera peut-être corrigé l'année prochaine, mais qui risque cette année de planter la plateforme dans les dernières heures le 5 septembre à cause d'une affluence record, largement prévisible. Pour les autres scolaires, ce sera une rentrée calme avec de belles images à la télé et pleins de stories sur Instagram.

Bon, je vous quitte, je dois aller fair les courses de rentrée avec mon terminaleux, justement. Au moins, il y en a qui ont mis l'été à profit pour grandir d'une ou deux tailles. Damn !!!


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