jeudi 1 août 2013

Cicid

Cicid ?

Non, il ne s'agit pas d'un Rodrigue bégayeur.
Il ne s'agit pas non plus d'un remake de Sissi l'impératrice Deux.

Le CICID c'est le "Comité interministériel de la coopération internationale et du développement", un machin présidé par le Premier ministre et qui s'est réuni hier. Il ne s'était pas réuni depuis 2009 car Sarkozy ne croyait pas beaucoup à ce sujet et parce qu'il avait confié les clés de l'AFD (Agence française de développement, le bras armé de la France pour les finances) à un fidèle. Depuis François a nommé une nouvelle patronne de l'AFD et cette première re-réunion du CICID a jeté les bases d'un renouveau. Dossier officiel ici.

Quelles sont donc les nouvelles orientations de la France en matière d'aide au développement ?

D'abord une loi va être présentée au vote début 2014. Pourquoi pas ? Ca nous changera des débats alors violents pour les municipales franco-françaises. L'AFD est clairement l'acteur pivot de ce nouveau dispositif.

Il s'agit de donner une touche développement durable à toutes les actions de coopération (Merci Pascal Canfin, un Vert). Une attention particulière sera accordée à la francophonie. Ah ? Bon les budgets devraient donc s'en ressentir pour les acteurs de ces domaines.

Il s'agit aussi de concentrer l'aide. La fameuse Zone de Solidarité Prioritaire (ZSP) qui avait remplacé le "champ" de la coopération française est supprimée et remplacée par des partenariats "différenciés" qui seront réévalués chaque année par le CICID, si, si ! Les nouvelles priorités géographiques sont :
- Les pays pauvres, avec au moins la moitié des subventions accordées (Bénin - Burkina Faso - Burundi - Djibouti - Comores - Ghana - Guinée - Madagascar - Mali - Mauritanie - Niger - République centrafricaine - Rép. démocratique du Congo - Tchad - Togo - Sénégal). A noter le départ de certains pays comme le Gabon ou le Congo, dirigés par des amis historiques du pouvoir français, pourtant...
- La coopération euro-méditerranée (le retour de l'Union pour la Méditerranée ?)
- Haïti, encore et toujours Haïti évidemment
- Le reste du monde ? Oui, mais à coût partagé ou nul pour la France et autour de la croissance "verte et solidaire", Merci Pascal Canfin encore.

Il s'agit de développer les droits des femmes et l'agriculture source d'emploi. Les filles pourront donc à la fois aller à l'école et travailler aux champs. A propos d'éducation, dont l'importance est réaffirmée, le CICID "souligne la contribution de l’ENA en matière d’expertise". C'est normal, il devait bien y avoir plus de la moitié de la table occupée par des énarques.

A propos de recherche, et notamment en liaison avec les grands organismes français traditionnellement actifs dans ce domaine, "le Gouvernement décide d’élaborer d’ici la fin de l’année, avec l'aide de l'ensemble des acteurs français de la recherche, une charte sur la recherche au service du développement". Oulala ! Attention, grosses négociations en vue pour se partager le monde. Un Yalta de la recherche française à l'international ? Qui va jouer le rôle de Staline ?

Il est question d'introduire un peu de moralité dans les "industries extractives" qui sont la richesse et la plaie de beaucoup de régions du monde. D'ailleurs, sans aucun lien évidemment, la décision suivante (11) parle de transparence des flux financiers... C'est laconique mais très suggestif.

"Le Gouvernement relève que politique de développement et politique migratoire doivent être en cohérence". Petite phrase plus dure à mettre en application qu'à écrire. Mais 15 ministres étaient là, dont le ministre de l'Intérieur.

A noter de gros paragraphes sur la lutte contre le réchauffement climatique et l'économie solidaire, Merci Pascal Canfin.

Pour faire tout ça, notamment avec les ONG, le gouvernement officialise la création du Conseil National du Développement et de la Solidarité Internationale (CNDSI) en remplacement d'un autre Conseil Machin. En général quand on fait ça, c'est pour se débarrasser de vieux croûtons et changer un mode de fonctionnement devenu inefficace.

Dans le même ordre d'idée, constatant que le système français d'expertise n'est pas optimal, ce système sera revu notamment en lien avec les autres bailleurs et organismes multilatéraux.

Ah Zut, je me suis trompé, j'ai mis un anglais qui veut renvoyer les immigrés chez eux...
Pas grave, en fait.

Finalement, après tout ça, on se dit que les priorités n'ont plus rien à voir avec des aides distillées dossier par dossier ou pays par pays. Avant de relancer l'aide au développement pour tenir ses engagements internationaux, la France de François décide de mettre un grand coup de balai dans les mécanismes installés depuis longtemps. 

Mais, entre l'annonce et les réalisations, il peut y avoir des écarts. En tous cas les créneaux choisis sont suffisamment précis pour pousser les acteurs français (ou même francophones) de la coopération internationale à redessiner leurs stratégies.
 


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