jeudi 2 juillet 2015

PPD Aaaaaaaaaaaaaaaaah !

La France, terre des libertés (et de l'audimat), accueille depuis des lustres des humoristes, plus ou moins méchants, cyniques, parodiques (ou pas). Le paysage médiatique français est ainsi traversé depuis l'invention même de la presse par des innovations intéressantes (Le Petit Journal) ou par des classiques confirmés (Les Guignols de l'info). Au royaume des comiques enterrés, il y a des princes et des inconnus (ah non, pas eux). Canal + avait fait de sa tranche en clair du soir un modèle du genre, entre les Guignols, les Nuls et leurs successeurs.

L'annonce - fausse encore à cette heure, mais c'est pour tâter le terrain - de la suppression possible des Guignols est tombée comme un pavé dans la mare. Au moins deux générations connaissent les Guignols, sinon trois. Ils ont marqué la fin du siècle dernier et même s'ils ont pu baisser au XXI° siècle, ils sont toujours là. Le capitalisme industriel qui possède les grands médias, n'aime pas l'humour, en tous cas moins que les recettes publicitaires. Bolloré ne fait pas mieux que Bouygues ou Lagardère en son temps. Il suffit de dire que ce n'est pas drôle pour tuer son chien, pas besoin de l'accuser de la rage. Le sketch "Cule un mouton" mettant en scène le tribunal des cravates face au directeurs des programmes (paix récente à son âme) est devenu un tel classique qu'on ne fait pas mieux dans la réponse à la question "qu'est-ce que l'humour ?"

Si cette annonce se confirmait, dans une logique visant à transformer Canal + en une sorte de D8 gaguesque et ridicule, cela sonnerait effectivement comme la fin d'une époque. Pour Canal + mais aussi pour une certaine forme de télé. Entre les télés en ligne, les formes de rediffusion ou de relecture des émissions préférées à la carte, les télés spécialement web, les youtubeurs et autres créateurs de programme à partir d'un simple téléphone (smart), le temps n'est pas favorable aux programmes décalés. Et cela touche surtout les programmes courts. Car plus un programme est court, plus il est cher à produire à la minute, donc moins il est rentable. C'est tellement plus facile de faire venir un chroniqueur ou un imitateur (bon ou mauvais) en direct sur un plateau de télé...

Alors, oui, il faut innover. Les Guignols peuvent-ils innover ? L'éternel PPD peut-il survivre à sa propre immortalité auto-déclarée ? Débat classique pour un média : faut-il le développer et attirer de nouveaux spectateurs (et recettes) ou faut-il se contenter d'en réduire les coûts pour en assurer une rentabilité satisfaisante ? Les hommes à cravate ont en général choisi leur camp, surtout quand ils viennent du BTP.

La grille de rentrée de Canal sera donc scrutée avec attention par beaucoup, à la fois sur sa partie en clair et sur le choix des "exclusivités" diffusées. Ici, on espère que la dérision continuera à y être présente. Charlie et les Guignols, ça fait beaucoup pour un petit pays en voie de dé-développement...

Pétition ici

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire