vendredi 5 février 2016

Hollande, ça passe ou ça casse.

Vous vous souvenez de cette phrase : "On a la droite la plus bête du monde (en France)" ? Aujourd'hui, il suffit de remplacer le mot droite par le mot gauche pour avoir raison.

N'allez pas croire que la droite soit moins bête. Non, non ! Elle se déchirera toujours autant avec ses coup tordus et ses bêtes en politiques, aguerris comme Sarkozy hier à la télé, ou pseudo-modernes comme Juppé. Mais elle n'a juste besoin que d'être ce qu'elle est, sans faire de connerie d'ici 15 mois et mathématiquement, son candidat sera qualifié pour le second tour et ipso facto élu président de la République.

A gauche, on s'écharpe de plus en plus. Lisez par exemple ce compte rendu de la réunion des signataires de l'appel pour des primaires à gauche, dans Libé qui a lancé l'initiative. "On dirait une réunion des alcooliques anonymes qui ont voté François Hollande en 2012"... La gauche est divisée et joue à se trouver déjà des excuses pour perdre. Car demander une primaire est un objectif louable, s'il est suivi d'un second objectif, plus important, qui est de gagner la présidentielle et de montrer un front suffisamment uni pour gagner ensuite les législatives. Ne viser que le premier objectif, puis se diviser et ne pas soutenir le vainqueur de ce premier premier tour (ou François), c'est une illusion intellectuelle et une arnaque déontologique.

La France est globalement à droite, on le sait, et la gauche ne gagne que rarement, lorsqu'il y a une alliance globale (1981), un président très habile (1988) ou un rejet total du président en exercice en face (2012). En 2017, il ne restera comme solution que "un président très habile", ce qui est loin d'être évident à cette heure.

Entrent en jeu les ambitions personnelles. Puisque perdants de toutes façons, certains cherchent à perdre avec panache pour gagner en 2022 ou 2027 pour les moins décati(e)s. D'autres, sachant qu'ils n'ont aucune chance, jouent à l'Attila, en espérant que rien ne repoussera derrière eux ou qu'après eux le déluge tombera. Certains se placent simplement comme recours pour la suite quelle qu'elle soit et essayent de faire que leurs concurrents (de gauche) perdent plus qu'eux. Il suffit de lire les échanges violents sur les listes de discussion internes au PS pour comprendre les profondes divisions qui agitent les sections. On croirait une guerre de sorciers contre des sang-mêlés ou des moldus. Les phrases du genre "si t'es pas content quitte le PS" sont légion et montrent bien une grande ouverture d'esprit face au débat démocratique interne.

François, lui, souhaite être le candidat en 2017. Il peut gagner s'il est assez habile pour diviser la droite et le centre et passer juste en deuxième derrière Marine - si celle-ci rebondit avec son parti refermé sur ses valeurs historiques - ou deuxième derrière le candidat de droite - s'il réussit à affaiblir assez le FN. Aujourd'hui, tout cela est assez improbable évidemment, mais en France on a su élever des bêtes politiques assez finaudes. De toutes façons, même battu, il souhaite rester comme une image tutélaire de la gauche française. Vu le revenu des anciens présidents et le coût pour la société de leur "entretien", la France a intérêt à élire Juppé ou à mettre une limite d'âge inférieure assez élevée. Au moins, vu son âge, il faudrait le payer moins longtemps après, sans cynisme aucun. Lire cet intéressant article qui détaille les privilèges des anciens présidents.

Un an avant une élection, il y a toujours deux possibilités : un baroud d'honneur pour lancer des réformes puisqu'on n'a plus rien à perdre, ou une succession de fausses décisions de fin de règne. Pas vraiment des stratégies gagnantes. La sécurité intérieure ne suffira pas à garantir une ré-élection. Les sujets économiques sont trop prégnants pour rassurer les différentes catégories de populations touchées, surtout avec la montée prévisible des revendications catégorielles. Exemple aujourd'hui avec les VTC contre les LOTI contre les taxis, demain le contraire et ainsi de suite.

Finalement, la gauche se dirige vers un retour à l'opposition où chacun pourra briller individuellement comme le meilleur opposant (impuissant) et le meilleur rassembleur d'une "gauche" remodelée pour la fois suivante. Remodelage ? Vous avez dit remodelage ? Comme c'est bizarre.

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