La diplomatie est un art difficile et long... Quelques exemples dans l'actualité.
Sommet des Amériques au Panama ce week-end. A l'ordre du jour, une seule photo attendue, celle de la poignée de mains entre Obama et Raul Castro. Une poignée de mains au plus haut niveau entre deux pays qui se regardent en chien (de fusil ou de faïence) depuis plusieurs décennies. Après le rétablissement des relations diplomatiques juste avant Noël dernier (on en avait parlé ici), c'est un signe fort, annonciateur de plein d'autres mesures. En vrac : la création d'un centre d'entrainement de la NBA à Cuba - c'est du basket ; la possibilité pour les touristes US de venir à Cuba pour des séjours, à condition de ne pas aller dans les hôtels en bord de plage mais d'utiliser d'autres formules d'hébergement dans le cadre de programmes spécifiques et de groupe - même Airbnb commence à s'y intéresser... En primeur de ce rendez-vous historique, les deux chefs des diplomaties américaines et cubaines se sont serré la main, comme des doublures qui posent pour l'éclairage avant que les stars arrivent... Saurez-vous les reconnaitre ?
Dans un autre registre, la France et le Vatican sont empêtrés dans une sombre affaire d'ambassadeur. La France a désigné celui qu'elle considère comme l'ambassadeur idéal, mais le Vatican ne l'a toujours pas agréé, comme il est normal pour tous les ambassadeurs du monde. La raison que tout le monde répète, au-delà de la compétence de cette personnalité quepersonne ne remet en cause, est le fait que cet ambassadeur est homosexuel et que ce fait est connu de tous. Le Pape est visiblement coincé entre plusieurs tendances de lobbies : des rigoristes qui dénoncent toujours l'homosexualité, en dehors du Vatican bien sûr ; le lobby français des intégristes de la manif pour tous qui ne tolère pas une telle décision d'adoubement d'un gay au Vatican ; et enfin la tendance de ceux qui sont pour l'ouverture, conformément aux discours du Pape lui-même d'ailleurs. Une épine embêtante. Les opposants à cette nomination pressent François de changer de proposition, mais on est bien là dans une négociation diplomatique. Feutrée, mais violente quand même, comme toute négociation. Les enjeux politiques ne sont pas les mêmes évidemment, mais c'est un signe de la difficulté de plus en plus grande des diplomaties à s'abstraire du monde.
Hier, le premier ministre indien était à Paris - aujourd'hui il est en Allemagne. La diplomatie indienne recommence à considérer la France comme importante et utile, et idem pour la France vis-à-vis de l'Inde. Il y a l'enjeu de la vente des Rafale bien sûr, mais également plein de coopérations dans plusieurs domaines technologiques et industriels. Il y a également la question de l'émergence de l'Inde et de sa présence en Afrique, aux côtés ou plutôt à côté de la Chine, cet éternel ennemi, et pas seulement à cause des petites montagnes entre les deux zones d'influence - on dit Himalaya je crois. On notera juste, dans ces rencontres diplomatiques, que c'est encore une fois la France et l'Allemagne qui travaillent ensemble sur ce dossier - pas le Royaume-Uni, ancien colonisateur - et que l'Union européenne est passée à la trappe sur ce coup. Un poids plume européen multilatéral contre des diplomaties bilatérales puissantes. Ainsi va le monde.
On terminera avec cette nouvelle rafraichissante : la diplomatie suédoise se réveille et devient "audacieuse". Suite aux dernières élections et conformément aux promesses électorales - tiens, tiens ? - le gouvernement suédois vient de se brouiller avec l'Arabie Saoudite il y a un mois pour de multiples raisons, dont les droits de l'Homme et plus particulièrement ceux des femmes. Malgré le pétrole et l'influence internationale, la Suède choisit une posture à la fois neutre et défenderesse des droits, que d'autres pays préfèrent ne pas adopter en remplaçant cette horrible expression - droits de l'Homme - par la si jolie formule de la "diplomatie économique" chère à Fabius.
Diplomate, un beau métier !
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