mercredi 15 octobre 2014

Du rififi à Tana

Quel beau titre pour un polar. C'est mieux que "Agitation à Antananarivo", mais le contenu est le même.

A Madagascar, après une longue crise de cinq ans au moins, il y a depuis les dernières élections un président de la République accepté par tous, formellement, à la fois les deux principaux partis et la communauté internationale. Et boum, voilà-t-y pas que lundi dernier un ancien président fait son retour au pays après cinq années d'exil en Afrique du Sud. Il s'agit de Marc Ravalomanana et la première chose qu'il a fait en arrivant (avion privé et voyage non annoncé) c'est de tenir une conférence de pesse pour dénoncer les élections présidentielles et contester la légitimité du régime.

Le gouvernement en place l'a fait arrêter, officiellement pour le protéger !?! De qui ? Mais des citoyens qui lui en voudraient après des années de régime dur, ou alors des citoyens qui n'acceptent pas qu'il contexte une élection a priori solide ? L'Histoire est riche de dirigeants (et d'opposants) qu'on enferme pour les protéger au risque d'en faire des martyrs pour leurs partisans. Le lendemain, l'Union Africaine, autorité reconnue même si elle n'est pas parfaite, soutient le gouvernement et l'arrestation (et non la mise en sécurité, vous remarquerez la différence) car il n'est pas possible de venir foutre le bordel comme ça !

Conséquence logique de ce coup d'éclat, les députés du parti de l'ancien président ont déclarer quitter la majorité de coalition, histoire de rouvrir un crise politique dans ce pays qui n'en peut plus... et d'avoir un sauveur genre Sarkozy Ravalomanana, qui se verrait naturellement bien comme chef de l'opposition et futur leader d'un nouveau coup d'Etat.

Vous trouverez partout des articles sur le sujet : ici et ici, ou  et .

A comparer avec le décès récent d'un autre dictateur, en Haïti cette fois, le Duvalier des tontons maroutes. On affaibli passer tout près de funérailles nationales ou d'un hommage indécent... Le grand paradoxe des dictateurs et de leur "héritage".

Evidemment, il s'agit dans les deux cas d'îles, même si Madagascar est la très "grande île". Mais les lendemains des dictatures mettent partout du temps à illuminer de leur noirceur violente les lieux où les dictateurs ont agi. Plus le temps passe et plus le positif croît au détriment du négatif. Histoire de recommencer un coup ? Petite anecdote : En Centrafrique, non loin de la capitale Bangui, quand on emprunte une certaine route on passe devant le tombeau de l'ex-empereur Bokassa, grand ami de la France. Il est obligatoire de s'arrêter devant ce tombeau pour s'y "recueillir". Ca permet d'occuper quelques soldats et de remplir les poches des guides officiels du tombeau. Mais c'est un signe. Et ce, d'autant plus que ce pays est en pleine agitation civile, avec une réconciliation difficile et des candidats qui se verraient bien tous au pouvoir.

Le déni de démocratie est patent dans beaucoup de pays. Et lorsque les systèmes démocratiques ou républicains en place sont fragiles et jeunes, il est fréquent que des attaques individuelles isolées suffisent à les faire tomber ou à les rendre inopérants. Au risque de créer du rififi.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire