mercredi 8 mars 2017

Le 8 mars, journée de la Chimère

Non, je rigole. Le 8 mars c'est la journée mondiale des droits des femmes. Une journée militante cette année (effet Trump oblige) avec une grève dans plus de cinquante pays (dont la France, à 15h42). Une politisation bienvenue, malgré les nombreuses remarques sexistes qui surnagent dans l'océan d'indifférence des politiques, justement. Une journée où la moindre blague peut être interprétée de travers ou dans l'autre sens. Je n'en ferai donc pas (Haha).

Mais je reviens sur cette déclaration de Benoit Hamon, en prélude à cette journée, appelant Emmanuel Macron "le candidat chimère: lion devant, dragon derrière, chèvre au milieu".

Le combat pour les droits des femmes n'est pas une chimère, même si c'est un peu le rocher de Sysiphe...

Chimère a plein d'homonymes, certains plus agréables que d'autres. Je ne vous dirai pas ma chimère préférée, elle se reconnaîtra, je l'embrasse. Il y a de belles chimères et d'affreuses, évidemment.

Hamon faisait référence évidemment à La Chimère de la mythologie grecque, et plus spécifiquement à celle décrite pour la première fois par Homère. Cette Chimère originelle est généralement considérée comme étant de sexe féminin, et de multiples interprétations contradictoires du mythe en ont été tirées. En tous cas, courir derrière une chimère est délicat, surtout si elle est en marche (Haha).


La symbolique de la chimère désigne toutes les créatures composites possédant les attributs de plusieurs animaux ainsi que les rêves ou les fantasmes et les utopies impossibles. On suppose que c'est sur ce dernier point que Macron est attaqué. N'est pas Thomas More qui veut. Le veut-il d'ailleurs ? "Une chimère, est une idée irrationnelle produite par l'imagination, un fantasme irréalisable. Ce terme de chimère peut être trouvé dans différentes œuvres littéraires, notamment parmi les œuvres poétiques, et est le sens utilisé dans Les Chimères de Nerval", comme dit Wikipédia.

Evidemment, lorsqu'un symbole peut être interprété de manière négative, il est souvent associé à la femme. La mythologie grecque connait peu d'exception à cette règle. Associer aujourd'hui la Chimère à Macron, c'est insister sur plusieurs points importants :
- Hamon attaque Macron, le plus à gauche des candidats de droite et inversement, et essaye de faire appel à l'imaginaire. Battre l'idée par l'idée. Un point qui a du mérite, mais qui ne touche que quelques personnes abstraites.
- Hamon prouve sa culture importante (il sait lire Wikipédia) mais ne développe pas plus loin la symbolique des animaux : une tête de lion rugissant et dominateur ? Une traîne longue et incandescente ? Un corps sympathique et nourricier ?
- Hamon insiste sur l'incohérence de Macron, objet hétéroclite (et non homoclite), mais pas sur l'utopie de son projet. Il se revendique comme une anti-chimère. C'est un acte manqué puisque c'est lui, Hamon, qui est accusé en permanence d'un projet utopique, non réalisable et pas fait pour gouverner en mai.

A quelle créature mythologique comparer alors les autres hommes politiques ? Petit exercice naïf et inutile, donc essentiel :

  • Hamon et Mélenchon ? Charybde et Scylla, indissociables avec peu d'espace pour se faufiler entre eux, à moins qu'on ne parle des têtes (à gauche) de l'Hydre de Lerne
  • Fillon ? Le Sphinx (et Juppé dans le rôle d'Oedipe) avec beaucoup d'énigmes non résolues
  • Le Pen ? Cerbère, sans espoir de retour après les enfers, évidemment.

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