lundi 30 mars 2015

Socialifuge ou socialipète ?

Késaco ? Vous connaissiez peut-être les forces centrifuges et centripètes qui nous retiennent ainsi que nos satellites autour de la Terre. Hier avait lieu le deuxième tour des départementales et la question se pose nettement au PS maintenant. Petite analyse.

La défaite du gouvernement est totale, même si moins pire qu'attendue par ceux qui s'attendaient au pire. Celui qui a gagné est clairement Sarkozy et sa ligne anti-tous les autres, qui a réussi à absorber l'UDI et à tuer un centre avec des velléités d'indépendance. Le Front national a prouvé qu'il était présent dans beaucoup plus d'endroits que prévu, comme troisième force (ou deuxième ou première selon les décomptes et les interprétations). On notera quand même que la gauche a conservé Paris - cocorico, même si on n'y votait pas...

A gauche, la division a produit ses effets centrifuges - socialifuges - comme toutes les divisions, a fortiori dans un mode de scrutin non proportionnel. Dans ce type de scrutin, toute division est suicidaire, mais les politiciens ont la mémoire courte et une capacité d'écoute très faible. A droite, a contrario, l'unicité des listes UMP-UDI a été pour beaucoup dans le succès, dans une logique centripète.

A droite, il n'y a pas plus de ligne qu'à gauche, celle de Sarkozy n'étant pas (encore) claire et les divergences profondes entre centristes et aile droite. Mais il y a rassemblement "contre" quelque chose de précis : le gouvernement et depuis peu François lui-même car c'est évidemment la cible principale en vue de 2017. A gauche, il y a plusieurs lignes, mais pas moins qu'à droite, et il y a également divergence sur le combat "contre". Contre quoi en fait ? Contre le gouvernement pas assez à gauche ? Contre la montée du FN ? Contre la droite "républicaine" ? Contre les diviseurs socialifuges ?









Cette analyse astronomique est simpliste. Autant pour nous maintenir sur une planète qui tourne, il faut un équilibre des forces centrifuges et centripètes, autant en politique, pour maintenir en vie une coalition, faut-il savoir équilibrer ces forces... Ainsi la course à l'échalote qui consiste à augmenter la force centripète pour contrebalancer des forces centrifuges qui se développent (notamment lorsqu'il y a défaite) est une course dangereuse. Et encore ! Le problème est relativement simple avec deux corps (la Terre et vous par exemple) mais il devient nettement plus complexe avec trois corps - même en astronomie. Avec trois partis + une nébuleuse en coalescence à gauche, le problème devient quasi insoluble.
où C=François, A=l'électeur indécis et R=la taille de la gauche

La situation sera différente pour les élections régionales car la proportionnelle y existe réellement et le panachage des listes y est possible. Les troisièmes tours (élection des présidents et exécutifs) y seront plus importants car pour les départementales tout semble réglé sauf dans le Vaucluse où le FN détient une minorité de blocage.

Mais les élections régionales sont dans un peu plus de 8 mois et ensuite cela sera le grand saut jusqu'à 2017 (présidentielles, législatives). Cela laisse 8 mois au gouvernement pour 1) être remanié rapidement 2) agir comme bon lui semble. Ouf, un peu de tranquillité après un hiver 2014-2015 horrible !

Donc on attend un remaniement, un nouveau parti à gauche sous la houlette de Mélenchon qui n'a pas pris sa retraite, contrairement à une vague promesse déjà ancienne, et une politique continuée jusqu'à 2017. Car comme l'a dit notre ministre de l'éducation sur un plateau télé hier soir "pourquoi changer maintenant ?"... On appelle ça le piège abscons (attention à bien prononcer, les universitaires ont parfois un sens de l'humour un peu potache) : quand on attend le bus depuis longtemps, pourquoi commencer à marcher puisque sinon on aurait perdu tout ce temps pour rien... Le problème est de savoir si la croissance est un bus (qui finira bien par arriver sauf s'il y a grève ou détournement de ligne) ou si elle est comme Godot dans le désert des tartares, un fantasme qui arrivera peut-être.

La gauche a mal mais finalement elle a deux ans pour gouverner maintenant, sans vraie anicroche devant elle. A voir ce qu'ils en feront !

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