jeudi 16 octobre 2014

A quoi sert un budget ? Pas à la même chose à Paris ou à Bruxelles en tous cas.

La France est actuellement à un moment-clé en termes budgétaires. C'est un débat aride, et je laisse celles et ceux qui en ont envie lire par exemple ce billet de blog, dont la lecture est réservée aux personnes formées dans le domaine de l'économie et des finances.

C'est comme chaque année la discussion sur le budget au Parlement français. Cette année, c'est plus délicat, car la majorité présidentielle est de plus en plus étiolée et même pas garantie : le seul allié fiable du PS est le PRG qui s'est fâché depuis les sénatoriales - ego de son président non réélu évidemment - et même la majorité absolue du PS sur le papier est en train de voler en éclats, notamment parce que le siège de Moscovici va être remis en jeu suite à sa nomination à la Commission européenne. Le budget qui est présenté est un budget courageux mais qui a dû faire l'objet d'arbitrages complexes pour satisfaire certains députés. Il y a un risque de vote négatif du budget, sauf à faire votre suivant une des procédures bloquées de la Vème République, ce qui n'ets jamais une bonne chose.

Depuis la signature par la France du traité européen négocié par Sarkozy avec Angela sur la rigueur budgétaire, l'Europe a un droit de regard plus pointu sur le budget de chaque pays, donc de la France. Or la manière dont celui-ci est présenté depuis hier risque d'induire une décision quasi automatique de Bruxelles : un rejet. Et puisque l'Europe prévoit des sanctions contre un pays s'il ne s'y plie pas, ces sanctions progressivement de plus en plus élevées seront peut-être appliquées à la France, qui aura toutes les raisons de s'en foutre, avec un double risque : développer l'euroscepticisme en France contre une Europe qui se mêle de tout, et nuire à l'intégration de la France dans plusieurs gros projets européens, y compris ceux défendus par elle pour relancer la croissance (les fameux 300 milliards d'investissements). Sans parler des risques sur les notations de la France et sur sa capacité d'emprunt.

Il semble que le gouvernant a choisi l'affrontement en privilégiant à la fois une ligne compatible avec celle de l'Europe, mais en ne l'annonçant pas comme telle et en la déguisant pour plaire aux français. Le changement de norme comptable introduit cette année en est un bon exemple : il alourdit nos comptes "artificiellement", mais cela ne sera plus le cas pour les années suivantes. La conséquence est limpide : les budgets 2016 et 2017 seront plus agréables pour tout le monde.

On est à mi-mandat (le 6 novembre, avec interview de François à la clé et à la télé). Le budget 2015 semble ainsi sacrifié sur le double autel d'une colère européenne et d'un passage en force en France. Avec l'espoir que tout va s'arranger - en partie grâce à cette politique - en 2015 pour que les deux derniers budgets de François soient positifs et enthousiasmants.

C'est un pari risqué, mais les hommes politiques sont là pour faire des choix, non ? C'et peut-être à cette aune qu'on peut mesurer l'importance - ou la non importance - d'un budget national pour un pays comme la France. Une sorte de baroud d'honneur avec un pied de nez aux eurocrates et autres technoc(rates qui ne regardent que leurs tableaux et leurs indicateurs.

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