On en parle depuis si longtemps, du Grand Paris. Les majorités se suivent et ne se ressemblent pas, les projets d’aménagement se multiplient, les organisations politiques et administratives pour le piloter se défont aussi vite que d’autres sont imaginées. Et pourtant les décisions ont été prises et, sauf mégalo de droite voulant tout détricoter pour le plaisir de le faire, le choix est fait.
A l’heure des 13 grandes régions en France, puisque c’est le vote final de l’Assemblée nationale, l’Île-de-France reste la plus riche. Et le Grand Paris à l’intérieur le coeur de cette région très centralisée. A l’heure des grands aménagements politiques du territoire, il n’y a pas beaucoup de dossiers comme celui-ci qui risquent de changer la vie de millions d’habitants.
On a souvent parlé du Grand Paris à travers les réseaux de transports. La construction d’un nouveau périphérique en transport collectif, des métros et des trains supplémentaires pour améliorer la circulation sans passer forcément par le centre de Paris. Les batailles sont titanesques entre ceux qui veulent qu’une ligne passe par chez eux et ceux qui ne veulent pas. C’est d’ailleurs très souvent par les transports que passent les réformes en France, et la visibilité d’icelles. C’est là aussi qu’il y a le plus de grèves visibles.
Et aujourd’hui, grande nouvelle. Après des mois de discussions, une des promesses de campagne pour la gauche en Île-de-France va être tenue : un tarif unique pour l’abonnement mensuel tous transports collectifs confondus à l’intérieur du Grand Paris. Pour 70 euros par mois, chacun pourra se déplacer partout dans une zone large.
Mine de rien c’est une révolution :
- A Paris on paye actuellement un peu plus de 67 euros pour ça - avec les week-ends et les vacances d’été désolées en prime. Dans la zone 5, loin de Paris-Centre donc, on paye plus de 130 euros. Et ce sont surtout les pauvres et les classes moyennes qui prennent ces transports pour aller travailler. Les plus riches ont des voitures.
- En face d'une faible augmentation à Paris, il y a une forte diminution en banlieue. Tout cela va passer par un équilibre économique nouveau, qui a été trouvé puisque la région, l’Etat et les entreprises ont trouvé un accord. Il y en a déjà qui râlent évidemment, puisqu’ils ne regardent que leur cas particulier. Ceux qui y gagnent, d’ailleurs, ne disent rien.
- Quelque part le plus important est ce gommage des barrières autour de Paris. Comme si la ceinture qui emballait Paris se desserrait tout d’un coup. Cela mettra du temps évidemment. La mesure est annoncée pour la rentrée 2015 - à cause des pass pour les étudiants et écoliers. Mais il faudra des années, comme pour le mur de Berlin, avant que cela pénètre la conscience des franciliens. Cela aura forcément des impacts sur les logements, les lieux de travail, les commerces. Les sociologues suivront certainement ces évolutions du terrain avec joie et précision.
- Les transports sont, à notre époque, le révélateur d’une société de plus en plus mobile. La fluidité de ces transports devient donc vitale. Evidemment le prix du voyage n’est qu’un des facteurs. Il y a les durées de transport, la qualité de vie, la densité du maillage du réseau. Mais le symbole du prix est fort. Les vieux se souviendront de l’époque où il y avait des tickets différents pour les métros et les bus, ou plus récemment encore où les correspond,ces demandaient deux tickets au lieu d’un...La fusion des modes de transport collectif en un seul mode globalisant donne une énergie nouvelle à la manière de les utiliser.
Alors chapeau à tous ceux qui ont travaillé à cette mesure pour le pass Navigo. Et tant pis pour ceux qui n’ont pas envie d’en comprendre les enjeux.
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