lundi 11 novembre 2013

11 novembre triste

Célébrations un peu partout en France pour un 11 novembre un peu particulier qui marque le début du centenaire de la guerre de 14, étalé toute l'année à venir. On attend pour 2018 des célébrations plus fortes évidemment, mais il s'agit d'un autre quinquennat.

François avait tenu un discours très remarqué la semaine dernière sur le devoir de mémoire dans lequel il avait habilement associé la guerre de 14 et les autres. Même Copé avait salué ce discours, c'est dire. Rebelote aujourd'hui où il rend également hommage aux résistants de la deuxième guerre, 25 ans après, qui avaient défilé par exemple le 11 novembre 1943 à Oyonnax. Mélange des guerres, car la guerre est universelle. Mélange des guerres également pour marquer qu'en France nous avons deux célébrations, le 11 novembre et le 8 mai, et qu'elles sont bien séparées, même si beaucoup voudraient alléger le mois de mai d'une fête.

11 novembre particulier aussi . Un bilan lourd : un député poignardé pas loin de Marseille pendant ces cérémonies, François hué à Paris sur les Champs-Elysées par un ensemble de râleurs avec bonnets rouges, drapeaux de la Manif pour tous et activistes dissous d'extrême droite. Même Marine Le Pen a dû se désolidariser de ces manifestants, même les bonnets rouges officiels ont dit qu'ils n'étaient pas associés. Il est vrai que lorsque les barrières tombent autour de ce type de célébration nationale et que les opposants (qui ont le droit de s'opposer) vont aussi loin, on peut se poser des questions.

Un vase peut déborder avec une seule goutte d'eau et un barrage tomber avec une petite force marginale au bon moment. Mais quand les bornes fixées et acceptées par tous sont foulées aux pieds, il n'y a que deux attitudes possibles : soit espérer la venue du grand soir pour changer de système, soit se rendre compte que les limites sont franchies et se calmer. Malheureusement, les appels au calme lancés pendant une crise ne sont jamais entendus et ils attisent même souvent le feu.

Nous sommes donc officiellement entrés dans une période de protestations violentes à tout propos. Ça ne peut que s'empirer, puisque les pyromanes qui y poussent semblent dépassés par les flammes qu'ils ont créées. C'est regrettable, mais c'est un fait. Tout organisateur d'événement, quel qu'il soit, même bonhomme, apolitique ou incontestable, doit donc savoir que ces choses sont possibles et de plus en plusfréquentes et doit donc prendre des mesures préventives. La France rejoint ainsi les pays où ces phénomènes sont courants. Attention à ne pas rejoindre les pays qui prennent tellement de mesures préventives contre ces extrémistes que la liberté générale en pâtit. Le chemin est étroit, plus étroit que la muraille de Chine.

On a toujours aimé manifester en France. Il y a en fait une sympathie naturelle pour les manifestants, même indépendamment de leur objet de contestation. Après tout, c'est un droit et donc on l'exerce ! Mais la multiplication de manifestations de ce type ne peut que diminuer la sympathie pour ces manifestants, mais aussi pour tous les autres. Ces signes de "violentisation" de la société sont évidents. Est-ce cela que nous voulons ? Que les opposants à une politique fassent tout pour la combattre, ok. Dans la rue aussi, ok. Dans les urnes aussi évidemment. La radicalisation me fait trop penser à la situation où l'on a rien à perdre, comme dans de nombreux pays en développement où chacun joue une carte personnelle, et où les manifestations de guérilla prennent le pas sur les grandes manifestations populaires.

A Oyonnax, François a dit : "Aimer la France, ce n'est pas un sentiment nostalgique, ce n'est pas une célébration du passé, de ses gloires comme de ses drames. Aimer la France, c'est croire en ses atouts, en ses capacités, en ses talents, en sa jeunesse, en son école. Aimer la France, c'est la vouloir plus forte pour relever les défis, plus solidaire pour n'oublier personne, plus confiante pour prendre pleinement sa place dans le monde. Aimer la France, ce n'est pas l'enfermer, la recroqueviller, lui faire peur. Aimer la France, c'est l'élever, lui dire la vérité, la mobiliser pour lui donner confiance. Aimer la France, c'est offrir à chacun la possibilité de réussir sa vie et donc de pouvoir aussi servir son pays".

C'est un jour férié pas comme les autres aujourd'hui. Triste. A marquer d'une pierre tombale.

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