vendredi 27 novembre 2015

Des couleurs autour de nous

Vendredi de couleurs aujourd'hui, avec ses contrastes et ses paradoxes. Normal. Rien n'est jamais unicolore, unidimensionnel, uniforme, unique à notre époque. Même l'unité.

Cérémonie en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre aux Invalides. Sobre, grave mais aussi vibrant. L'heure est au recueillement et à l'envie de rebondir. Discours de François entre deux marseillaises, les vraies dans leurs trois différentes versions, à ne pas confondre avec l'automne en deuil, cette nouvelle variante lente et décomposée de notre hymne. Un début à tordre les tripes, avec les couleurs de la musique, quand on n'a que l'amour par exemple, écrite par un belge et donc pas choisie au hasard, et des voix de femmes pour chanter. Une cérémonie très militaire, dans ce paradoxe de l'irruption de la guerre dans la cité.
Un discours d'un président ému et bafouillant un peu, autour du Bataclon par exemple. Un président humain donc. Une impression de gravité. Une réussite. 

Des drapeaux bleu blanc rouge pour pavoiser. Une ruée sur les drapeaux et une réappropriation des couleurs dans les rues, mesurée, certes, car il y a des attitudes différentes et peu de gens ont encore des drapeaux chez eux. Dans mon quartier, un drapeau par rue au maximum, mais l'infirmière qui passe me faire des piqures me dit que dans chaque appartement où elle est passée, la télé est allumée sur la cérémonie. Des couleurs pour tous, sans symbolisme politique, mais comme un symbole révolutionnaire, populaire, français. Un nettoyage du symbole pour lui redonner des couleurs. Les politiques, pour, contre ou râleurs recommenceront à parler dès ce week-end, on peut leur faire confiance. Après tout, il y a des élections dans une semaine...

Les Unes de la presse pour marquer ce jour et ce symbole ont pour beaucoup emprunté au drapeau. En voici quelques unes...

Ô

Mais c'est aussi un vendredi noir. Pas parce que le noir est la couleur officielle du deuil en France, mais parce que business as usual il s'agit de marquer le début de la saison des achats de Noël. Le commerce à ses besoins et le vendredi qui suit Thanksgiving est traditionnellement réservé au début des promos de toutes natures, dans des magasins pris d'assaut (sans jeu de mot macabre) et en ligne. Certains magasins ont commencé jeudi déjà, dans ce qu'on appelle maintenant le "jeudi gris"... La couleur noire pour ce vendredi a plusieurs explications  liées en général au cauchemar pour les policier face à des embouteillages monstrueux, mais celle que je préfère est purement commerciale : c'est à partir de ce jour aux USA, avec les grosses ventes, que les comptes des commerçants quittent le rouge pour entrer dans le noir du positif. Le commerce fait donc ses choux gras de ce vendredi dédié au dieu commerce. A noter, dans un registre parallèle la brocante traditionnelle des Abbesses ce week-end, dans les sous-sol de l'église, car même le Dieu de la Bible sait faire faire des affaires. Une juxtaposition aléatoire des calendriers, pas un signe voulu. 

Le noir est la couleur du deuil en France, des terroristes de Daech aussi. Alors les couleurs, les autres, sont celles qui peuvent nous aider à combattre le noir dans les esprits, l'absence de lumière. Les parisiens, habillés habituellement en noir en soirée parce que c'est chic, vont-ils se mettre à se parer de couleurs plus vives, vivantes ? On aimerait à le penser, mais ca n'a pas l'air de prendre, comme le montre le peu d'affluence dans ce groupe Meetup découvert par hasard.

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