mardi 6 janvier 2015

Gastrobises

Tous ceux qui ont recommencé à travailler lundi dans des bureaux ont dû passer par la tournée des bises. C’est la tradition dans un environnement de bureau standard que de se souhaiter la bonne année et de faire la bise le plus possible. Il y a plusieurs attitudes possibles :

- Les stakhanovistes de la bise qui essayent d’en enchaîner le plus possible en faisant la tournée de leurs voisins, quitte à déborder sur les étages voisins et même pourquoi pas les entreprises d’à côté. On les appelle les biseurs (attention à votre correcteur orthographique). Parmi ceux-ci, souvent des hommes, il y a ceux qui cherchent avant tout leurs collègues féminines, ou ceux qui arrosent large et qui bisent tout ce qui passe.

- Les allergiques à la bise, à l’autre extrême, qui cherchent toutes les excuses possibles pour éviter le contact gluant de leurs collègues adipeux. Ceux-ci tendent la main et le bras en se rejetant un peu en arrière pour montrer leur distance. Ca ne marche pas toujours. Reste l’excuse de la gastro (ou du rhume) mais cela ne réussit pas toujours à éloigner les biseurs.

- Les sélectifs qui vous font bien comprendre qu’il y a les bonne année avec bise et les bonne année sans bise. Non mais, on n’a pas gardé les vaches ensemble ! Il y a toute une tactique pour obtenir une bise avec ceux-là. Arriver les bras en croix et le buste en avant n’est pas la meilleure approche à mon humble avis.

- Les misanthropes qui ferment ostensiblement la porte de leur bureau ou qui déplacent la plante verte pour interdire l’accès à leur open space, en espérant que personne ne viendra les déranger. Dans ce cas, il faut avoir l’air très occupé, les mains sur le clavier et le regard concentré (sur votre page Facebook ou vous empresserez de rajouter sur votre statut un truc du genre « Y’a encore machin qui veut me biser, c’est le trente-deuxième ce matin ».

- Les étourdis qui n’ont pas réalisé qu’on était la première journée de travail de l’année et qui sont soit dans la lune soit moqueurs face à de tels rituels.

- Les obsédés du travail qui ne vont pas perdre une minute à ça, d’autant plus que, eux, ils ont travaillé depuis le 2 janvier (si ce n’est le premier) et que vous ne devriez pas perdre votre temps à ça.

- Les hargneux frustrés ou ceux qui ont un sens de l’humour déplorable et qui font les bises avant de vous annoncer qu’ils ont la gastro mais que ce n’est pas (très) contagieux. Pourtant la France a franchi le seuil épidémiologique pour la gastro depuis ce week-end.

En ce qui concerne les sujets de conversations , c’est quand même assez limité :

- bouffe et beuverie, salé ou sucré ou les deux, avec plus ou moins de détails sur les menus suivant les régions d’origine. Des regards blasés, volontairement discrets en cas de trop riches ou de trop pauvres, et des forfanteries pour les végétariens au régime sans sel.

- anecdotes de fêtes : attention à ne pas faire trop dans le crash sinon vous êtes catégorisé jusqu’à l’année suivante. Quand cela implique un enfant ou un chat on a le droit. Mais pas plus. Ne jamais parler de la belle-mère, on n’est pas à la télé !

- la météo, encore et toujours. A Paris on a toujours le droit de faire des feux de cheminée, donc ceux qui en ont fait ont dû s’en vanter. Les pauvres qui ont été coincés à la campagne par la pluie sans pouvoir sortir en ont aussi profité. Tous ont parlé de météo.

- les phrases bateau « ça s’est bien passé ? » ou « vous vous êtes bien reposés ? » sont les plus intéressantes, surtout si la personne répète la même phrase à tout le monde. C’est comme le ça va, ça va, auquel il ne faut jamais répondre non ça ne vas pas. Ceux qui manquent d’imagination ou qui s’en foutent en abusent.

- et la gastro évidemment. Surtout si vos collègues ont des enfants, c’est le sujet à avoir présent à l’esprit. Evitez quand même de vous balader dans les bureaux avec votre flacon de gel désinfectant pour les mains et les joues. Vous risquez d’avoir une réputation plus délicate à enlever que les bactéries.

Enfin, pour la question existentielle qui tue, je vous renvoie à ce siteCombien de bises faut-il faire dans chaque région de France ? Voici une information utile à glisser dans vos favoris/signets. S’il y a des bretons du Finistère dans la salle, prière d’expliquer pourquoi on ne fait qu’une bise chez vous...

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