lundi 17 novembre 2014

Bilan après une quinzaine de jours contre la corruption en Francophonie

Drôle de titre, non ?

On pourra tirer le bilan du Sommet de la Francophonie dans moins de quine jours maintenant, mais cela n'empêche pas de parler de quelques faits à propos de corruption en Francophonie.

Au Burkina, le régime de Blaise Compaoré a disparu il y a un peu plus de deux semaines et les militaires avaient pris le relais. La communauté internationale s'était émue, entre les grands partenaires internationaux classiques et les pays frères africains qui ont (toujours) peur de la contagion. L'Union africaine avait fixé ce lundi comme délai maximum pour une transition démocratique. Tout le monde avait peur de l'inconnu - un classique - et notamment de ce colonel Zida apparu de nulle part.

Résultat des courses ? Après l'une des plus courtes transitions militaires de l'histoire africaine, le Burkina Faso est revenu dans le camp des pays qui ont une constitution... et qui la respectent. Samedi la Constitution a été rétablie, une charte a été signée dimanche par toutes les parties pour encadrer la transition et le retour à un Etat moins corrompu - un paradoxe aux pays des hommes intègres - et pour désigner un président de transition, en attendant sa confirmation par le conseil constitutionnel du pays qui est donc re-rentré dans ses fonctions. Il s'agit d'un vieux diplomate à la retraite, qui va devoir arrêter de cultiver son jardin pour s'occuper du pays en entier - vaste jardin - et qui va devoir arrêter son rôle de consultant international pour devenir décideur.

Quelque part, cette révolution populaire est magique. Elle rend optimiste tous les démocrates et républicains. C'est pourquoi d'ailleurs elle effraie les autres. Le Burkina Faso devrait donc prochainement remonter dans le classement de Transparency international sur la corruption consultable ici. Le prochain classement annuel est pour décembre, mais cela sera trop tôt pour cette année.

En Roumanie, l'élection du candidat de la droite est une surprise. Il y a deux semaines, au premier tour, l'autre candidat, le premier ministre du parti au pouvoir depuis si longtemps dominait largement la course et semblait certain d'être réélu. Mais devant les nombreuses accusations de manipulation de l'élection, le gouvernement a dû depuis ouvrir plus largement les bureaux de vote à l'étranger, puisque la diaspora roumaine est très importante. Le taux d'abstention est passé en dessous des 40% au second tour, ce qui est une première dans cet ex-pays communiste. Les expatriés, c'est bien connu, votent plutôt à droite - qu'ils aient l'intention de revenir au pays ou pas. La victoire à l'arraché de ce candidats a saturé les réseaux sociaux ce matin.

Le nouveau président apparait comme un vrai acteur pour lutter contre la corruption endémique dans ce pays, un des plus mal notés en Europe, et dont la note baisse régulièrement. Klaus Iohannis est comme son prénom l'indique membre de la minorité allemande de Roumanie. Mais il a surtout été un maire exemplaire dans sa ville de Transylvanie. Et la lutte contre la corruption est l'un de ses axes forts de campagne. La mobilisation immense de la diaspora roumaine a entraîné ipso facto une mobilisation des électeurs en Roumanie elle-même. Le résultat, là encore, est très encourageant pour les démocrates.

Tout ce petit monde et d'autres Chefs d'Etat se retrouveront bientôt à Dakar, avec donc deux petits nouveaux dans la salle, qui seront très observés par les autres, aux places du Burkina et de la Roumanie, assez loin l'un de l'autre puisque les tables des présidents sont organisées par ordre alphabétique dans ce type de Sommet. La France est toujours assise à côté du Gabin d'ailleurs à ce petit jeu.

Et en France justement ? La France est toujours seulement 22° au classement de Transparency international. François espère certainement que les nombreuses décisions prises pour moraliser la vie politique française et la rendre plus transparente auront des effets, sinon cette année, du moins l'année prochaine. Il faut dire que les nombreuses affaires d'opacité - pour rester poli - ont certainement nui à la France mais aussi servi à faire émerger un consensus national sur la nécessité de combattre ceux qui trichent avec les lois, en invoquant des raisons plus ou moins farfelues - vous vous souvenez de la phobie administrative ? Mais il y a également d'autres domaines classiques pour la corruption, dans les entreprises et pour les négociations internationales. Vous aurez certainement remarqué ce week-end que François avait renvoyé Sarkozy dans son camp à propos de la vente des Mistral à la Russie de Poutine. Sarkozy essaye tout pour engranger des votes à l'élection interne à l'UMP. Mais c'est difficile de dire tout et son contraire. Si c'est bien fait ça marche... sinon, on ne se fait que des ennemis. A ce titre l'exemple de l'abrogation de la loi Taubira pour la remplacer par une autre qui aurait un contenu quasi identique mais avec un autre nom est un parfait exemple de déni de démocratie. Même ses alliés proches s'en sont rendu compte d'ailleurs. Mais je digresse, je digresse, tout ceci n'a plus rien à voir avec la corruption, voyons.

Je lisais une citation ce week-end. Je vous la livre. Elle est de Chinua Achebe et extraite de "Education d'un enfant protégé par la Couronne" : Notre humanité dépend de l'humanité de nos semblables. Aucun individu, aucun groupe ne peut être humain tout seul. Nous nous élevons tous ensemble au-dessus de l'animal ou pas du tout. Quand nous aurons appris cette leçon, même s'il est tard, nous aurons réellement progressé d'un millier d'années.

Bon, c'est un écrivain africain, nigérian, anglophone et même très britannique, une référence pour toute l'Afrique avec son roman fondateur "Le monde s'effondre", bien plus que Kourouma, francophone lui. Au-delà des langues, et de la vie de ces deux écrivains décédés, la lutte contre la corruption du monde et pour l'humanité reste une lutte nécessaire, quoique sysiphique...


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