mardi 4 août 2015

C’est quoi, la vie privée ?

Dernier avatar des scandales autour de l’interner et de la vie privée : il s’agit de la dernière mouture de Microsoft Windows, le numéro 10 qui suit le numéro 8 - sans que le 9 ait existé. Les versions non ratées de Windows sont rares : il y a eu XP, Windows 7 et maintenant 10. Une version gratuite pour les acheteurs légitimes des versions précédentes. Donc une version très téléchargée, puisque ne coûtant rien. Une version à problèmes aussi. Ce billet est inspiré du dessin du jour de Martin Vidberg sur son excellent blog du Monde.

Windows 10 recueille ainsi par défaut une quantité inédite d’infos sur vous, vos activités et vos relations. Il est possible d’en désactiver une partie - mais seulement une partie - et uniquement pour les utilisateurs avancés. Autrement dit une très faible partie des centaines de millions d’utilisateurs de ce système, encore le plus répandu sur les ordinateurs personnels. Lire ici par exemple pour en avoir le détail. Une autre histoire comme des dizaines d’autres, direz-vous. De toutes façons personne ne lit les conditions générales de ce type de service. Et peu les comprennent ou les analysent.

De manière générale, j'ai souvent écrit sur ces sujets, de plus en plus fréquents : ici, ici ou . Mais il y a une dimension nouvelle depuis peu à ces attaques contre nos vies, privées. La montée des objects connectés et des services qui vous traquent implicitement sur votre téléphone mobile, ajoutent à l’exploitation de nos données, le flicage de nos vies. Dans ce qu’elles ont de privé ou non d’ailleurs. Beaucoup se disent des trucs du genre : mais je n’ai rien à cacher, c’est pas important, je suis quelqu’un de normal donc il n’y a pas d’intérêt à me suivre... Il faut bien être conscient que tout ceci n’est qu’une illusion, même des « utilisateurs avancés » se font avoir, croyant avoir protégé leurs données ou leurs accès et laissant une porte grande ouverte comme l’Arc de Triomphe.

Le partage généralisé des « données » introduit philosophiquement une rupture de l’individu, une ouverture forcée de la membrane qui le protège des agressions de l’extérieur. Il laisse la place à une négation des identités personnelles et à leur fusion dans des identités collectives, tribales, familiales, claniques, ou pire de « profils marketing » de plus en plus individualisés.

Alors il est vital, oui virtal, de réagir quand ce genre de choses se développe, surtout à grande échelle. Il y a tellement d’avantages pratiques à la plupart de ces services en ligne - bien conçus pour la plupart afin de dégager des marges - qu’il est facile de mésestimer ces risques.

Et pourtant ! C’est un combat nécessaire et utile. Rien ne servirait en effet d’être « Bold » comme disait Lisa, si tous nos efforts étaient détruits par des exploiteurs à coups de services de confort jugés de plus en plus indispensables. Pour savoir comment agir contre ces menaces, que faire ? Se renseigner, en parler autour de vous, paramétrer ses services pour se protéger, sans tomber dans la paranoia. En parler surtout. Et surtout quand il s’agit de systèmes aussi répandus qu’un Windows gratuit.

Mise à jour : à la lecture des commentaires sur le blog de Martin Vidberg, j'en découvre un qui est très intéressant et instructif. A creuser. Je vous le livre ici et merci à son auteur, un certain  @Zobinou

Comme si les CGU valaient quelque chose vis-à-vis de la loi. Au sein de l’UE, ce n’est pas le cas, si l’on s’en tient à l’article 3 de la Directive 93/13/CEE du 5 avril 1993 concernant les clauses abusives dans les contrats conclus avec les consommateurs que voici (je me permets de ne pas vous faire subir les dispositions :

« 1. Une clause d’un contrat n’ayant pas fait l’objet d’une négociation individuelle est considérée comme abusive lorsque, en dépit de l’exigence de bonne foi, elle crée au détriment du consommateur un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties découlant du contrat.

2. Une clause est toujours considérée comme n’ayant pas fait l’objet d’une négociation individuelle lorsqu’elle a été rédigée préalablement et que le consommateur n’a, de ce fait, pas pu avoir d’influence sur son contenu, notamment dans le cadre d’un contrat d’adhésion.

Le fait que certains éléments d’une clause ou qu’une clause isolée aient fait l’objet d’une négociation individuelle n’exclut pas l’application du présent article au reste d’un contrat si l’appréciation globale permet de conclure qu’il s’agit malgré tout d’un contrat d’adhésion.

Si le professionnel prétend qu’une clause standardisée a fait l’objet d’une négociation individuelle, la charge de la preuve lui incombe.

3. L’annexe contient une liste indicative et non exhaustive de clauses qui peuvent être déclarées abusives. »

1 commentaire:

  1. En fait toutes les compagnies IT (Apple, Google, Facebook...) le font depuis des années, sans que personne (ou très peu) ne bronche.

    Microsoft a au moins l'honnêteté de le reconnaître, de le détailler précisément et d'ouvrir des options pour les désactiver. Mais pourtant tout le monde leur tombe dessus comme s'ils étaient l'incarnation du mal.

    Comme quoi, il semblerait qu'il soit préférable de mentir...
    A méditer.

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