lundi 22 février 2016

David contre Boris : Break it ?

Revenons un peu sur les négociations entre l'Union européenne et le Royaume Uni. Deux usages du mot Union qui veulent dire des choses radicalement différentes, n'est-ce pas ?

La négociation fleuve entre britanniques et européens (?!?) a donc accouché, après de longues heures d'un travail plus lourd qu'annoncé, d'un accord qui satisfait a minima les deux parties. Le Conseil européen et sa commission sont fiers d'avoir trouvé un accord qui ne cède pas à toutes les demandes de David Cameron, et ce dernier est content car il peut maintenant lancer officiellement son référendum (prévu le 23 juin, en plein Euro 2016 de foot, le lendemain du dernier match de poule Italie - République d'Irlande – Groupe E, à Lille en plus...).

Sur les clauses, il y a tout et son contraire : Bonne analyse de l'Express ici sur le "statut spécial" obtenu par Cameron (et suspendu au référendum) : clause de sauvegarde sur les aides sociales pour les immigrés (en général d'Europe de l'est) pendant sept ans, carton rouge pour ne modifier les institutions et traités que si 55% des parlements nationaux les votent,  rôle de la City londonienne confirmé pour la finance mais sans droit de veto. Evidemment tout sera dans la lecture détaillée du jargon de la technostructure européenne. Prévoir un diplôme spécialisé pour y comprendre quelque chose.

David Cameron est donc maintenant en campagne pour quatre mois. Une campagne officiellement pour le in ou le out. Brexit ou pas ? Oui ou non ? Non ou oui ? Tout dépendra de la question. Petite incidente statistique en passant : il y a toujours un biais quand on pose une question dans une enqu^te, un sondage ou un référendum. En France par exemple, on a tendance à répondre statistiquement plutôt non, quelle que soit la question (si, si, je vous jure, c'est un fait connu des statisticiens). Mais au Royaume-Uni, c'est le contraire. On répond plutôt oui. Donc le résultat du référendum ne sera pas le même suivant la question :
- "Voulez-vous rester dans l'UE avec les aménagements proposés ?"
- "Voulez-vous quitter l'UE malgré les aménagements proposés ?"
Et comme cela peut se jouer à quelques points...


La campagne sera en fait très britannique. La liberté de vote a été rendue aux politiciens. Plusieurs membres du cabinet conservateur de Cameron, dont son ami le Ministre de la Justice, se sont déjà déclarés pour le Brexit (donc contre le maintien dans l'UE). Y compris des ténors du parti au pouvoir. Sans compter l'influent maire de Londres, Boris Johnson, qui a rejoint le camp anti-Cameron. Oui, car au-delà de la bataille européenne, il s'agit bien d'une bataille de pouvoir - comme en 2013 - au sein du parti conservateur. Bonis est donc officiellement candidat à la succession de David. Comme quoi, l'Europe a bon dos devant les ambitions des politiciens... et pas seulement de l'autre côté de la Manche. Les arguments de Boris sont en effet imparables et très british : « Il ne faut pas confondre les merveilles de l’Europe, les vacances en Europe, la nourriture fantastique et les amitiés avec un projet politique qui est en marche depuis des décennies et menace maintenant d’échapper au contrôle démocratique ». Business as usual.

Boris

Les écossais, qui ont raté récemment leur référendum sur l'indépendance, menacent déjà de lancer un autre référendum pour réclamer l'indépendance de l'Ecosse si le Brexit est voté. Ils se déclarent depuis longtemps, en effet, beaucoup plus européens que leurs compatriotes du sud. De là à voter pour le Brexit pour ensuite voter leur propre indépendance ? Ce serait un calcul dangereux... mais malheureusement possible.

Pendant ce temps, François est dans les territoires français du Pacifique pour la semaine, en plein cyclone Winston. Un coup monté des anglais ?

a) Le cyclone Winston aux Fidji ?
b) L'Europe après le Brexit ?
c) David après une baffe de Boris ?

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