mercredi 27 mai 2015

To Républicains or not to Républicains ? Une farce Majuscule

En France on se pose toujours de drôles de questions. Intéressantes ou superflues, mais avec un sens du buzz parfait.
L'exemple de la plainte contre le nouveau nom "Les Républicains" de l'UMP est un exemple parfait d'absurdité médiatique.

Pour mémoire une plainte en référé avait été déposée par plusieurs associations de gauche pour interdire à l'UMP de prendre ce nom, pensé discriminant pour les autres républicains, et censé s'approprier un mot du vocabulaire. Un nom commun, vous aurez noté, pas un adjectif comme dans le parti républicain de Giscard par exemple. Et en plus un nom avec un R majuscule, qui réjouira tous les statisticiens qui adorent le logiciel R, mais qui est censé montrer une emphase disproportionnée. Tout ça c'était des arguments contre ce nom, or, las, la justice a jugé en référé qu'il n'y avait pas urgence à interdire ce nom ni danger pour l'ordre public. Les gens de gauche qui avaient proposé ce procès sont tristes. Â droite, on est joyeux, alors même que l'affaire n'a pas été jugée sur le fond, et ne le sera pas avant longtemps, une fois le nom entré dans les mœurs. D'ailleurs l'UMP a dejà commencé une campagne de pub avec ce nom. On rappelle que cette décision n'interdit pas à l'UMP d'utiliser ce nom à ce moment précis, mais que rien n'est décidé sur le fond.

Des deux côtés, on trouve des avantages à ce mauvais procès. A droite, on y voit une légitimité renforcée, une défaite de plus pour la gauche et un gros coup de pub gratuit dans les médias juste avant le congrès refondateur. On oublie d'ailleurs très vite que le même jour le Conseil d'Etat a décidé contre l'UMP qui avait proposé une question prioritaire de constitutionnalité, au cas où le référé aurait été contre eux. C'est donc une défaite aussi pour la droite, qui a montré là sa fébrilité, et sa maîtrise du monde des avocats. A gauche, on y voit le début d'un combat symbolique, en oubliant que les français se contrefoutent de ce type de débat bien loin de leurs préoccupations quotidiennes.

Mais quand on regarde ça d'un peu loin - je suis au Burkina Faso cette semaine, avec des problèmes politiques autrement plus urgents dans toute la région - on ne peut que se moquer de cette enflure médiatique autour d'une question pleine de vide et d'inanité. En France comme aux USA, le mot républicains a été beaucoup utilisé à droite depuis longtemps. L'envie de Sarkozy de ne pas parler de parti dans son titre, même si ce sera un parti comme les autres, le "Parti Les Républicains", ou PLR, est louable, il ne pouvait pas non plus parler d'Union ou de Rassemblement. L'ellipse est cruelle : un parti qui ne s'affiche pas comme tel, mais qui est majuscule. Il est rare en français d'avoir des articles avec une majuscule, et la majusculisation si vous me permettez des républicains est un moyen efficace de les sublimer. Le Front National s'est d'ailleurs précipité dans la brèche en déposant le nom "Front National Républicain" au cas où. 

Avouez que vous moquez du résultat. Ce parti restera l'UMP, à enveloppe identique ou presque, en pire : interdiction des courants, personnalisation de la direction autour de Sarkozy, etc... Quel que soit son nom. Et ce nom n'est pas pire qu'un autre. Qui se souvient que l'UMP s'appelait Union pour une majorité présidentielle avant que Chirac soit élu et donc qu'il devienne Union pour un mouvement populaire, uniquement pour garder les mêmes lettres ? Qui croit encore que le Parti Socialiste soit socialiste, ou le PC communiste, par exemple ? Qui comprend la différence subtile d'usage du mot démocrate entre l'UDI et le MoDem, partis centristes de droite ? C'est en plus sans compter avec tous ces petits partis présents dans certaines élections locales, ou tous ces micro-partis qui servent à financer les gros, à droite comme à gauche.

Alors, oui, cette aventure d'emballement autour d'une procédure sur un nom commun affublé d'un article défini pluriel et d'une majuscule est ridicule. Si sArkozy veut appeler son parti comme cela, grand bien lui fasse, pourquoi l'empêcher. Si on veut le combattre c'est sur un autre terrain qu'il faut le faire, comme disait Sun Tzu, pas sur celui qu'il a choisi. Mais comme les politiques préfèrent parler de cela plutôt que de vrais problèmes... Ça arrange tout le monde. Pas les lecteurs de ce blog, j'espère.

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