vendredi 10 novembre 2017

Un auteur et des lectrices passionnés, ou passionnées, ou passionné.e.s

Les débats sont relancés dans la société, sur le rôle politique de la langue française, un rôle qu'il est évidemment impossible d'ignorer, même si pendant des années il a été oblitéré par des hommes soumis à la règle commune de l'Académie française, un classique d'immortels peuplé de bien peu d'immortelles.

Il y a cette pétition, celle de celles et ceux qui refusent que le masculin l'emporte sur le féminin. Une pétition initialement signée par 314 experts et expertes. Un clin d'oeil du français aux maths, et au genre de π, le rapport entre le périmètre d'un cercle et son diamètre, ou entre la longueur d'une orbite et son apogée (à quelques pouillèmes près).

En prônant la règle de proximité, ou celle de la majorité ou celle du choix sur la règle du masculin, ces professionnels de la langue osent enfin mettre en avant une aberration politique de notre système national. Ce qui est plus intelligent que la règle de l'écriture inclusive qui met d'ailleurs toujours le masculin en premier, suivi entre deux points du féminin, comme si c'était encore plus marqué. Que préférez-vous ?
- Un lecteur et mille lectrices fascinés par mon blog (la règle actuelle)
- Mille lectrices et un lecteur fascinées par mon blog (la règle de la majorité)
- Un lecteur et une lectrice fascinées par mon blog (la règle de la proximité)
- Mille et un.e lecteur.rice.s fasciné.e.s par mon blog (écriture inclusive si j'ai bien compris)
- Une lectrice et un lecteur fascinée par mon blog (la règle de mon choix, dans ce cas précis)

La règle du choix est de toute évidence la plus riche, la plus poétique et elle traduit au mieux les intentions de l'auteur. Elle passe un message explicite au lecteur, puisqu'après tout la langue ça sert à communiquer, donc à envoyer des signaux d'un endroit à un autre. Pourquoi ne pas se lancer et amener la langue à se plier aux volontés de ceux qui la pratiquent ?

J'ai donc signé cette pétition d'Eliane Viennot sur change.org, et je souhaite qu'elle soit signée par vous aussi, si vous le voulez bien. Elle est plus ouverte et notamment à la francophonie des coeurs, peu importe leur sexe. Et tant que vous y êtes, regardez l'une de ses conférences, sur la féminisation des titres. Pour clouer le bec aux hommes qui ne veulent pas entendre parler d'autrice, elle leur rappelle qu'auteur vient du latin autrix, par exemple.

Le pouvoir est le pouvoir, et il utilise toutes sortes d'armes pour s'installer, se renforcer, se maintenir ou s'obtenir par la force contre d'autres pouvoirs. Il n'y a pas que le harcèlement (sexuel ou moral) comme arme. La langue est un outil comme les autres, même si certains font profession d'entretenir, de peaufiner cet outil. Et l'outil - ou l'arme - ne doit jamais être vu comme indépendant de s personnes qui l'utilisent, pour leur compte ou pour le compte du pouvoir auquel ils sont affiliés, même inconsciemment. Ce genre de réflexion est donc particulièrement bienvenu. Comme une réaction positive au climat ambiant. Pourquoi se limiter à des critiques quand on peut agir soi-même ?

Il est bon de temps en temps que des intellectuels motivées agissent.

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