Tournant toutes deux dans le sens trigonométrique, l'arobase et la gidouille sont liées par des liens immémoriaux. L'objet de ce billet est de les recenser afin que de pieux universitaires puissent dys-séquemment les disséquer. Foin de discussion, il est urgent de commencer cette enquête entamée il y a bien des années en tant que jeune 'pataphysicien.
Elément Un
Sur la piste du @ dans la Venise du XVIe siècle ROME (Reuters)
Un professeur d'université de Rome a découvert le symbole "@" de l'ère électronique dans des lettres de marchands vénitiens datées d'il y a 500 ans. Le site du quotidien La Repubblica, publie des photographies qui montrent clairement le symbole découvert par Giorgio Stabile au sein d'échanges épistolaires commerciaux entre Italiens et plus particulièrement entre Vénitiens, alors qu'il effectuait des recherches pour l'encyclopédie Treccani. Selon Stabile, la "chiocciola" utilisée au XVIe siècle n'avait pas la signification actuelle mais correspondait à une unité de mesure de l'époque, l'amphore. Aucun symbole ne surgit de nulle part, estime cependant ce professeur. Les Britanniques ont repris le "a" cerclé en lui donnant le sens de "au prix de" (at the price of), ajoute-t-il. Il fut ensuite réutilisé au XXe siècle par Ray Tomlinson, un ingénieur américain qui inventa un système de messagerie électronique pour le réseau Arpanet, précurseur d'internet, et l'inséra entre le nom du destinataire et du serveur hébergeant sa boîte aux lettres électronique au début des années 70. Le chercheur romain déclare avoir besoin d'effectuer des recherches supplémentaires mais soupçonne Leonard de Vinci de l'avoir lui aussi utilisé.
Elément Deux
Une arobase, une arobace, un arrobe, un arobe, une arrabas, une arobas, ou une arrobas ?
Evidemment, l'Académie Française a une opinion :
"Arobase ou arrobe ? Bien que l'Organisation internationale de normalisation ait retenu la forme arrobe pour le français de l'informatique (ISO/CEI-1), l'usage n'est pas fixé quant à la désignation du signe typographique @, traditionnellement appelé a commercial (ligature du a et du d notant ad latin, "à" en français, dans l'écriture onciale des chancelleries, à comparer avec &, et commercial ou esperluette, ligature du e et du t). En anglo-américain, ce signe n'a d'abord été utilisé qu'en comptabilité devant les indications de prix des catalogues, des factures, etc. pour signifier at "à tel prix". En 1972, Ray Tomlinson, inventeur du courrier électronique, le choisit pour séparer le nom de l'émetteur ou du destinataire de celui de l'organisme hébergeant sa machine, d'une part parce qu'il ne pouvait pas figurer dans un nom propre, d'autre part parce que son sens, at, "à", était tout à fait approprié. On rencontre aussi bien arobas ou arrobas que arobase ou arrobase. Les formes en e sont plus conformes à la prononciation française, les deux r étymologiques. On ignore par quels détours sémantiques ce terme nous est venu de l’espagnol arroba, emprunté de l’arabe, qui désigne une unité de mesure d ’Espagne et d’Amérique latine, et qui figure dans divers dictionnaires français sous les formes arrobe ou arobe, qui semblent préférables. On avance cependant l'hypothèse d'une déformation de a rond bas (de casse) plutôt que d'une confusion avec l'abréviation de l'unité de mesure."
Elément Trois
L'expression "à commercial" est à l'arobase ce que le "et commercial" est à l'esperluette (ou la perluète), c'est à dire un ensemble de lettres bavard et sans saveur. Le "at" et le "chez" sont purement utilitaires, donc vulgaires. Même les enfants à l'école utilise le "fois" ou l'"x" à la place du @ : Alors que les comptables écrivaient "3 pièces @ 9 F." les écoliers disent "3 fois 9", chantent do-do-mi-do et écrivent "3x9" alors que les informaticiens nous ont obligé à écrire "3*9".
Question : Mais combien tout cela fait-il ? 27 ? Comme le code de l'apostrophe de la 'pataphysique ? C'est magique.
Elément Trois bis
Utilisé par les comptables pour dire (à, vers, du latin ad), ce symbole, contrairement à la gidouille a été très vite ajouté aux premières machines à écrire, une fois le premier modèle d'Underwood paru vers 1895. Mais que faisait donc Faustroll à cette époque ? Apparu ainsi par tradition sur les claviers de machines à écrire, puis de télétypes puis d'ordinateurs, ce symbole fut détourné en 1972 par l'inventeur du premier message électronique, Ray Tomlinson (cf. supra), car hautement improbable.
Elément Trois Ter
Conjecture de l'auteur
Ray Tomlinson était 'pataphysicien et le symbole choisi était ce qui ressemblait le plus à la gidouille.
(Note de l'auteur : Nous pensons que la publication de cette conjecture doit être prise pour ce qu'elle est : une chance historique pour l'Internet de retrouver sa source 'pataphysique et une occasion pour les optimates et autres 'pataphysiciens de prouver leur valeur en démontrant cette conjecture, par toute méthode, sauf par l'absurde évidemment. Il va de soi que nous publierons toutes les démonstrations et tentatives d'icelles sur ce 'patablog :)
Elément Quatre
L'ar-roubè est le quart en arabe et l'arroba est une unité fondamentale de poids en espagnol, puisqu'elle mesure 12,780 kg et sert à évaluer le poids des taureaux de combat. Question : Si cela veut dire le quart, cela implique que l'unité est de 4 @ 12,780 kg, soit 51,120 kg. Cela me semble bien petit pour un taureau, non ? Merci d'éclairer notre lanterna !
Elément Quatre et quelques
Cela me semblait bien petit pour un taureau, non ? Ma lanterna fut éclairée par Henri qui explique que les poids des toros sont discutés entre amateurs en poids de chair vive (en gros, la carcasse chez le boucher) et s'il dépasse 400kg, on en retire 400kg. Un toro de 950kg pourra par exemple faire 550 kg de chair vive et être désigné comme un toro très moche de 150 kg ! Alors effectivement un taureau de 451,120 kg de chair vive, c'est correct, je m'incline et m'enfuis vivement.
Elément Cinq
Au risque de choquer, le très bon site môme.net propose une autre explication que celle de l'Académie Française. Nous osons vous la livrer telle quelle :
"@ est un a entouré d'un cercle attaché senestrogyre (tournant à gauche) qui était utilisé dans le commerce international pour donner des équivalents monétaires approchés (non exacts à la deuxième décimale); car, à l'époque on ne disposait pas des moyens actuels, tous les calculs se faisaient à la main et de tête, et il était long et fastidieux de calculer des listes de prix (catalogues) à la 3ème décimale. Ce sigle signifiait "around" ou "approached" en anglais, soit "environ", mais en France on disait aussi "approché". C'est peut-être pour cela qu'il a été employé en écriture électronique pour signifier que l'on "approchait" quelqu'un.
A l'époque quand on voulait envoyer une correspondance à une personne dont on ne connaissait que l'adresse de l'entreprise, par exemple on la libellait ainsi: Monsieur Jean DUPONT c/o Ets DUTAPIS 1, rue Principale PARIS 7ème (Seine) les signes "c/o" signifient encore aujourd'hui "care of" équivalent anglo saxon de "aux bons soins de..."
Elément Six
Et dans les autres langues ?
Une seule source d'informations à aller voir d'urgence !!!
Pour vous appâter, quelques traductions de l'arobase à déguster :
Queue de singe, escargot, trompe d'éléphant, ver de terre, queue de chat, miaulement, hareng, queue de cochon, testicule de singe, singe-araignée; petite souris, petit gâteau, petit chien, rose...
Elément Sept
Le Trésor du Félibrige de Fréderic Mistral (dictionnaire provencal-francais, 1878) donne le mot aro-bas, déformation de ala-bast qui devrait s'écrire en graphie occitane actuelle ara-bast. Il s'agit d'un crochet que l'on accroche au bât des ânes...
Question : la forme de ce crochet est-elle de type gidouille ?
Elément Huit
Au XVIIIe siècle, deux exemples d'aunes tirées des papiers d'affaires de négociants en toiles de Laval. Il est étrange de constater qu'Ubu et Laval partagent deux propriétés (Jarry originaire de Mayenne et Ubu de Jarry, palindromes tous deux). C'est également le cas du mot composé gidouille-arobase quand il est dessiné...
(à suivre)
Vous aurez remarqué que la gidouille est absente et omniprésente. A vos plumes !!!
Elémentaire
@ l'auteur,
RépondreSupprimerEst ce que gidouille ne s'écrivait pas plutôt G.I.douille pour une sorte d'acronyme de : 'Grosse Invention qui douille' ?
Ou alors, tapé sur une machine à écrire défectueuse où il maquerait les 't' cela pourrait correspondre au qualificatif d'un admirateur de notre député cérébral :
(ci) gi(t) Douille(t) (David)
Espérant avoir été utile au débat,
Avec mes encouragement dans cette quête du savoir,
Gérald Innocent Douille
Merci, merci pour cet apport précieux qui risque cependant d'énerver le Père Ubu. La quête du savoir est sans fin, comme la gidouille.
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