lundi 13 avril 2015

Loi sur le renseignement : Derrière chaque français, deux ordinateurs et un vigile

Semaine clé pour contre la liberté en France, avec le début des débats sur la "Loi sur le renseignement", proposée par les socialistes avec l'appui de tous les autres partis - UMP et FN.

Disons-le tout de suite, il s'agit d'une des lois les plus liberticides en France ! Ici, on est contre cette loi, comme la plupart des organisations qui connaissent le monde du numérique et ses dangers, ou qui défendent simplement des droits de l'Homme et du citoyen et de la personne qui téléphone, surfe ou écrit simplement un texte sur un clavier. On citera parmi les opposants à cette loi des noms comme la Quadrature du net, Gandi, le Syndicat de la Magistrature, Amnesty International, la CGT Police, La commission nationale consultative des droits de l’homme, l’Ordre des avocats de Paris, l’Union Syndicat des magistrats, Renaissance numérique, l’AFDEL, le Syntec Numérique, Human Rights Watch, la Commission du numérique, Charlie Hebdo (qui sert pourtant de contre-exemple dans les attendus de la loi). Vous pouvez y ajouter des grands fournisseurs d'accès et de services qui menacent même de quitter la France à cette occasion.

Manif aujourd'hui : 12h30 Assemblée nationale mais peu de monde attendu.

Il faut toujours un ennemi, ici c'est le terrorisme, pour justifier, ou essayer de justifier la perte de libertés. Comme disait Benjamin Franklin il y a longtemps et dans un autre contexte "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux". Le député rapporteur de la loi n'y va pas par quatre chemins, en expliquant que cette loi permet "une surveillance limitée à quelques individus qui présentent une menace avérée au regard de motivations sérieuses". Il critique donc ceux qui dénoncent une loi qui va beaucoup plus loin, beaucoup trop loin.

Il y a deux sortes de lois liberticides : celles qui sont décrétées par un gouvernement autoritaire (quel que soit son bord) pour écouter ses citoyens et réprimer les opposants ; celles qui sont prises pour de bonnes raisons à un moment donné (la sécurité ou le terrorisme) mais qui sont utilisées plus tard - par un autre gouvernement - pour des motifs qui ressemblent au premier cas ci-dessus. Mais dans les deux cas, ce sont des lois liberticides et qui vident à légaliser les pratiques illégales d'écoute et de renseignement. A force de légaliser l'illégal au bénéfice des forces de police, on se retrouve dans un Etat policier...

Il parait que ce combat n'intéresse que peu les français, qui sont contents d'une meilleure sécurité, dans un climat général de droitisation de la société. Les opposants sont accusés d'être des geeks et des spécialistes, sur un sujet trop technique. Prenons alors un exemple de dispositif interdit aujourd'hui, sauf mandat d'un juge, et qui sera utilisable légalement demain dès qu'un vague soupçon pèse sur n'importe qui : Les fameuses valises "IMSI-Catcher" qui permettent, à partir d'une simple mallette d'homme d'affaires, d'écouter toutes les conversations et communications dans un rayon de 500 mètres (qui sera forcément étendu dans les années à venir à plusieurs kilomètres avec les avancées de la technologie. Vous voulez participer à une manif et ne voulez pas que la police le sache ? Eteignez votre téléphone ou détectez si vous êtes dans une zone écoutée... C'est juste un petit exemple parlant (et écoutant).

Techniquement, celle loi est évidemment inopérante puisque les organisations réellement dangereuses sauront mettre n place des méthodes pour empêcher ces contrôles. Mais pas les citoyens de base, ni les apprentis terroristes ni les apprentis hommes politiques.

A vous de voir. Ou de ne pas voir. Ou d'être vu. Ou de ne pas être vu...



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