Les assises de l'enseignement supérieur et de la recherche sont donc lancées en France depuis ce mercredi, jour de Conseil des Ministres. Présidées par un Prix Nobel, une femme brillante, Mme Françoise Barré-Sinoussi.
Un programme en plusieurs temps, avec une consultation nationale, des assises territoriales et des assises nationales, puis un projet de loi. Insérez où vous voulez des manifestations d'étudiants et de chercheurs, des actions des lobbies habituels et vous avez un cocktail intéressant, plutôt corsé. Bon courage !
Est-ce que cela sera un exercice obligé débouchant sur de simples ajustements ou un exercice de refondation ? Ca me fait penser au grand paradoxe de la recherche française : les chercheurs français sont reconnus dans le monde entier et appréciés à leur juste et haute valeur dans beaucoup de disciplines et sur beaucoup de sujets. Mais les organismes de recherche et les universités qui les hébergent sont relativement mal "classés" car trop éclatés, pas assez visibles et souvent de tailles trop inégales. En matière de formation, le modèle français est très attaqué, mais il répond à des objectifs contradictoire : accueillir le plus grand nombre avec des frais d'inscription réduits, former des élites forcément limitées en nombre dans des filières d'excellence plus chères.
Participer à des rencontres regroupant ces différents acteurs revient à regarder des matchs de Sumo. Les organiser pour que la concertation débouche sur des résultats relève de la dentelle. Ce n'est pas tout-à-fait le même monde. Passer de la compétition sauvage mais très polie à la coopération souvent délicate à construire est un exercice délicat.
Comme dans le domaine de la grande conférence sociale, on verra si les conclusions sont à la hauteur des espérances.
Donc en octobre-novembre, prévoyez vos manteaux et des bonnes chaussures de marche : manifestations à prévoir entre le social, l'environnemental, la recherche, l'éducation, le congrès du PS et celui de l'UMP... Debout les assises !
Le titre aurait dû être "assises : deux bouts"
RépondreSupprimerDeux bouts, car d'un coté, à un bout il y a les enseignants et les chercheurs, toujours plus sollicités sur des métiers de plus en plus complexes. On leur demande tout à la fois de faire de l'administration des études, de l'enseignement de qualité, de rechercher des financements, d'aider aux transferts avec des entreprises récalcitrantes et bien sûr d'être performants en recherche sur des critères d'évaluation un peu trop étroits...
A l'autre bout, on a l'État et toutes ses institutions et ses délocalisations qui se doivent d'instituer une éducation pour tous-bien sûr, mais aussi la moins chère possible et de manière la plus limitée possible car tout le monde ne peut pas devenir docteur et il faut bien obliger certains à aller travailler dans les usines pour pas trop cher – du moins tant qu'il reste des usines en France. Et pour les autres, ceux qui vont au chômage, moins ils ont appris à réfléchir à l'université et moins ils seront prêts à descendre dans la rue pour produire un tapage de mauvais aloi !
On peut alors se demander quel pourrait bien être l'objectif de ces assises ?
- Trouver un modèle de financement pérenne et constructif qui convienne à tous ? Mission impossible bien sûr !
- Adapter l'enseignement aux réalités de ce siècle ? Mais pour répondre aux besoins de qui ? De l'Etat, des entreprises, des étudiants ou des chercheurs ?
- Peut être donner une place plus juste aux enseignants chercheurs, à ces « élites » qui sont les grands absents des choix démocratiques, car ils sont inaudibles face aux omniprésents « intellectuels » des médias... En sont-ils capable en cette période d'écroulement des théories et de vide de la modélisation politique ?
- Une sorte de divan d'une gigantesque psychanalyse sociale destinée apaiser les pauvres chercheurs traumatisés par l'ancien vilain président ? Un placebo pour sûr...
Est-ce que tout cela et bien d'autres choses encore feront parti des assises?
Je crois qu'on peut retourner se coucher en paix.
Finalement, le titre aurait dû être : « assises : couché ! »
Oui, cher anonyme, vous avez raison, c'est compliqué.
RépondreSupprimerNe pas confondre les assises de François avec Francois d'Assise, qui a été la source des querelles ultérieures entre franciscains et dominicains si bien décrites dans le nom de la rose...
Le monde universitaire est paradoxal, à vouloir satisfaire des besoins si divers de publics si différents. Vive le tintamarre québécois libre qui réveille les bourgeois endormis !