lundi 25 mars 2013

Esclaves de tout et de rien, mais esclaves


Aujourd'hui, c'est la journée internationale de commémoration des victimes de l'esclavage.

"Libres à jamais", c'est un beau titre pour ce jour qui cumule plusieurs anniversaires :

- 220 ans depuis le décret français pour l'émancipation générale qui a permis la libération de tous les esclaves dans l'actuelle Haïti, et son indépendance juste après. C'est le germe fondateur de l'ensemble des abolitions suivantes. Hommage ;
- 180 ans depuis la proclamation de la loi de l'abolition de l'esclavage de 1833 qui a mis fin à l'esclavage au Canada, dans les Antilles britanniques et au cap de Bonne Espérance;
- 170 ans depuis que la Loi sur l'esclavage indien de 1843 a été signée;
- 165 ans depuis l'abolition de l'esclavage en France, avec un certain Victor Schoelcher
- 160 ans en Argentine,
- 150 ans dans les colonies hollandaises
- 125 ans au Brésil.
Enfin, 2013 marque le 150e anniversaire de la Proclamation d'émancipation aux États-Unis qui déclare qu'à compter du 1er janvier 1863, « toutes personnes possédées comme esclaves, dans un État ou dans une partie désignée d'un État, dont la population se trouvera en rébellion contre les États-Unis, seront, à partir de ce moment, et pour toujours, libres » (Abraham Lincoln).

Une commémoration, en général, c'est pour se souvenir de quelque chose de passé et de terminé.
Effectivement les victimes passées pendant 300 ou 400 ans d'esclavage généralisé ne peuvent revivre et il s'agit bien de se souvenir de leurs souffrances. Il y en a des traces multiples en France et dans ses anciennes colonies : dans les ports négriers, à Nantes et à Bordeaux principalement ; dans notre histoire et nos romans, d'Alexandre Dumas au siècle des lumières ; dans les routes de l'esclavage, maritimes et en Afrique, avec les points de rassemblement ; à Gorée, à quelques encablures de Dakar avec un musée reconstitué...

Le fameux commerce triangulaire était simple : l'Europe envoyait des armes et de l'alcool en Afrique pour acheter des esclaves officiellement ou non ; ces esclaves étaient envoyés dans les colonies des Amériques où ils servaient à produire des biens comme le sucre, le café ou le rhum ; puis ces biens revenaient en Europe. Au passage les négociants, les armateurs, les producteurs s'enrichissaient partout. Seuls les esclaves restaient pauvres ou mouraient, et seule l'Afrique était enfoncée dans un système où on l'empêchait de se développer. Parfait exemple de capitalisme gagnant-gagnant-perdant. Encore aujourd'hui, l'Afrique a du mal à produire ces mêmes produits, y compris le coton, dans des conditions économiques correctes, alors que les USA sont devenue une grande puissance mondiale et que l'Europe continue à tirer les ficelles du développement.

La journée mondiale de l'ONU n'existe que depuis 5 ans ! Sans commentaire.

Mais l'esclavage "moderne" continue aujourd'hui. Caché et honteux au plan international, il est assumé dans certaines zones et de multiples affaires nous le rappellent de temps en temps, y compris dans les palaces parisiens qui accueillent de riches familles pleines de pétrodollars, ou dans certains pays à la limite du Maghreb et de l'Afrique sub-saharienne : Le Mali, la Mauritanie par exemple mais il y en a d'autres, comme le Maroc. La "culture" explique souvent ces comportements très anciens, mais la diversité culturelle ne doit pas justifier tout et son contraire.

L'ONU définit cet esclavage moderne ainsi : "Pourtant, l’esclavage reste aujourd'hui un problème grave qui se manifeste sous diverses formes : servitude pour dettes, servage, travail forcé, travail et servitude des enfants, trafic de personnes et d’organes humains, esclavage sexuel, utilisation d’enfants soldats, vente d’enfants, mariage forcé et vente de femmes et exploitation de la prostitution."

Alors, dans un tourbillon de nouvelles, de la plus haute importance évidemment, il est bon de s'arrêter un peu de temps en temps.

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