mardi 21 février 2017

Nous sommes tous des électeurs cons, selon la (future) préfecture

De temps en temps les candidats à la présidentielle nous prennent pour des cons. Tour de piste aujourd'hui, mais rassurez-vous, ce n'est certainement pas fini. 

Fillon en premier évidemment puisqu'il est en train de réussir à nous faire oublier son statut de spécialiste d'optimisation financière pour son compte personnel. En parlant d'autre chose, en faisant peur à son camp, en niant qu'une alternative puisse exister à droite et en faisant tout pour tuer toute vélléité de plan B. Et en même temps en renégociant des pans entiers de son programme pourtant déclaré très tôt comme intouchable, en échange de soutiens à son nom. Penser que les électeurs vont voter pour un homme malhonnête au sens premier du mot mais assez intelligent pour ne pas s'être fait prendre, n'est-ce pas un signe de connerie ?

Marine Le Pen aussi, elle qui par exemple n'est allée au Liban que pour chercher des sous et pour revenir avec une belle polémique. En faisant tout pour ne pas être reçue par le grand mufti sunnite, parce qu'elle a refusé de porter un voile même léger, Marine a voulu jouer le rôle de la femme humiliée alors que c'est elle qui a essayé d'humilier ses interlocuteurs et qu'elle n'a rien rapporté de positif des nombreux clans libanais. Elle a ainsi acheté pas cher des voix d'électeurs qui ne réfléchissent pas. Bien joué. Car si elle avait été reçue voilée, des photos auraient circulé. Elle qui prône le refus de tout communautarisme en France, refuse de montrer du respect à l'étranger. Un coup monté simplissime. Bravo à ses conseillers. 

Bayrou qui nous annonce demain sa décision dont tout le monde se fout. La droite le pousse à se présenter, uniquement pour piquer des voix à Macron et la gauche aussi pour la même raison. Ses hésitations sont dignes du centrisme le plus radicalement hésitant, dans ce qu'on appelait autrefois le marais. Ses électeurs futurs, pour lui en direct ou pour le candidat qu'il ralliera, sont considérés juste comme des voix fluides à déplacer au gré des manipulations habituelles. 

Hamon aimerait bien être le cœur d'une alliance à gauche et n'y croit pas plus que ça. Il s'agit en fait de reconquérir le PS et de gérer l'opposition jusqu'en 2022. Les pauvres militants socialistes qui croient que la bataille est pour mai se trompent de date. Il s'agit de juin pour les législatives et puis après pour le congrès socialiste. 

Jadot, d'ailleurs, n'attend qu'une chose pour se désister, et c'est aussi par rapport aux législatives, histoire que les écolos conservent encore quelques sièges. Il l'avait clairement annoncé bien avant sa candidature à la primaire verte, ce qui fait de ses électeurs des cons abusés mais volontaires. C'est l'affaire de quelques jours. 

Mélenchon, lui, n'a jamais eu l'intention de négocier et s'arrange seulement pour que cela n'ait pas l'air d'être de sa faute, quand il y aura échec dans ses discussions avec Hamon. Du moment qu'on continue à parler de lui, de son avatar ou de ses réseaux sociaux, il est content et propose des mesures démentielles qui n'ont pour intérêt que de plaire à son électorat. 

Et Macron, me direz-vous ? Se fout-il de nous ? Et comment ? Pas facile à dire car son style de campagne est très différent des autres et de d'habitude. Il parle et se fait critiquer par tous les autres, qu'il dise une connerie ou pas. Sur la colonisation, il s'est fait étriller alors qu'il a parlé vrai, avec juste des imprécisions de langage. Sur les LGBT il a voulu marquer une position médiane : oui il faut du respect et de l'acceptation mais dans tous les sens, sinon ça ne marche pas. Sauf qu'il parle trop vite. Manipulation et intelligence sont aussi proches que la roche Tarpéienne du Capitole

La bonne nouvelle est qu'on nous annonce déjà un débat télévisé avant le premier tour, avec les favoris (5 ou 6). On espère que les téléspectateurs d'alors ne seront pas cons. Il sera intéressant d'y observer les jeux d'alliance : qui contre qui ? Qui objectivement avec qui ? A moins de rester cons et de croire ce qu'ils nous disent. 

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