"Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port"
Il n'y aurait que quelques survivants dont deux auraient raconté leur enfer et le sabordage par les passeurs (qui voulaient être payés plus évidemment). Ce meurtre de masse, s'il est avéré, est un paroxysme dans ce phénomène régulier et devenu tristement banal pour la plupart des médias et des décideurs.
Alors je ne résiste pas à l'horreur et vous recopie ici, pour la beauté, un message reçu ce matin d'un ami poète, Marc Delouze, que vous trouverez ici.
Pour vous, chers amis, en signe de rentrée…
ce poème terminé la nuit dernière, qui rend compte du heurt de 2 réalités :
· je rentre d’une semaine à Malte, où j’étais invité pour un festival de poésie, baignades comprises…
· la noyade de 500 migrants, il y a 2 jours, au large de Malte
comme si la poésie ne pouvait que s’insurger contre elle-même, parfois…
Marc Delouze
Valletta fiction
Tu crois que c’est la mer
Tu crois que c’est de l’eau
Mais ne sont que des mots
Qui enflent comme vagues de sable
Dans le dur désert du désir
Tu crois que c’est une ile
Tu crois que c’est un port
Tu crois ce que tu regardes
Mais tu ne vois que ton regard
Et n’entends que l’écho de ta propre voix
Tu crois que c’est la pierre
Tu crois que c’est la ville
Mais ce n’est qu’un décor
Pour un théâtre de souvenirs
A venir
Alors tu as plongé crois-tu dans le poème de la mer
Mais c’est l’Enfer qui t’a reçu
Et tu as bu à la source de la honte
Où l’Europe a coulé comme un os sans sépulture
Si ce n’est le silence abyssal d’Homère
Tu crois que c’est la mer
Tu crois que c’est de l’eau
Mais ce ne sont que des cris engloutis
Sous la houle de terreur
Qui désespère d’un quelconque rivage
Malte, septembre 2014
Marc Delouze
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