mercredi 1 juillet 2015

Des universités riches et qui pourraient l'être encore plus ?

Publication d'un petit rapport qui va faire du bruit dans le Landerneau des universités françaises.
"Revue de dépenses" réalisée par des inspecteurs généraux des finances et de l'administration de l'éducation nationale, en fait. Texte intégral ici. Le rapport date de mars, mais n'est rendu public qu'aujourd'hui.

La situation financière des universités reste fragile, mais s'est beaucoup améliorée depuis la crise sarkozienne de 2011. Un peu partout il y a des universités bénéficiaires même s'il reste des canards boiteux, trop petits ou pas assez bien gérés. Au lieu de se féliciter de cette situation en apparence favorable, les rapporteurs notent que les succès actuels ne sont pas durables.

La plupart des postes de dépenses déficitaires le seront de plus en plus, et cela concerne principalement les ressources humaines, le coeur de métier d'une université. Les coûts RH explosent et ce n'est pas près de s'arrêter, avec toutes les contraintes administratives qui pèsent sur ces entreprises publiques que sont les universités.  La gestion du parc immobilier des universités est également souvent une cause de problèmes, avec une forte croissance des mètres carrés nécessaires : dans les pays en développement, on appelle cela la massification, c'est-à-dire l'augmentation massive du nombre d'étudiants, logique alors que le bac est réussi par un nombre de plus en plus important de candidats (cf. la polémique sur les sujets trop faciles cette année de physique-chimie dont le barème a dû être revu pour que les notes moyennes ne soient pas trop basses).

Le rapport préconise la recherche de nouveaux financements, comme d'habitude. De nouveaux contrats de recherche évidemment, mais aussi la fameuse augmentation des droits de scolarité, ce que le gouvernement et son nouveau ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche apprécieront, histoire de jeter à la rentrée quelques centaines de milliers d'étudiants dans les rues. Le système français est basé sur des frais de scolarité bas, même si ceux-ci sont de plus grevés de coûts supplémentaires pour tout et n'importe quoi, afin de les gonfler sans le dire. C'est évidemment la question "serpent de mer" des droits de scolarité qui va focaliser les débats, encore une fois, au-delà des autres points pourtant très intéressants.

La ministre de l'Education nationale a formellement été obligée de tweeter pour dire qu''elle était opposée à toute augmentation des dits droits. Il faut dire que le rapport a été commandé par la précédente ministre de l'enseignement supérieur. On attend les déclarations habituelles, donc, avec zenitude, des pour et des contre... Mais la diffusion de ce rapport le premier juillet est un élément intéressant à regarder : il s'agit de produire des arguments pour baisser le budget des universités "trop riches" à court terme (2015 c'est fait, 2016 c'est pour l'automne), et il s'agit de profiter de la torpeur estivale et caniculaire pour éviter le débat public. Les bibliothécaires des universités avaient déjà réagi en mai, eux... Normal, ils font de la veille stratégique et documentaire !

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