vendredi 19 juin 2015

On trouve tout à la Samaritaine, même un nouveau paysage urbain pour Paris

La saga de la Samaritaine semble terminée. Après des épisodes en cascade et un magasin emblématique de Paris fermé depuis plus de dix ans, les permis de construire pour le nouvel ensemble ont été définitivement validés par la plus haute autorité administrative en France, le Conseil d’Etat.

Le groupe LVMH va donc pouvoir construire sur ce vaste ilot qui joint la Seine à la rue de Rivoli un complexe varié, dont on retiendra trois éléments :

- Un palace, pour la façade sur la Seine qui va être adaptée et qui devrait s’appeler le Cheval blanc (comme à Honfleur ?) car Paris en Manque et cet endroit dispose d’une des plus belles vues de Paris. On y voit le Pont des Arts enfin débarrassé de ses hideux cadenas, l’île de la Cité et les immortels décatis de l’Institut. Ceux qui sont âgés et qui se souviennent être allés sur le restaurant de la terrasse de la Samaritaine pousseront un soupir d’aise et de nostalgie. On y imagine déjà un restaurant étoilé.

- Un passage couvert « à la parisienne » qui serpentera entre Rivoli et la Seine, agrémenté de coupoles anciennes, et certainement plein de boutiques de luxe. Un hommage aux passages revisités.

- Une façade de presque 75 mètres sur la rue de Rivoli. La fameuse façade en verre ondulé. Ceux qui la dénoncent la comparent à un rideau de douche. Les architectes à une sublimation du mouvement irrégulier des fenêtres des anciens bâtiments dans un matériau noble, le verre. C’est à cause de cette façade que les justices administratives se sont déchirées. Les associations locales voulant la faire interdire car non compatible avec le côté haussmanien obligatoire de la rue. Les architectes, la Ville et le procureur plaidaient au contraire pour la possibilité pour la Ville d’autoriser des bâtiments remarquables au plan architectural.


C’est sur ce dernier point que le jugement du Conseil d’Etat est historique, pour Paris. Il devient possible de construire quelques bâtiments emblématiques, même s’ils ne sont pas totalement alignés avec l’esthétique du coin. Que serait Paris sans la Tour Eiffel, la Pyramide du Louvre, le centre Pompidou ? La Tour Montparnasse ? (Euh, je retire pour ce dernier bâtiment giscardien et qui n’a qu’un mérite, sa terrasse sur le toit d’où l’on a une très belle vue sur Paris avec un avantage sublime : c’est la seule vue de Paris d’où l’on ne voit pas la Tour Montparnasse ;)... Tous ces monuments ont été critiqués à leur naissance. Même la Samaritaine et son Art nouveau avaient été critiquée en 1905.

En permettant à la Ville d’approuver des permis de construire architecturalement innovants, dans une ville pourtant très sculptée et contrôlée, il y a là la porte ouverte à d’autres initiatives. Paris va-t-il enfin pouvoir oser un peu d’architecture et d’urbanisme « visible » ? C’est en tous cas le souhait de Anne Hidalgo, qui réveille Paris par rapport aux maires précédents. Elle a même décidé de faire refaire sept des places les plus emblématiques de Paris, comme récemment la République. Afin de les rendre plus agréable aux piétons. Et on ne parlera pas ici des réaménagements des quais sur les deux rives.

Ce jugement fait du bien. On peut être moderne et ancien à la fois, amateur du beau installé et du futur beau, observateur ou photographe des jeux de lumière sur la pierre blanche de Paris et sur les autres surfaces disponibles aujourd’hui. Alors oui. Bravo au Conseil d’Etat.

Et pour les nostalgiques de la vraie bonne pub, 21 minutes trente de bonheur avec cette compilation de vieilles pubs pour la Samaritaine. Ma favorite commence à 15’29".


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