Sarkozy président !
Euh, de quoi au fait ? A cet âge tous les hommes politiques sont "président de quelque chose".
Donc Sarkozy est intervenu pour publier un communiqué "commun" avec le Conseil national Syrien sur la nécessité de trouver une solution à la guerre civile en Syrie. Ce communiqué a pour le moment été peu repris. Tirons-en quelques leçons.
1 - Tout le monde se souvient de juillet 2008 : lancement politique de l'Union pour la Méditerranée (UpM pour les intimes) qui a fait un flop depuis, avec Sommet à Paris, présence des chefs d'Etat au défilé du 14 juillet. Parmi eux, Moubarak et surtout Bachar El Assad, accueilli en ami sur le perron de l'Elysée (deux fois). Photos souvenirs, qui avaient déjà beaucoup choqué à l'époque puis avaient été retirées du site de l'Elysée quand la situation était devenue médiatiquement intenable. A l'époque donc, pas d'états d'âme, la raison d'Etat était la plus forte et le prestige de Sarkozy était d'être le centre de la Méditerranée donc du monde. Faites ce que je dis, pas ce que je fais.
2 - Le couple BHL-Sarkozy, en défenseur du monde libre contre le tyran Khadafi, et en protecteur du peuple lybien, a donné des leçons au monde entier, en ayant raté les révolutions tunisiennes puis égyptiennes, puis soutenu les mesures prises dans d'autres pays menacés par les mêmes mouvements, en Algérie et au Maroc par exemple. BHL intervenant encore il y a quelques jours comme s'il était encore conseiller du Président, sur la Syrie. Sarkozy intervenant ensuite comme s'il ne pouvait pas faire son deuil de son ancien rôle. Les syriens "rebelles au pouvoir", eux, essayent d'avoir le plus de soutien de leur côté. Ils ont le mien et celui de mon boulanger. Nous deux, nous restons humbles...
3 - Pendant ce temps, la France, l'autre, la vraie, celle qui détient le pouvoir légitime, travaille au conseil de sécurité qu'elle préside ce mois-ci et essaye de trouver des solutions contre le tyran. Petit montage de lui recevant le serment de lui-même, puisque finalement, pas besoin d'avoir d'autres personnes en face. C'est plus simple comme ça. Et cela évite d'être trahi par des terroristes qu'on a soi-même nommé premier ministre ou général.
4 - Donc Sarkozy ne veut pas s'endormir. Il a plusieurs choix possibles. Petit florilège hypothétique :
Devenir consultant international comme beaucoup d'anciens présidents étrangers. Problème : il ne parle pas anglais et n'a pas le style distingué de ce type de consultant.
Créer une fondation (comme Chirac). Problème : il n'a pas de fibre particulière pour une cause quelconque et ne peut laisser son épouse actuelle le faire à sa place.
Créer un parc d'attraction (comme Giscard avec Vulcania). Problème : À Neuilly, le prix du mètre carré est trop cher et il n'y a pas vraiment la place. Un VIP-parc comme à Saint-Tropez où son fils y fait le DJ ?
Se contenter du Conseil constitutionnel. Problème : il s'agit de décisions collectives, donc ce n'est pas assez valorisant et en plus ce n'est pas très "sexy".
Se contenter de son métier d'avocat et en profiter sur de grandes causes, tout en jouissant de la plus longue et chère retraite de France. Problème : pas de problème.
Finalement, il ne reste qu'une seule piste possible : (re)devenir président de l'UMP. Ça a plein d'avantages : l'occuper ; éviter que soit détricoté son héritage, son bébé ; éviter que l'UMP éclate en tendances dures ou moyennement dures ; mettre un terme à la guerre entre cadors de l'UMP qui risque de dégénérer ; éviter qu'un ennemi au pied cassé ou pas prenne la tête de son mouvement ; bien séparer la présidence de l'UMP de la candidature de droite en 2017 ; pouvoir continuer à contrôler et à parler en public...
Tout ça n'est que de la (mauvaise) science-fiction évidemment. La réalité est toujours plus créative ! Le fait que toute l'UMP va suivre son leader naturel sur la Syrie n'est, bien sûr, qu'un hasard.
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