Je passerai sur le fait qu'il fait beau, même si l'eau est encore un peu fraîche pour se baigner sauf quand on est norvégien. Je passerai sur les aventures politiques de la ville, voisine de son ennemie de toujours, Fréjus, tombée aux mains du FN qui a même fait de son maire un sénateur-maire. Ici l'UMP se maintient grâce à un maire bien implanté depuis longtemps. Je passerai sur le fait que la saison commence tout juste ici. On est encore dans les déballages et par exemple, sur la plage, seuls deux des trois restaurants sont ouverts et encore pas tout le temps. Une certaine paresse est toujours présente ici. Même en pleine saison, alors que les touristes se déversent sur la ville, les commerçants locaux font la sieste et ferment tôt, tout en râlant contre ces touristes qui vont acheter dans les zones commerciales loin du centre. C'est comme s'ils voulaient les lacets, les chaussures, la vendeuse et la boutique en même temps.
Pendant les fêtes de Noël, c'est une première ici, il y a eu une grande roue installée au bout du port, à côté de la plage (square Delayen). Une attraction rarissime dans cette ville paisible et très bourgeoise. Aujourd'hui en passant sur cette place, quelle n'a pas été ma surprise de ne plus voir ni la roue ni la frite ! A Saint-Raph, comme on dit, il y a ici depuis des lustres une sculpture bizarre sur cette place, théoriquement unie voile moderne, en métal et assez grande, juste devant la mer. Tout le monde l'appelle "La Frite" car elle ressemble vraiment à un bonbon Haribo ou à une frite industrielle, comme celles qu'on trouve au MacDo quelques mètres plus loin. Il s'agit d'un petit nom affectueux pour une sculpture que personne ne comprend vraiment.
Seulement, horreur, ils ont dû démonter la frite pour installer la roue. Et ils viennent d'enlever la roue !!! Il n'y a donc plus ni roue ni frite à Saint-Raph... L'horreur absolue !
La question qui se pose est évidemment celle-ci, avec son corollaire : la frite reviendra-t-elle, et quand ? Vous comprenez mon émotion j'espère. Lorsqu'un symbole disparaît, aussi moche soit-il, c'est quelque chose de profond qui change. Je ne sais pas comment me consoler. Je ne suis pas encore arrivé à savoir si la frite reviendra. Mais je vais enquêter, c'est trop grave.
En attendant, sous le choc, il n'y a que deux choses à faire : vous montrer une photo de la frite telle qu'elle était avant, et aller boire un pastis. J'y vais de ce pas, car il vaut mieux siffler un apéro que d'entendre siffler le train, disait Richard Anthony qui est décédé hier dans le Var justement.
Que ceux qui croient qu'il ne se passe jamais rien en Méditerranée se débouchent les yeux et les oreilles, et ne fassent pas comme les fonctionnaires européens qui laissent tous les jours mourir des réfugiés en mer, noyés dans l'eau et le sel, sans même une frite à manger.
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