vendredi 12 décembre 2014

Comment séduire des présidents d’universités ?

Pas facile quand on est au pouvoir de séduire les présidents d’universités.

On pourrait penser qu’en mettant l’enseignement supérieur et la recherche au coeur de l’innovation et de la stratégie de développement en France, François avait marqué quelques points. Il faut dire que les Assises de l’enseignement supérieur et autres Etats généraux de la recherche avaient fait plein de recommandations dont seulement certaines ont été reprises dans le projet de loi Fioraso (qui a un blog aussi). Il faut dire que Sciences en Marche a réuni pas mal de gens et pas seulement des marcheurs. Il faut dire que les regroupements d’universités, les fameuses nouvelles COMUE (à ne pas confondre avec Commune ou Communiste), se mettent en place mais pas partout.

Par contre; malgré tous ces beaux discours tendant à prouver que des nombreux nouveaux crédits sont affectés à ce secteur, il y a eu des coupes (à peu près équivalentes aux ajouts, on appelle ça des vases communicants ou de la dynamique des fluides), il manquait toujours 70 millions d’euros au compteur. Une bagatelle pour l’Etat, mais ce qui peut permettre à beaucoup d’universités de repasser un peu dans le vert. Pourquoi cette décision ? La Marche venait de revenir à Paris et cette décision leur ôte un gros argument. De plus François dîne ce soir avec la CPU, la Conférence des Présidents d’Universités, un club fermé et assez inefficace mais influent surtout quand il y a des revendications à la clé. Le dîner se passera mieux, mais...

Il y a des élections à la CPU très prochainement pour le triumvirat qui dirige cette Conférence permanente. Et comme par hasard, l’une des candidates à la présidence (venant de Montpellier), proteste contre cette « manoeuvre politique ». Elle-même se lance dans ce même genre de maneovre puisque son concurrent qui est le président actuel de la CPU est plus tiède suite à l’annonce de François. Comme quoi les élections ne touchent pas que les politiques... D’ailleurs à la CPU, les dissensions sont évidemment autour des projets des équipes candidates, mais aussi autour de clivages devenus classiques dans ce milieu : sciences humaines et sociales contre sciences dures ; province contre Paris : Grandes universités d’excellence et universités à ambition régionale ; droite contre gauche... Et maintenant hommes contre femmes ?

Ce qui a peut-être pesé dans cette décision est peut-être ce blog en images, un Tumblr pour ceux qui connaissent : « Ruines d’Université ». Les photos de morceaux d’universités délabrés sont édifiantes. Les images ont bien été reprises par les médias et elles font mauvais genre, y compris lorsqu’on veut attirer des étudiants étranges (et solvables) en France. Vous remarquerez que ce Tumblr parle de ruines de l’Université - avec un grand U et au singulier - c’est à dire bien plus largement que des universités visées par ces photos.

Le problème avec les universitaires c’est qu’ile ne se laissent pas faire et qu’ils savent débattre et déceler les discours dans les discours. Alors ce soir on souhaite bon appétit à François... Au moins la salle à manger sera chauffée.


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