vendredi 18 novembre 2016

Vive le sport sur table

Non, non, je ne parlerai pas aujourd'hui du Poker qui se joue de plus en plus autour de tables enfumées avec des joueurs abièrés qui pissent partout dehors, comme Place Clichy. Je ne parlerai pas non plus des négociations qui décident sur table et sur tapis vert de la manière dont un classement doit être modifié dans un sport quelconque suite à une affaire louche de dopage, de triche ou de corruption.

Je parlerai de deux immenses sports qui vivent ce week-end des championnats en France.

D'abord le Subbuteo, inventé en 1947 et qui tente de ressortir de l'oubli depuis quelques années sous l'impulsion de son fabricant évidemment et de passionnés, ainsi que d'ambassadeurs comme le mari footballeur de la sublime Adriana Karembeu, qui est passé du grand football en 1998 au petit football... Question de doigté. Le Championnat de France qui est organisé ce samedi et dimanche à Sainte-Luce-sur-Loire près de Nantes va faire trembler les tables. Dans cet article de 20minutes on trouve même un lien vers un cours de Subbuteo à déguster, par le champion de France actuel. Le Subbuteo est donc un sport-jeu-art subtil et visiblement pas (comme dans mon souvenir) un jeu de bourrin. Peu répandu puisqu'on parle de 150 joueurs réguliers, ça reste plus qu'un événement insolite.

Mais le roi de la table (verte) c'est le billard, à mon goût. Ce samedi se termine à Bordeaux le championnat du monde du trois bandes. Le billard, c'est un sport-jeu-art qui se pratique de diverses façons et il y a plein de variantes. Comme disait Albert Einstein (mais que n'a-t-il pas dit ?) "Le Billard constitue l'Art supérieur de l'anticipation. Il ne s'agit pas d'un jeu mais d'un sport artistique complet qui nécessite une bonne condition physique, le raisonnement logique du joueur d'échecs
et le toucher du pianiste de concert."

Le billard est un art révélateur de la culture. Je vous présente ici trois d’entre elles mais il y en a d’autres, en Italie ou en Russie par exemple.

Ainsi aux USA, le billard américain qui a été rendu célèbre par l'Arnaquer et Paul Newman est simple à comprendre puisque les billes sont numérotées en gros avec plein de couleurs et de trous et qu'il faut taper fort pour mettre avec sa queue les boules dans les trous. Je fais ici une petite parenthèse sur le langage du billard : on dit billes ou boules selon son humeur, poches ou trous également, et canne ou queue comme on veut, toutes les combinaisons étant possibles. C'est vous qui voyez... Pour revenir au billard américain qui a aussi plein de variantes, le but est d'empocher avant l'autre toutes ses boules, son vrai nom est "pool", comme si on sautait dans une piscine en faisant le plus possible d'éclaboussures. Il s'agit d'un sport de brutes illettrées dominatrices sans tenues vestimentaires particulières.

Le billard anglais, ou snooker, est un billard très différent. Il y a toujours des poches et des billes de couleur, mais elles ne sont pas numérotées et il y a un code de couleur complexe avec plein de rouges rule britannia. Il y a aussi des règles subtiles et bizarres, comme au cricket, et il est souvent impossible de toutes les connaître. Le but au snooker est de gagner, évidemment, mais surtout en essayant de coincer l'autre, notamment en cachant sa boule derrière une autre pour l'empêcher d'avoir un coup facile. Les boules anglaises sont plus petites aussi et le billard plus grand, d'où l'usage plus fréquent de ces chevalets ou de ces prothèses qui permettent de rallonger sa queue. Son vrai nom, Snooker, veut dire piéger en argot anglais, ce qui résume bien le jeu. Il s’agit d’un sport de sournois distingués non daltoniens et vêtus très chic.

Le billard français (ou belge) est un billard simple. Il n’y a que trois boules, une pour chaque joueur et une rouge. Il n’y a pas de trous. La règle de base est simple puisqu’il s’agit que votre boule touche les deux autres (sans faire remuer l’autre, non, non, ça n’a rien à voir). Les variantes sont essentiellement sur les zones où on peut toucher les autres boules (les cadres) ou le nombre de bandes à toucher avant de terminer son coup. Le vrai nom du billard français est la carambole, vieux mot français qui a plusieurs sens comme le savent les fourrés en campagne qui en voient passer des carambolages, soit sur la route à côté soit dans les fourrés eux-mêmes mais c’est une autre histoire. Il s’agit d’un sport d’esthètes simples et élégants avec leurs noeuds papillon pendant les compétitions.

A Bordeaux, on voit donc une compétition de billard à trois bandes, la plus spectaculaire et difficile des variantes. Ca donne envie.

Petit conseil néanmoins aux électeurs de gauche qui voudraient voter à la primaire de la droite : le billard à trois bandes est un art difficile. On peut se prendre un retour de boules en pleine gueule...


Quelques exemples de points marqués au trois bandes (pas pour les débutants)

Le coup de départ au billard (qui est un trois bandes facile, si, si)

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