jeudi 7 novembre 2024

Trump Saison 2 : Et maintenant ?

Bon, ça c'est fait... Donald J. Trump Junior est de retour (Oui, oui, c'est son vrai nom). Yeux mouillés et choc dans beaucoup de visages depuis hier.

C'est un événement important et donc je vous ai préparé une page de Unes de la presse (française et mondiale). Elle a été complétée dans la journée avec les Unes des Amériques, à cause du décalage horaire. 164 Unes déjà (soit une de plus qu'en 2016 lors de sa première élection, ou en 2020 pour Biden) + 72 : 234 en tout...

Ci-dessous, quelques Unes un peu plus surprenantes que toutes celles avec la même photo de Trump avec son doigt pointé :

Les réactions en France sont comiques :

- Chez LFI, en suivant Mélenchon, il s'agit de prouver que seule une gauche extrême, radicale et populaire peut combattre une droite extrême, radicale et populiste... Une méconnaissance de la comparaison entre les USA (la gauche ?) et la France ou l'Europe, mais un discours simple pour expliquer aux suiveurs aveugles que LFI est la seule solution au monde. Une raison de plus de parler d'eux et de se placer comme la bonne référence, les seuls avec un bon programme (le nôtre) capable de répondre à tous les problèmes de l'Univers. Des donneurs de leçons, ravis de la situation, visiblement. Une pensée pour les américains ? Non. Y compris pour les électeurs américains qui ont préféré ne pas voter pour Harris à cause de la Palestine, alors que Trump est encore pire ? Non, évidemment.

- À gauche, malaise pour se dépêtrer de la position d'une gauche molle (Harris = Hollande, ridicule). Une pensée vers l'Europe chez certains.

- À l'extrême droite, satisfaction, mais pas trop visible quand même, vu les relations compliquées entre Le Pen et Trump, alors que l'Italie et la Hongrie prennent les devants en Europe.

- À droite et chez les machinistes qui restent, un espoir européen qui semble être le seul...

Et en Europe justement, un moment bizarre. L'Allemagne entre en crise politique, alors même que Macron et d'autres essayent de relancer une Europe de la Défense et qui serait capable de résister à l'envahisseur russe, avec moins d'aide américaine... Un pari risqué, vu les nombreuses divisions dans l'UE. Un Conseil européen agité à venir, d'ailleurs. Ceux qui alertent sur ce danger sont mal vu des populistes. Normal, surtout pour ceux qui soutiennent ou se foutent de Poutine.























mercredi 16 octobre 2024

Le surréalisme est-il toujours vivant ?

100 ans et un jour depuis la parution du manifeste du surréalisme d'André Breton, autographe sur Gallica ici, ou version sur poesies.net.

"Tant va la croyance à la vie, à ce que la vie a de plus précaire, la vie réelle s’entend, qu’à la fin cette croyance se perd."...

La presse en parle partout, et Libé se prend à rêver à sa survie, sous l'emprise d'autres combats plus actuels. D'autres en parlent, d'artiste à artiste.


En noir et blanc comme il se doit, il y a un siècle.


Lire, de travers comme il se doit



 Le centre Pompidou à Beaubourg a choisi ce moment pour une exposition sur la peinture et les arts graphiques surréalistes et le roi des Belges l'a visitée. Quoi de plus surréaliste que cette photo, parue sur Points de vue, la revue la plus surroyaliste qui existe.



Est-ce que le surréalisme a disparu ? La revue Beau-Arts a une opinion. Tout indique que oui, mais que son influence se fait encore sentir. Je parle bien ici du surréalisme initial, pas du mot qui s'est banalisé pour désigner quelque chose d'absurde, de bizarre, et en tous les cas de surprenant. Bien loin de l'automatisme psychique pur qu'il était à l'origine.


Les automatismes des premiers surréalistes, ou même les contraintes des Oulipiens sont en effet des moyens extraordinaires d'exprimer la pensée, et son fonctionnement réel, et de la dynamiser/dynamiter, ou en tout cas de l'ébranler.

Mais se l'approprier aujourd'hui autour de combats répandus partout, sans participer de ces mécanismes, et clairement un abus de langage. Les TikTok, X/Twitter et autres réseaux sociaux ne sont pas des véhicules utiles pour cela. Ce n'est pas parce qu'on écrit ou publie n'importe quoi qu'on est surréaliste (ou utile).

Il n'empêche. Regarder une oeuvre de Magritte (Ceci n'est pas une peinture) ou d'un autre nous prend encore et toujours à la gorge. Et je ne dis pas ça parce que je vis maintenant en Normandie, pays des pommes.


Le surréalisme n'est évidemment pas mort. Il vit à travers des artistes un peu partout, et des revues, comme Alcheringa. À quoi, à qui sert-il ? Bonne question, merci de l'avoir posée.  Réponse de Jean Tardieu, ami des surréalistes, sans en être vraiment...


Pour conclure (provisoirement bien entendu), juste un mot sur l'écriture automatique, avec un exemple ici. Pour tous les apprentis auteurs, qui osent ou qui n'osent pas, c'est un exercice fascinant. Laisser courir sa plume sur une page (blanche évidemment) ou ses doigts sur un clavier devant un écran (blanc naturellement) est un moment formateur. Je vous y encourage. Pour voir.


samedi 28 septembre 2024

C'est quoi, les veilleurs de Caen ?

Petit interlude entre deux billets politiques, comme un ente-deux toujours utile.

À Caen, où j'habite, une installation artistique (et politique donc) est en cours depuis le 21 mars (équinoxe de printemps) jusqu'au 20 mars 2025, date officielle du début des célébrations du Millénaire de Caen. Chaque jour, un veilleur ou une veilleuse se tient debout dans un petit abri, au sommet des murailles du château, le matin et le soir pendant une heure : une heure à partir du lever du soleil, ou une heure avant le coucher du soleil. Chaque jour des horaires un peu différents, donc. 365 jours, donc 730 veilleurs.

J'y ai participé aussi, parce que j'aime les trucs inutiles donc nécessaires, les surprises même attendues, les beaux moments. Il a fallu être rapide car les créneaux se remplissent vite, en quelques dizaines de minutes, comme pour un concert. Le prochain et dernier créneau pour s'inscrire est le 4 novembre, ici sur le site des Veilleurs de Caen, pour des veilles entre le premier janvier et le 20 mars en 2025.

J'ai choisi le dimanche 22 septembre, au soir, de 18h59 à 19h59, parce que c'était le jour de l'équinoxe. Je vous ai mis en image le texte que j'ai laissé dans le registre des traces des veilleurs. Comme tous les autres, je suppose que le site des traces des veilleurs vous permettra de me voir (horreur !) d'ici quelques jours. J'y explique pourquoi l'équinoxe d'automne est un jour parfait, entre chien et loup pour une telle veille. Mon accompagnateur et ange gardien était un ancien veilleur (comme il se doit) et lui avait veillé le matin du 22 juin, au solstice d'été, la nuit la plus courte de l'année. D'ailleurs, au lendemain de la fête de la musique, sa nuit avait été... disons... courte ;)


Le château de Caen est en plein travaux pour qu'il soit beau pour les célébrations du Millénaire, et c'était très étrange de se promener seuls dans ce vaste chantier entre abri et algeco, avant le coucher du soleil et en pleine nuit pour en sortir. Un moment rare. Unique. Mouillé, car il a plu. La pluie d'avant s'est arrêtée (magiquement) dès que je suis entré dans l'abri. No comment ;)

C'est dans ces moments qu'on réfléchit intensément. D'ailleurs cette veille qui a duré exactement une heure n'aura duré qu'à peine la moitié pour moi, tellement le temps a filé vite. Il était en effet nécessaire de laisser montre et téléphone entre les mains de mon accompagnateur. Et le temps passe à une vitesse différente quand on ne peut pas le mesurer. Même les nombreux clochers de Caen et leurs cloches ne m'ont pas permis de savoir où et quand j'étais. D'ailleurs, qui s'en soucie ?



mercredi 18 septembre 2024

Prédictions, prévisions, espérances, craintes, souhaits, manipulations... Quelques exemples

Lorsque les temps sont incertains, les experts du futur ressurgissent des profondeurs où on les enterre entre deux crises. Et les médias en parlent. Et quand il y en a un qui ressort, les autres reçoivent comme un signal et sortent aussi.  Il y a naturellement des différences, notamment entre prévision et prospective, ou court et long terme, mais des ressemblances sont apparentes.

Aucun parallèle avec l'attaque des pagers du Hezbollah par les services secrets israéliens qui ont explosé tous en même temps à l'occasion visiblement d'un message codé qui aurait déclenché un explosif caché en leur sein. Une éventualité que seuls les écrivains de SF envisageaient ou les experts en espionnage. Un tournant dans les guerres au Moyen-Orient.

Aucun parallèle non plus avec le réveil tous les 17 ans des cicadas aux USA, des cigales qui se réveillent toutes en même temps. D'ailleurs en 2024, il y a deux espèces différentes de cicadas qui émergent et comme elles ont des cycles différents, c'est la première fois depuis 1803. En matière de prévision, on est ici dans l'exactitude et une grande précision. Un peu comme le cycle du soleil tous les 11 ans.

Mais sur d'autres sujets, les experts sont évidemment partagés entre des prédictions opposées, correspondant souvent à leurs désirs. Quelques exemples :

Aux USA, les prévisions sur l'élection présidentielle du 5 novembre se multiplient. Il faut noter celle-ci, en vidéo et intéressante, du Pr. Allan Lichtman, qui s'appuie sur 13 clés et avec laquelle il a prédit exactement les résultats de 9 sur les 10 dernières élections. Je vous laisse découvrir sa conclusion, mais elle est plutôt optimiste.

En Europe, les prévisions sur l'acceptation ou non par le Parlement européen des commissaires fraîchement annoncés reste une possibilité qui déclenche de nombreuses prévisions (Hongrie, Italie ou France, par exemple ?). Evidemment, cela n'intéresse pas grand monde, alors même que c'est un peu notre avenir qui se joue là.

En France, le jeu est évidemment sur "qui sera ministre, avec quels portefeuilles et quelle politique". C'est un jeu banalisé, mais qui agite forcément beaucoup les concernés. Je vous renvoie à un de mes premiers billets de mai 2012 qui est toujours valable.

Et il reste l'affaire de l'élection présidentielle en France. La recevabilité de la procédure de destitution a été acceptée par le bureau de l'Assemblée, grâce à la paresse des députés Renaissance qui avaient préféré dormir lors de l'élection des membres du bureau. Je ne suis pas constitutionnaliste, mais ils s'affrontent sur le bien fondé de cette décision. Pas grave, puisque les votes à venir amèneront au refus de cette destitution (c'est une prévision certaine). L'enjeu est ailleurs, comme quoi les prévisions ne sont jamais neutres, mais servent des objectifs plus ou moins avoués. En l'occurence, la gauche, le NFP, LFI cherche plusieurs objectifs avec cette procédure :

- conforter Mélenchon comme le seul candidat possible de la "gauche" à la prochaine présidentielle. Exit Lucie Castets qui aura duré un été, exit les héritiers officiels de JLM qui avaient été faussement annoncés après la dernière défaite pour faire croire que Mélenchon n'irait pas.

- entretenir le bordel à l'Assemblée et dans les manifs pour donner un os à ronger à tous ceux qui vivent des réseaux sociaux et qui utilisent leur influence.

- démontrer que la gauche n'existerait pas sans JLM (et LFI) puisque tous les mouvements tactiques et stratégiques sont impulsés par lui.

- préparer la fin de la Ve République et l'annonce d'une Constituante pour une Vie République, à la main des élites représentant et conduisant le Peuple. D'ailleurs cela permet aussi d'empêcher toute modification partielle de notre actuelle Constitution : c'est tout ou rien, comme d'hab. Ainsi l'introduction de la proportionnelle est de moins en moins vraisemblable, car elle redonnerait aux autres partis de gauche une indépendance par rapport à LFI : on vote chacun pour soi et ensuite on fait une alliance, c'est très différent de on fait une alliance avant l'élection à ma botte et ensuite on continue. En plus une telle proportionnelle donnerait plus de voix au RN (et aux extrêmes).

Pour vous faire sourire, voici ce que disait Mélenchon en 2016 à propos de la victoire de Trump, en essayant de faire croire à sa vision. Un exercice fascinant de manipulation pour lequel il est très doué.

Finalement, les prévisions sont là pour occuper le terrain. Ce qui compte c'est le vote, l'action et le fait de ne pas se faire manipuler. Dur, dur. Pas facile. Mais ça vaut le coup d'essayer.