Le Canada a suivi l’Australie (sur instruction du Chef de l’Etat, la Reine d’Angleterre ?) et interdit dorénavant la délivrance de visas aux personnes originaires des pays touchés par Ebola, ou qui y sont passées il y a moins de trois mois. (Les pays qui correspondent à ces critères sont pour le moment la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia)
La psychose collective s’étend. Et le Canada, qui reste l’un des seuls grands pays opposés à tout changement sur le changement climatique, ferme un peu plus ses frontières. Pourtant le Canada est un pays ouvert à tous ceux qui souhaitent y vivre et apporter leur énergie au développement du pays, moyennant certaines conditions, bien mineures en réalité : prouver qu’on a assez de moyens (solvable) qu’on a des diplômes (éducation) et un employeur local prêt à vous embaucher (caution) tout en n’étant pas malade (Ebola ou autre) ni terroriste (étranger louche). Organiser une réunion internationale au Canada devient de plus en plus délicat, et ce n’est pas la récente attaque « terroriste » - ou plutôt de citoyens devenus amok - à Ottawa qui va améliorer la situation.
Vivons heureux, vivons cachés. NIMBY, pas dans mon jardin… Avec ce genre de réflexe on ne va pas loin, mais c’est toute une société qui se braque ainsi pour se protéger du méchant, de l’Autre. Un modèle - ou un antimodèle - pour l’Europe ? En tous cas les protectionnistes et les nationalistes de toutes origines se féliciteront de cette mesure.
Pas les autres. Le FMI par exemple, qui a l’habitude de travailler avec des étrangers, notamment des africains, et même avec des fous comme le DSK de la grande époque, met en garde contre toute stigmatisation de l’Afrique, qui est contre-productive et malsaine. En Afrique il y a Ebola maintenant comme excuse, mais aussi les terroristes de diverses origines, les dictateurs déchus et remplacés par des militaires ambitieux, et plein de chinois qui viennent voler les ressources naturelles. Tous ces clichés ne font pas du bien à l’Afrique, surtout quand ils sont repris par de grands pays, comme le Canada.
On notera, paradoxalement, que le Canada est en pleine campagne électorale pour obtenir le poste de Secrétaire Général(e) de la Francophonie, lors du prochain Sommet de Dakar, en la personne de Michaelle Jean, ancienne gouverneur générale du Canada (la représentante de la Reine sur place, encore elle décidément) et surtout originaire d’Haïti. Cette mesure d’exclusion des africains ne va pas vraiment aider la campagne canadienne auprès des Chefs d’Etat africains, on s’en doute. Mais un Etat fait souvent autre chose avec son bras droit qu’avec son bras gauche, son cerveau ou ses… tripes.
On suivra le feuilleton OIF à la fin du mois de novembre. Un nouveau compétiteur est en lice depuis hier, c’est évidemment Blaise Compaoré qui tout en sortant par la petite porte a quand même laissé derrière lui une situation à problèmes, avec des partis politiques en désaccord sur tout, une rue qui foisonne de jeunes, et le chef de l’armée régulière vis-à-vis du numéro deux de la garde présidentielle, mais ce dernier a pris la tête après le premier virage. On suppose que le numéro un est parti en Côte d’Ivoire avec l’ex-président et sa femme.
Tout ça est donc bien triste pour le Canada, gouverné par un parti libéral assez à droite. N’essayez pas de faire des blagues sur Ebola dans l’avion vers le Canada et n’en faites pas non plus devant les officiers de l’immigration en arrivant. Le sens de l’humour n’existe pas chez ces gens-là. Et puis réfléchissez un peu. La même chose peut arriver chez nous, sous la pression de lobbies qui pensent local et non global.
PS : une lectrice infiltrée au Québec me dit que le parti de Monsieur Harper est plus conservateur que libéral. Vu de France c'est le contraire, mais de toutes façons il est à droite ;) Et notre François l'a rencontré. 3 jours de visite officielle en ce moment. On espère qu'il a mis son Damart sous la chemise.
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