vendredi 29 avril 2016

Entre deux rues, entre deux socialités

Jeudi, c'était la dernière journée de protestation contre la loi travail avant le début des débats à l'Assemblée, le 3 mai. Et dimanche c'est premier mai, fête de la loi du travail. Où en est-on entre ces deux temps forts de la rue socialisée ?

Hier, la rue a été débordée par des violences plus fortes que les autres fois, des deux côtés, avec une montée en puissance des "casseurs" et une augmentation du nombre de grenades et autres bombes lacrymogènes lancées par les policiers. Il y a de l'exaspération dans l'air et un sentiment d'urgence de plus en plus palpable. N'oublions pas qu'à Paris, c'est encore les vacances scolaires et universitaires. Dans l'Ouest, les mouvements sont beaucoup plus intenses et violents, à Nantes ou à Rennes par exemple. La CGT y joue un rôle de plus en plus important, en tentant même de récupérer d'encadrer la Nuit Debout dont le service d'ordre fait cruellement défaut.

Le mois de mai sera plus intense, c'est certain. Sauf pour le pont de l'ascension et pour le lundi de Pentecôte quand même, on n'est pas des brutes ! A partir du 10 juin en effet, place au Bac et au foot. Le gouvernement espère lancer sa campagne de charme dans plusieurs domaines, mais c'est bien le social qui posera le plus de problèmes. En économie, les "fondamentaux" s'améliorent, comme disent les experts, du chômage à la croissance en passant par les défaillances d'entreprises, mais pas pour le quotidien de ceux qui sont précaires ou appauvris, car la différence reste non palpable. C'est dans le social que se forgent les résistances et les changements, au niveau des peuples. Et la palette des socialistes ne suffit pas à répondre à tout ça, malgré son étendue croissante.

Dimanche, le premier mai ne sera pas plus unitaire que d'habitude puisque la CFDT ne manifeste pas avec les autres, mais il devrait être une autre occasion de manifester dans la rue. Le programme des manifestations est ici par exemple. Ce programme inclut Jeanne d'Arc et ses idolâtres du FN, en deux groupes séparés, autour du père, de la fille et du Saint-Esprit. Il parait que même le muguet est en retard cette année. Le brin coûtera-t-il plus cher ? Quel suspense !!!

Le rythme de ce printemps 2016 est donc rythmé par la rue. A défaut des enceintes parlementaires où les débats sont incompréhensibles et loin du peuple : par exemple, la nuit dernière un amendement a été voté à l'Assemblée pour supprimer l'HADOPI en... 2022, sans supprimer les mesures contre le piratage ; fondamental et urgent, non ? A défaut de leaders politiques engoncés dans leurs promos personnelles : entre Macron la superstar chouchou des médias, Valls qui se défausse sur François et François qui pense au foot d'une part, et Sarkozy d'autre part qui a obligé son épouse à reporter la sortie de son disque en France, initialement prévu en septembre, car trop près des primaires de la droite ; quel dommage ! Question : est-ce un trait d'humour de ma part ou une catastrophe pour les amateurs de musique ? A vous de deviner ;)

La rue prend de l'importance, malgré l'Etat d'urgence qui est censé limiter les attroupements. Un vrai paradoxe. Social évidemment, car les policiers eux-mêmes sont mécontents de leurs conditions de travail et de leur stress. Combien de foulures du poignet droit en maniant la matraque ? Combien de canettes de bières reçues sur les boucliers pare-balles ? Combien de policiers grièvement blessés lors des manifs ? Combien d'arrestations musclées ?

Alors, oui, la France se déplace dans la rue en ce printemps qui commence à arriver, dans une ascension croissante. Vive le joli mois de mai et le temps des cerises, non ?

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