mercredi 1 février 2017

Dans la famille Fillon, je voudrais la vérité

Angoisse récurrente du blogueur, surtout quand on écrit un billet par jour sur des questions d'actualité en général. Faut-il parler de tel ou tel sujet ? Aujourd'hui la famille Fillon, avec le père, la mère, le fils et la fille. Manquent juste le grand-père et la grand-mère. Alors oui, je me lance.


Pas d'information nouvelle ici, puisque les médias en sont pleins et commencent même à faire des rétrospectives alors que tout a commencé il y a une semaine seulement (déjà ?). Pas non plus de moqueries salaces ou outrées, la quantité de caricatures est à ce sujet édifiante en seulement 8 jours. On y apprend plein de choses, notamment sur les attachés parlementaires.

On parle beaucoup de l'Internet comme une source de trolls et d'intox. On entend souvent dans les médias ces mots "L'internet dit' ou "L'internet pense". L'Internet ne dit rien mais il est le vecteur de plein de discours (allant du tweet à l'article fouillé ou même ce matin à la divulgation de documents par Wikileaks). Discours de trolls manipulateurs, manipulés, cons ou simplement à côté de la plaque. Dicsours vrais ou pleins d'émotion. Or sur ce coup, même si l'Internet est le lieu d'inflammations éruptives, c'est bien la presse qui est à l'origine des révélations. Des journalistes d'investigation, renseignés et allant à la pêche aux infos, dans des médias indépendants politiquement des grands groupes de presse eux-mêmes dépendants de magnats de l'industrie forcément proches du pouvoir quel qu'il soit.

Saluons donc la liberté de la presse en France, au lieu de l'accuser de médiacratie (???) ou de volonté de tuer. Notre usage de la liberté de la presse reste ambigu : tout le monde la défend, surtout parmi les politiciens officiellement, mais personne ne veut qu'elle se voit trop quand elle vous concerne de près ou de loin. On imaginait par exemple mardi après-midi les tremblements d'attente dans les quelques lieux de pouvoir où le Canard arrive en avance régulièrement. Qu'allaient-ils sortir cette semaine et que sortiront-ils la prochaine fois, sur la même famille ou sur d'autres ? Comme si les médias et les journalistes pouvaient (naturellement) écrire ce qu'ils veulent mais qu'il ne fallait pas les lire ni en parler. Liberté d'écrire, mais pas de lire, de diffuser ou d'en parler. Ca fait rire jaune beaucoup d'étrangers qui ont des pratiques très différentes de la démocratie intégrant la presse dans leur pays. Dans ces pays, après de telles révélations, les politiciens alpagués auraient déjà démissionné puisqu'on ne parle pas que de légalité, mais aussi de morale et de légitimité. Transparence et devoir d'exemplarité, ça vous dit quelque chose ? Lorsqu'un acte est légal mais incompris et hors morale ou trop loin du peuple, il devient impossible à justifier, en-dehors de la sphère technocratique.

Balayons les craintes de manipulation qui profiterai à Marine. La transparence est à ce prix. Dans des cas comme le Brexit ou Trump, ce sont les acteurs eux-mêmes (et vainqueurs) qui ont manipulé l'opinion en dénonçant les médias. Pas le contraire. Il y a là une différence ontologique vitale.

Remarquons aussi que les choses vont vite dans notre monde actuel. Ceux qui s'installent dans des schémas statiques ont toutes les chances de se retrouver dépassés très vite. Il faut savoir anticiper (prospective, stratégie, tactique, planification) réagir vite (communication coordonnée de crise, plans B, effets pervers) et adapter sa stratégie. On appelle ça la démarche qualité et il n'y a pas de raison de ne pas l'appliquer en politique. Une amélioration continue, ou une adaptation continue à des changements surtout quand ils ne sont pas prévus. Encore faut-il se placer dans ce type de démarche, et pas dans un isolement du monde, de type NIMBY (pas chez moi).

Cette affaire qui débute a un impact majeur sur nos élections de 2017. Et cet impact durera jusqu'en mai au moins, quelles que soient son déroulé à partir de maintenant. L'époque de la primaire de la droite qui visait à désigner à coup sûr le prochain président puisqu'il serait forcément au second tour face à Marine et donc élu les doigts dans le nez contre elle, cette époque est bien terminée.Les cartes sont de toutes façons redistribuées chez les "favoris" (Fillon, Macron, Hamon, Le Paon) et rien n'est sûr en ce moment, indépendamment même de l'affaire Fillon qui devient au-delà du PénélopeGate un FillonGate. Chaque camp (zut, j'ai oublié Mélenchon) doit être au mieux de sa forme pour espérer gagner, ce qui est plutôt sain, à partir du moment où on commencera à parler projet et personnalité. La droite tombe donc de haut et a intérêt à se ressaisir vite pour garder ses chances, quel que soit le scénario qu'elle choisira.

Une semaine a passé et comme disent certains médias américains, la France a essayé de gagner le trophée de la pire semaine politique face à Trump et à sa première semaine. Fillon demande deux semaines de patience à ses troupes (comme si l'affaire pouvait être clos dans ce délai). Deux semaines c'est aussi le délai qu'a annoncé Bayrou pour dire ce qu'il ferait à la présidentielle (rien, se présenter, rallier Macron ou un autre lapin). Dans deux semaines on sera en pleines vacances scolaires d'hiver. Y a-t-il des annonces prévues à ce moment ? Macron annonce la clôture de son programme fin février, mais il pourrait prendre un peu d'avance puisque tout le monde le presse. Nos chers hommes politiques ont-ils des informations sur pourquoi ce délai de deux semaines (attention aux théories complotistes toutefois ;) ?

Il est très difficile de parler des affaires Fillon sans rigoler franchement. On aime bien se moquer de nos hommes politiques en France, et ils nous aident bien à le faire. Mais on n'aime pas se faire prendre pour des cons même si on sait que c'est un peu vrai. Alors je ne peux pas résister à l'envie de partager avec vous ce dessin qui m'a bien fait rigoler...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire