mardi 10 juin 2014

Gaokao : un bac puissance Chine

Ce week-end, pendant que vous vous prélassiez sur les pelouses des parcs, sous les fontaines de la Place de la République entre deux manifs, ou aux terrasses des cafés en attendant la fin de l'averse, la Chine était en plein stress.

En France le stress pour le Bac a commencé même si la philo c'est lundi prochain, mais le bac c'est peu de candidats finalement, entre 600 et 700 000 par an. 1% de la population à peu près chaque année.

En Chine, il y a à la place du bac un examen d'entrée à l'Université, le Gaokao. Plus de 9 millions de candidats cette année pour un peu moins de 7 millions de places. C'est le plus grand examen au monde et il est limité à deux jours intensifs. Toutes les familles concernées ne pensent qu'à ça, pour certaines depuis plusieurs années. C'est un système très sélectif, surtout pour les plus grandes universités.

En France, l'Université est ouverte à tous ceux qui ont le bac, qui est ainsi le premier diplôme de l'enseignement supérieur, la porte d'entrée. Chacun doit pouvoir y entrer, même s'il en sortira très vite, et souvent en première année. A côté de cette entrée universitaire banalisée, il y a des systèmes très sélectifs : les grandes écoles en direct ou via les classes préparatoires, les filières sur concours ou dossier... Ce système français à plusieurs vitesses, typique de la manière dont la France a redéfini le mot égalité, est inscrit dans nos gênes. Beaucoup de choses se jouent en dehors du bac, avant ou après, qui reste un examen et non un concours. Tous ceux qui dépassent une certaine note obtiennent leur diplôme. Un concours c'est différent. Seuls les x meilleurs passent et tant pis pour vous si vous tombez avec des cracks qui vous empêchent de passer une année.

En Chine, l'examen national est une sélection à l'entrée en Université, car malgré la croissance de la Chine et la taille des universités chinoises, il manque toujours des places pour accueillir tous ceux qui veulent réussir grâce à des études. Et le flux migratoire d'étudiants qui vont en mobilité à l'étranger ne suffit pas à absorber le trop plein, même si de plus en plus d'étudiants chinois choisissent cette voie : de plus en plus de pays occidentaux voient débouler de plus en plus d'étudiants chinois, comme la France, où on atteint chaque année plus du quart des candidats au Bac. Cet examen sélectif est en fait une combinaison de deux examens : le réussir pour avoir le droit d'entrer à l'Université, et être parmi les mieux notés pour avoir le droit d'entrer dans les meilleures universités. Un mélange de concours et d'examen dans le même week-end.

Evidemment, connaissant les enjeux de ce Gaokao, la taille de la Chine et les multiples possibilités de triche, chaque année il y a une course entre tricheurs et surveillants. Il y a aussi une course contre la corruption, mais cela reste un mal endémique en Chine et il semble assez facile pour les riches d'acheter une place n'importe où. Par contre pour la triche banale, il faut admirer l'inventivité des chinois : tout y passe, des technologies très en avance comme une puce dans l'oreille ou des réseaux non brouillables, aux classiques moyens, rendus plus efficaces par la simple loi des grands nombres.

L'enseignement supérieur, et singulièrement les universités, sont un puissant facteur de développement des pays. On a tendance à l'oublier en France où cela parait un droit acquis. Les chinois eux le savent bien. Et les tendances lourdes qui sont derrière ces phénomènes ne sont pas près de s'arrêter !



2 commentaires:

  1. Vous pouvez trouver cet intéressant.

    Enthousiasme pédagogique au Japon, la Corée du Sud et la Chine.
    http://jukuyobiko.blogspot.jp/2014/05/educational-enthusiasm-in-japan-south.html

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  2. Merci, c'est très intéressant. L'enthousiasme est un facteur clé, c'est certain.

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