dimanche 6 janvier 2013

Du temps de cerveau pour... le 6 janvier

Ah, la galette !

Les païens ont introduit cette tradition bien avant les rois mages et l'Epiphanie chrétienne.

Les fameuses fêtes des Saturnales existaient du temps de la Rome antique. Début janvier ou fin décembre, lorsque les jours étaient les plus courts, il fallait faire la fête. C'était l'occasion d'inverser les rôles entre les maitres et les esclaves. Pour un jour seulement, hein, faut pas plaisanter non plus. A cette occasion, le plus jeune allait sous la table (déjà !) et celui qui tirait la part de gâteau contenant la fève (de haricot) était élu Roi du désordre. A la fin de l'orgie, ce serviteur pouvait être exécute (le meilleur roi est un roi mort, comme disait nos révolutionnaires) ou redevenait simple serviteur.
Les dates ont varié évidemment avec le temps, et cette fête a aussi donné lieu aux carnavals, aux jours des fous et autres joyeusetés tout à fait païennes. Saturne était un Dieu quand même.

La fête des rois a toujours prévu une part pour les laissés pour compte, les pauvres, les esclaves. Même les rois de France et d'autres pays utilisaient ce jour pour glorifier leur royauté en affublant de faux habits royaux un pauvre (bien choisi) afin d'affirmer la primauté du Roi, le seul, le vrai ! Encore aujourd'hui, en France et notamment dans le Sud, on réserve une part de la galette (qui peut être une brioche aux fruits en forme de couronne) au pauvre. Certains la donnent encore au plus pauvre qui passe. C'est de plus en plus rare, car il y a de plus en plus de pauvres. Mais c'est là la vraie origine de la galette. A ne pas oublier, même si on mange de la galette pendant tout le mois de janvier, poussé par les sirènes du phare d'Alexandrie marketing boulanger qui nous en propose dès le lendemain de Noël et même avant pour certains !!!

Evidemment qui dit galette, dit fève, donc fabophiles (les collectionneurs de fèves). Il suffit de taper sur Google Images "fabophile" pour voir défiler des collections entières de fèves, bien ou mal rangées. A Avallon cette année, par exemple, coup marketing comme un autre, un restaurant a caché un Napoléon en or dans une de ses galettes.



Mais, l'Epiphanie c'est aussi (ah bon ?) une fête chrétienne. C'est la fin du cycle des fêtes de Noël, 12 jours après le 25 décembre, le temps que les jours rallongent de manière visible (en méditerranée) et le temps de prouver au monde que Jésus est né, qu'il est apparu. Tous les Dieux peuvent connaître une Epiphanie, un jour de leur révélation. D'ailleurs en Grèce antique on disait aussi une Théophanie, quand il y avait plusieurs dieux reconnus. Dans le monde chrétien, l'arrivée des rois mages marque donc cette épiphanie, point d'orgue de Noël et, par ailleurs, excuse pour associer la royauté et la religion, excuse qui a quand même duré quelques siècles et qui continue de ci de là.




Cependant, le fait que ces rois mages aient été des rois est une invention tardive. Qu'ils aient été simplement des nobles étrangers, riches car apportant des biens précieux, est plus simple. Des savants aussi, car entre l'astronomie/astrologie et la philosophie, leur savoir était souvent utilisé à cette époque pour annoncer la venue de rois. Dans la plus pure tradition païenne, évidemment, du devin ou de la fée.

En Arménie, pays important pour les origines de la Bible, et anciennement le pays du Mont Ararat, avant que la Turquie ne l'englobe dans ses frontières modernes, les fêtes de Noël finissent bien à l'Epiphanie, mais elles y commencent aussi. Et pas pour des raisons de calendrier julien ou grégorien uniquement. Dans les pays orthodoxes, Noël est en effet le 7 janvier pour nous à cause de ces treize jours de décalage depuis que le pape Grégoire XIII a décidé dans sa bulle Inter gravissimas que le jeudi 4 octobre 1582 serait immédiatement suivi par le vendredi 15. Et depuis, deux autres jours de décalage ont été ajoutés. En Arménie, pays exceptionnel à bien des égards, Les fêtes de Noël ne durent qu'un jour, aujourd'hui. Joyeux Noël, monsieur Aznavour.

Gérard Depardieu, par exemple, citoyen russe comme les autres, a reçu ce matin dans sa galette un passeport russe comme fève (plastifié on espère) des propres mains propres de Poutine. Bon, là, je n'ai mis qu'une image au lieu de deux, parce que c'est un double roi !






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