lundi 11 mars 2013

Malvinas

Les anglais n'ont aucune raison de changer, donc ils ne changent pas. Et pas seulement au Rugby où ils peuvent prétendre au grand Chelem, alors que la France peut toujours avoir la cuillère de bois (si, si ! Il suffit pour cela de ne gagner aucun match et un match nul n'est pas une victoire).

Le référendum qui a lieu ce dimanche et ce lundi à 13 000 kilomètres de Londres est un cas intéressant à plusieurs points de vue.

Allez faire un tour sur Wikipedia et lisez l'article consacré aux îles Malouines en français, aux îles Falklands en anglais,  ou aux îles Malvinas en espagnol (d'Argentine). Chacun de ces articles raconte une histoire différente. Il ne s'agit évidemment pas de traductions. L'Histoire est toujours écrite par les vainqueurs raconte-t-on. Avec l'Internet, on peut aussi avoir le point de vue des autres, maintenant. C'est fascinant. Reste à aller voir le site de l'ONU et de toutes les résolutions qui ont été publiées officiellement sur ces îles pour voir que la situation est loin d'être régularisée.



Iles passées de main en main, car sans grand intérêt, jusqu'à leur colonisation permanente par des marins de Saint-Malo au début du XIX° siècle, ces îles ont été peuplées de force par les anglais. La découverte de pétrole dans leurs eaux a profondément changé la donne. Ces îles sont devenues stratégiques pour les anglais, et les protestations des argentins voisins n'y ont rien changé. Il y a quantité de territoires, souvent des îles, dans ce cas dans le monde. Il y a aussi des îles contestées et des frontières qui déclenchent des guerres. Mais le cas des Malouines reste l'un des plus absurdes.

En 1982, il y a un peu plus de trente ans, la Dame de fer anglaise de l'époque avait décidé d'envoyer ses troupes pour défendre "l'invasion argentine" contre ces possessions britanniques depuis ... 150 ans. 900 morts plus tard et quelques minutes de gloire pour les missiles français qui avaient réussi à couler un bateau anglais, dans une sorte de tango trafalgarien inversé, la situation était redevenue comme avant : Une colonie de plus soutenue par son pays colonisateur dans le monde. Madame Thatcher en avait tiré une gloire énorme auprès de ses électeurs.



En 2013, sans aucune raison de le faire à cette date, le gouvernement anglais provoque donc un référendum d'auto-détermination pour savoir si ces îles doivent ou non rester anglaises. Vu leur grande population uniquement anglaise, 3000 habitants et la moitié d'électeurs, la victoire du "Yes" est acquise. Seul le taux d'abstention sera important. Quelques centaines d'anglais vont donc décider d'une affaire qui pourrait n'intéresser qu'eux.

Oui, mais.

Cette année est une année électorale importante pour David Cameron, qui cherche à mettre toutes les cartes de son côté et l'ombre de la Dame de Fer est un endroit confortable à notre époque où les nationalismes ressurgissent partout, au Royaume (pas si) Uni (que ça). David Cameron a annoncé qu'il quitterait l'Europe s'il est réélu et que l'Europe ne s'adapte pas à lui. L'Amérique latine, ébranlée par la mort de Chavez, cherchera à reconstituer une image et à montrer sa force, même si l'Argentine n'est une puissance  que sur le papier. Les Nations-Unies qui ont recommandé d'organiser une consultation sous leur égide se sont faits doubler par la vitesse des anglais qui n'avaient aucune raison de bouger aussi vite. Cette histoire n'est pas que du marketing pour ces îles du bout du monde.

Z Lartiste a un avis là-dessus.



La France aussi a des territoires d'Outremer, et même un ministre (qui aime bien Chavez). Ces territoires ne sont réclamés par personne d'autre, à ma connaissance. Ils pourraient devenir indépendants, ce qui est une autre histoire. On ne peut pas comparer.

Pour le pape, il y aura deux argentins électeurs, un anglais et un irlandais. Ils ne devraient pas voter sereinement. Alors mardi, au moment où les cardinaux entreront en conclave, et où les résultats de ce vote seront connus, on aura une pensée émue pour les acteurs de cette pantomime dont les fils sont tirés à Londres par des gentlemen businessmen englishmen.




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