vendredi 5 avril 2013

Sous la plage, les fuites

On connaissait le "Sous les pavés, la plage" de mai 68. Heureuse époque de contestation en pleine trente glorieuses. Depuis, et on a eu beau gratter il n'y a pas beaucoup de plages là-dessous. A Paris, il y a plein de sable et dans certains quartiers des ossements autres vestiges archéologiques à chaque nouveau trou creusé. Mais pour la plage...

Pour la plage, il faut aller dans les paradis fiscaux. La plupart sont dans des îles (c'est plus facile de leur accorder une autonomie et de voir venir les visiteurs) car il y fait chaud et bon. Les palaces y prospèrent, les banques aussi. Evidemment il y a aussi des paradis fiscaux sans plage, mais ils sont alors petits (du Lichtenstein au Luxembourg). La Grande-Bretagne aussi est une île...

Et alors que sur les plages, il y a beaucoup de soleil et encore plus d'ombre, la discrétion est de rigueur. Pas de fuites. Tout va bien. Des trous noirs, comme disent les spécialistes.

Patatras dans le joli monde des investisseurs qui y vont (en toute légalité d'ailleurs): L'affaire Offshore Leaks vient d'éclater après quelques semaines d'enquêtes silencieuses, depuis la remise anonyme à un journaliste militant d'un disque dur plein de données ultra confidentielles. On en parle depuis hier et on n'a pas fini d'en entendre parler. Certaines chaumières vont commencer à trembler. Et encore ! Ces données ne concernent que deux "entremetteurs", agences au Caïman et à Singapour. Il y en a plein d'autres.

En France on attend des noms très bientôt, plus d'une centaine visiblement. On a déjà des documents absolument hilarants comme celui-ci, révélé par le groupe Le Monde sur la BNP. Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer cette diapo ici aussi



Magique, non ?
Evidemment il y a les pour (un consortium de journalistes et de grands journaux internationaux) et les contre, en Suisse par exemple.

Je ne crois pas qu'il s'agisse d'un pétard mouillé.

Par contre il est intéressant de voir le développement de ces affaires de Leaks (fuites), et pas seulement sous les plages des paradis fiscaux.

On parlait dans le temps des Gate (Watergate, Irangate...) pour des enquêtes journalistiques qui osaient aller jusqu'au bout.
Il y a eu WikiLeaks sur les révélations liées à l'armée américaine, avec un ou plusieurs militaire à l'origine.
Il y a eu VatiLeaks pour la même chose au Vatican avec des goupillons au lieu des sabres et des sables.

Il y a donc maintenant Offshore Leaks. Que de fuites ! Que de journalistes d'investigations. A chaque fois des manipulateurs sont soupçonnés et des manipulés protestent d'autres manipulations.

Finalement, ce sont les journalistes et la presse qui sortent vainqueurs, ainsi que les groupes de militants anonymes sur l'Internet.

Dommage que toutes ces affaires de portes et de fuites ne s'écrivent pas en français ? Comme si les francophones étaient à la traîne des américains ou même des italiens. La presse serait-elle moins libre chez nous ?

PS : On en parlait hier (Discours important de François au Maroc) : RAS, trop de friture sur la ligne, pas d'éléments intéressants sur l'Afrique ou la Syrie. Un coup pour rien. Discours à oublier.
Comme on va oublier le chameau malien offert à François et qui a fini entretemps par être mangé...

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