lundi 26 septembre 2016

Attention piétons

Le Conseil de Paris a approuvé ce jour la piétonisation des berges de la Seine sur la rive droite. Une délibération attendue depuis longtemps et qui signe le début politique officiel du processus pour lancer le projet.


Après le dimanche sans voitures d'hier, certains parisiens ont pu constater combien Paris était agréable sans presque aucune voiture. Il y avait les taxis et quelques véhicules d'urgence par-ci par-là, mais dans l'ensemble peu de connards en infraction. Il faut dire qu'il y avait des barrages entourant une large zone au centre de la capitale. On a quand même pu voir des voitures banales qui avaient réussi à se glisser entre les mailles du filet ou parce que leurs conducteurs les avaient laissé là pendant la nuit. On a vu des fous (comme d'hab) à toute vitesse dans les rues désertes, sans aucun respect pour les 20 km/h et pas mal de scooters et autres motos qui en ont profité. Mais on a surtout vu des piétons, des vélos, des trottinettes et autres objets électriques étranges.

En 2015
En 2016. Plus grand, non ?

Et on a entendu le silence, comme un dimanche du 15 août. on ne sait pas encore si on a mieux respiré, AirParif nous le dira (peut-être).

Alors, c'est quand même paradoxal. Tout le monde trouve cette expérimentation sympa et utile, mais plein de gens s'opposent au "moins de voitures" de la Marie de Paris, comme si la voiture était inévitable et une fatalité. Les experts savent bien que c'est seulement sous la contrainte que les automobilistes changent de comportement. Pour qu'ils abandonnent leur voiture, il faut même de très fortes contraintes réglementaires, financières ou simplement physiques. L'automobile génère toujours une part immense d'irresponsabilité et d'égoïsme individuel, mais à certains moments on se demande pourquoi c'est comme ça.

Le coeur des transports est à Paris, une vieille tradition royale depuis les routes des postes. Le Grand Paris, qui est censé aider à se déplacer sans passer par Paris est encore bien petit. Et les autoroutes urbaines convergent presque toutes vers Paris, ou le traversent même, comme les voies sur berge. Lorsqu'il y a des embouteillages sur les rocades parisiennes, c'est souvent quand elles croisent des radiales qui convergent vers Paris. Quant à la Seine elle-même n'en parlons pas puisqu'elle n'apparait pas vraiment comme une partie de Paris, sauf pour les amoureux et les poètes qui sont, heureusement, nombreux.

Alors quand Paris décide de diminuer la place de la voiture, toutes sortes d'ennemis se déclarent :
- les ennemis politiques de la maire de Paris, comme la Région ou certaines communes périphériques qui protestent de toutes façons contre le poids de Paris, par nature et par habitude.
- les ennemis de banlieue qui refusent que les voitures restent ou passent chez eux. C'est tellement mieux chez le voisin, non ?
- idem pour les arrondissements calmes de Paris qui refusent de devenir agités
- les professionnels de toutes sortes qui ont investit la voie publique pour leurs activités, comme des stocks ambulants, des bureaux et ateliers volants et des livraisons à toute heure
- les riches qui n'aiment pas qu'on leur donne des contraintes. A titre indicatif j'ai une collègue qui a une moto et une voiture (selon les jours) mais qui a choisi sa voiture avec une plaque paire parce que sa moto était impaire et qu'elle veut pouvoir rouler même en cas de circulation alternée. Elle habite et travaille à Paris et a choisi naturellement un crossover, puisque Paris est une jungle. Un comportement pas si rare que cela.

La piétonnisation des voies sur berge, sur la rive droite, prend la suite de celles de la rive gauche. Très vite d'ailleurs les protestations contre cette première piétonnisation se sont éteintes. Gageons qu'il en sera de même à droite (façon de parler). Car le plan de la Mairie est simple : pour rendre de la qualité de vie à Paris et aux parisiens, il faut piétonnier et diminuer la voiture. Cela implique de développer les transports alternatifs et en commun et de coincer les automobilistes pour les décourager le plus possible.

En ce sens, les retards provoqués par ces aménagements sont malheureusement trop faibles pour décourager vraiment les mordus de la houature. On ne parle que de quelques minutes de plus pour un trajet traversant par les berges "hautes" ou le Boulevard Saint-Germain. Seulement... Et en plus ce n'est que le début. Habituellement ces retards diminuent avec le temps. La Mairie doit donc amplifier son mouvement. Et rapidement.

L'usage rationnel de la voiture est un bel oxymore. Le comportement rationnel de l'automobiliste aussi d'ailleurs, même et surtout quand il n'a pas de voiture...

Hommage donc à Georges Pompidou, le chantre de la voiture à Paris, dans un autre siècle. Ceux qui se souviennent des Mange-Bitume de Lob et Bielsa en 1972 sauront de quoi je parle. Nostalgie, quand tu nous tiens... lâche-nous tout se suite s'il te plait !



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