jeudi 28 mai 2015

Deux jours sans Internet

Petite expérience à méditer. Je suis au Burkina Faso, cette semaine, mais pas dans la capitale. Et l'Internet est absent ou au mieux aléatoire. En tous cas insuffisant pour communiquer sauf situation d'urgence. Tout cela est lié au fait que je suis ici en mission donc sans clé 3G locale pour me connecter. Même les SMS ne passent pas d'ailleurs. Certains sont mangés à moitié en fait. C'est donc le moment de commenter ce que peuvent être les réactions à ce sujet, pour moi qui suis habitué à être connecté, et pour certains de mes collègues qui sont encore plus drogués à la technologie. Petite revue de détail.

Un collègue est devenu quasiment livide et paralysé. Il n'avait pas envisagé que cela puisse lui arriver un jour, tellement il est naturel pour lui de savoir qu'il est connecté. Il en a même oublié que le téléphone existe encore et qu'on peut l'utiliser pour être joint et pour appeler. Il est vrai que le monde entier vous répète que le téléphone Afrique-Europe est hors de prix et que le roaming est un luxe somptuaire. Alors on n'y pense pas. Comme si l'absence de bruit paralysait la bête au même titre que les phares éblouissent la bête la nuit. Son problème était l'urgence réelle "j'ai besoin de savoir que je suis joignable même si personne ne m'appelle". Ajoutez à cela le réflexe d'aller compulsivement rechercher sur l'Internet tout ce qui pourrait être nouveau. Comme si la coupure loin de ce flux incessant nous coupait de notre humanité.

Un autre s'en est foutu et a pris du bon temps, entre le travail sur place et le relationnel à développer, avec une augmentation du nombre de contacts dans le monde réel, en local. En plus il a pu tranquillement, en dehors de ces moments, se baigner et boire une bière (africaine évidemment). Une mission plus productive que d'habitude pour lui, car moins perturbée par des parasites distants, comme s'il était encore dans son bureau au loin. Et sur le plan personnel, un rappel de son côté humain pas limité à une interface machine-homme-réseau.

J'en ai vu un qui ne s'en était pas rendu compte. Il trouvait juste que c'était très lent et que ses messages ne partaient pas. Aucune culture technique, aucune explication. De toutes façons si ça ne marche pas c'est de la faute de la machine (et des informaticiens en plus). Il est vraisemblable qu'une fois revenu chez lui il sera surpris de la masse de messages tronqués et non reçus, mais, rassurez-vous, il accusera son informaticien.

Un autre a continué comme si de rien n'était. Il envoyait et recevait des messages, surfait et regardait même des vidéos. Tout ça avec son iPhone de luxe en mode 3G ouvert. J'estime sa facture au retour à quelques centaines d'euros au minimum, sinon plus. Comme je pense qu'il est patron il s'en fout, c'est sa boîte qui paye. On ne va quand même pas le priver de son jouet, non ?

Enfin il y a moi. Blogueur quotidien, mon seul souci était de trouver chaque jour une minute d'accès internet pour poster mon billet, car il est hors de question de rater un jour, sauf cas de force majeure et ce n'est pas le cas. Au plan personnel, le téléphone c'est parfait, même si la visio à distance c'est pratique, pour voir l'être aimé par exemple. Finalement, l'absence de lien avec le monde extérieur obligé à privilégier le lien social autour de moi. La capacité à mieux écouter.

M'enfin, j'ai bien fait de charger à l'avance des films et des livres sur mon iPad ;) mais je suis impatient de découvrir les détails de la crise à Madagascar, même si un malgache ici présent s'y attendait et a dit "on est reparti pour plusieurs mois de bordel, mais ça ne va pas nous empêcher d'avancer"...

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