vendredi 25 octobre 2013

e-spion

Quelques mots rapides du Conseil européen. Un Conseil qui était parti pour être un autre machin sans saveur mais qui est tombé en pleine affaire d'espionnage d'Etat. Ce Conseil était donc sous surveillance, dans tous les sens du terme. Qu'en est-il sorti en fait, sur ce dossier du numérique ?

Pas grand chose en fait. Résumé officiel en anglais ici.

Sous la rubrique "Intelligence", il faudrait plutôt parler d'espionnage mais ce mot fait trop bête visiblement, on trouve une courte déclaration affirmant que malgré les liens étroits entre Europe et USA, ces relations doivent être basées sur le respect et la confiance, y compris entre services secrets.
A mon avis, ça ressemble fort à un oxymore, tant il y a d'incompatibilités entre secret et confiance.

Il n'y a donc pas de condamnation globale mais l'affirmation que la France et l'Allemagne vont chercher à avoir des rencontres bilatérales avec les USA pour élaborer une compréhension mutuelle dans ce secteur. D'autres pays sont bienvenus, mais n'ont visiblement pas voulu être en première ligne. C'est une petite victoire. Pas bien grande. En effet, les discussions sur un accord commercial entre Europe et USA vont continuer comme si de rien n'était. C'était ça l'enjeu.

Les anglais n'ont pas pipé mot. Ils sont dans une position intenable longtemps, amis du premier cercle des USA et espions eux-mêmes de pays comme l'Italie par exemple. En tous cas, puisqu'il y aura des discussions, elles seront suivies avec intérêt, mais il semble bien qu'on assiste à un enterrement de première classe... jusqu'aux prochaines révélations issus des fichiers de Snowden, comme des listes de gouvernants écoutés ou d'autres joyeusetés.

Comme l'ont relevé tous les observateurs, c'est bien le rapprochement Franco-Allemand qui a été la vraie surprise, les Anglais étant de facto obligés de se taire un peu. Maintenant que les élections allemandes sont passées et qu'Angela est en train de finaliser une alliance avec le SPD qu'affectionne particulièrement François, le moment est bien choisi pour relancer une coopération ou une politique commune. C'est au moins un effet positif des espions américains, certainement pas voulu !

Sur le sujet du numérique (hors cette dimension "intelligence") la déclaration finale enfonce des portes ouvertes :

- il faut investir dans les infrastructures au service du numérique et déployer rapidement les nouvelles technologies
- il faut progresser sur la question des taxes : quelles taxes appliquer aux géants américains et autres, et comment harmoniser les positions diamétralement opposées entre paradis et enfers fiscaux.
- il faut mettre en place un marché unique numérique avant 2015, incluant les problèmes de droit d'auteur et de copyright, d'identification
- il faut moderniser les administrations publiques (ne souriez pas)
- il faut former les jeunes en piquant des budgets à des fonds structurels et d'investissements a priori pas faits pour ça. L'éducation deviendrait-elle un investissement enfin ? Si c'est vrai, alors ce Conseil Européen est à marquer d'une grosse pierre blanche.
- il faut développer la recherche et l'exploiter, plutôt que d'être un lieu de commercialisations de technologies pensées ailleurs.
- et évidemment il faut libéraliser les services. L'Europe reste libérale au fond d'elle-même.

Rien de bien folichon. Des bonnes intentions à valider lors du Sommet européen à la fin novembre. Ce Sommet qui entérinera normalement les discussion d'association avec l'Ukraine que, soit dit en passant, la France espère bien avoir éliminée quelques jours avant ;) C'est du foot.

La parenthèse numérique se referme donc. Vous pouvez arrêter d'enregistrer, messieurs de la NSA. Non mais, nous aussi on a des espions. Et tant qu'à faire il vaut mieux être espionné par ses propres espions, non ?


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