jeudi 16 avril 2015

Harcèlement sexiste et #plutôtsympa

Bizarre ce titre... et pourtant.

Pour ceux qui ont raté un épisode, il s’agit du harcèlement des femmes par les hommes, dans la rue ou dans les transports en commun principalement. Le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes vient de rendre un premier rapport/avis sur ce phénomène dans les transports (pdf ici).

Avec une conclusion imparable : 100% des femmes ont été harcelées ou pire victimes de violences sexuelles au moins une fois dans leur vie, beaucoup pendant qu’elles étaient mineures. Une réalité difficile à entendre et à comprendre pour les hommes qui ne veulent pas admettre de tels comportements.

Dans le même temps, une femme habituée de propos machistes contre les femmes, Sophie de Menthon,  s’est fendue d’un tweet dans lequel elle trouve que se faire siffler dans la rue est plutôt sympa... Ce qui a déclenché a contrario une campagne de tweets avec le hashtag #plutôtsympa pour justement dénoncer toutes les formes de harcèlement sexiste. Et non, je ne la harcèlerai pas en disant que cela ne doit plus lui arriver souvent...

C’est un sujet délicat à aborder sereinement. Suivant le moment où vous êtes, homme et femme, et suivant celles et ceux qui vous entourent, chacun va en parler de manière différente. Avec un grand sérieux docte, avec un militantisme énervé, avec un sourire narquois ou avec une violence assumée.


Un collectif, Stop Harcèlement de Rue, a intelligemment détourné une affiche de la RATP pour alerter sur cette question. Ils publient également des conseils de bon sens. A lire.

Evidemment, tous ceux qui ont été agressés ou témoins d’une agression - même d’un vol - savent que le coupable « professionnel » va toujours adopter la même attitude : insulter la victime en parlant très fort (mais pour qui elle se prend, la folle...) intimider en bougeant et partir en gueulant. La plupart des témoins n’ayant rien remarqué avant, ou n’ayant rien voulu remarquer c’est pareil, risquent alors de se ranger du côté de celui qui gueule le plus, l’agresseur. C’est un cas classique enseigné dans toutes les bonnes écoles de pickpockets et autres truands. Le problème n’est pas tant les « professionnels » mais le tout-venant, l’usager normal qui se croit plus fort que les autres... et qui aura du mal à supporter la honte du regard des autres après un tel esclandre.

Agir comment, alors ? Par une attitude de chacun à chaque instant, et je m’adresse plus particulièrement aux hommes, tentés par ça ou témoins ? Par des actions publiques portées par le gouvernement (et ses femmes ministres), et lesquelles ? Par l’humour, par le mépris, par le ridicule ? Par le théâtre dans Polyeucte, Acte I, scène 1 « Et le désir s’accroît quand l’effet se recule » ?

Certains essayent l’amalgame en assimilant ces pratiques de harcèlement à la drague classique qui avance ou pas selon un accord qui se forme progressivement entre les deux parties. Il y a pourtant une différence, mais pas toujours. Je me souviens d’avoir vu un reportage il y a quelques années à la télé sur « comment draguer à Paris aux beaux jours ? » Il y avait une interview d’un mec qui décrivait sa technique à une journaliste : il parcourait les Champs-Elysées et demandait à toutes les femmes seules « voulez-vous coucher avec moi ? ». La journaliste s’était émue et avait dit un truc du genre « Ah ben dis donc. Mais ça ne doit pas marcher votre technique ». Et le mec avait répondu « Détrompez-vous. Ca marche une fois sur cent. Ca me suffit ! »... Et ça avait scotché la journaliste. Il est pourtant clair qu’on était ici dans une technique de harcèlement, pas dans de la drague. Non ?

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