Mercredi commencent les soldes (masculin pluriel).
Censés durer six semaines, les soldes sont de plus en plus dévalorisées, et spécialement cette année à cause de plusieurs facteurs : portefeuilles plats, hiver très très doux pour le moment et état d'urgence anxiogène lié aux attentats. Nous avons tous pu observer des promotions et ventes "exceptionnelles" très tôt en décembre l'année dernière (déjà), du genre "3 pour le prix de 2" ou 50% sur une sélection (large) d'articles. Nos boites mail sont pleines de spams pour des ventes exclusives - c'est-à dire des messages envoyés à moins de cinq millions d'adresses. Tout ça sans compter la revente de cadeaux et l'achat de produits neufs non déballés sur les sites de vente en ligne. On attend donc des vitrines bardées de -50% dès mercredi et de -70% dès samedi au plus tard "deuxième démarque", car il s'agit de vendre le plus vite possible. Un modèle de consommation qui est de moins en moins viable et qui est appelé à disparaître avec les années, sous la pression des commerçants eux-mêmes.
Car les soldes servaient initialement à vider les stocks d'une saison pour les remplir avec de nouveaux produits neufs. Une réalité passée qui est devenue une illusion. Le développement des ventes en ligne et les batailles conduites par les très grandes enseignes, y compris à la périphérie des villes risquent maintenant de vider les magasins de centre-ville. Six semaines à notre époque, c'est trop long de toute évidence.
Mais il y a de bonnes affaires pas chères. Voici mon conseil du jour :
Le Canal Saint-Martin, à Paris. Pas les quais autour avec leurs magasins bobos, branchés, yuppies et autres, ou les concept stores de coin, plus ou moins éphémères, concurrençant les lieux mixtes (bar-fripes-livres). Non, pas ces lieux, soumis aux soldes habituels, mais le canal lui-même.
Depuis lundi, le canal se vide entre le bassin de la Villette (non compris) et la République. C'est une opération de maintenance régulière tous les 14 ans à peu près. Spectaculaire et d'un attrait touristique puissant. Cette opération est conduite par la Ville de Paris (Direction des canaux) et quelques informations BTP se trouvent ici pour les bricoleurs, les linguistes spécialistes du jargon de la construction et les curieux. Pavage et curage sont les deux mamelles du Canal.
Or donc, beaucoup d'objets seront trouvés au fond du canal, de ses trois biefs et de ses écluses. Tous ces objets seront un peu sales, entourés de vase et de boue, mais dans l'ensemble, il y a certainement de belles affaires. Il y aura beaucoup d'ordures car ces derniers temps les jeunes qui fréquentent les bords du canal y jettent tout et son contraire, mais il y aura aussi des pépites : des vélos rouillés, une ou deux voitures, des habits de soirée et peut-être même des tour Eiffel Vintage en plastique. La file d'attente pour acheter les objets commence mercredi à 5 heures du matin, mais l'adresse est secrète pour éviter une affluence trop grande. Suivez le hashtag tout simple #jairendezvouspourlessoldesdesobjetsextraitsducanalsaintmartin
Et hop, une autre idée :
Dans la série des soldes, la Mairie de Paris vient d'ouvrir la passerelle des Arts sans cadenas, entièrement vitré et qui a retrouvé - pour le moment - sont teint transparent de jeune fille. Merci encore à NoLoveLocks à l'origine de la campagne qui a abouti à cette bonne décision-action de la Mairie de Paris. On attend la libération du pont de l'Archevêché pour bientôt... Il semble y avoir pour 100 000 euros au bas mot de métal à récupérer sur les cadenas en stock dans les entrepôts de la Ville et la Mairie cherche à en faire le meilleur usage : mise en évidence de certains cadenas plus "jolis" (???) que d'autres, cession à des artistes pour des oeuvres (genre Arman et ses deux sculptures de la Gare Saint-Lazare avec valises et horloges), respect de la mémoire, vente aux enchères... Les soldes privées pour ces cadenas seront accessibles en suivant le (encore plus) simple hashtag #jaienviedacheterpascheruncadenasdamourouplutotdehainequidegradaitauparavantlapasserelledesartsaparis
On vit une époque formidable pour les consommateurs, non ?
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