De temps en temps, une orgie de commémorations se produit et nous gave comme des oies. C'est toujours le cas en fin-début d'année avec les rétrospectives, une sorte de rite obligatoire et de purge médiatique de nos intestins brouillés par les agapes des fêtes. Mais cette semaine on atteint le pompon. Il y a la semaine Charlie évidemment entre les attentats et la grande manif du dimanche 11, célébrée dimanche 10 cette année. Et aujourd'hui, les 20 ans de la mort du Modèle de la gauche, Mitterrand.
Les jeunes de moins de 30 ans ne se souviennent pas de cette époque car Mitterrand n'a été au pouvoir que jusqu'en 1995 (et moins encore si on compte les cohabitations houleuses de l'époque. Les autres ont des souvenirs aléatoires d'une époque confuse où le costume de Président avec un grand P avait encore un sens. Depuis la fonction présidentielle a beaucoup perdu, dans un régime qui se dirige tranquillement vers une parlementarisation de plus en plus forte et avec une bipolarisation qui s'essouffle : la montée de l'extrême droite comme une des trois grandes forces, le ballet du centre qui n'arrive pas à se choisir une voie autre que celle du "marais" ambiant, et une gauche plus divisée que jamais même au sein du PS dominant.
Je ne citerai qu'un souvenir personnel pour Mitterrand, vous en ferez ce que vous voudrez ;)
Le 10 mai 1981, jour de son élection à la Présidence de la République, la première d'un président de gauche, j'étais sous les drapeaux à Balard à Paris. Le lundi 11 mai au matin, à la caserne il y avait une atmosphère bizarre entre ceux qui souriaient et ceux qui tiraient la gueule. J'étais ce qu'on appelait alors un scientifique du contingent et malgré mes galons d'aviateur de deuxième classe, j'avais le droit de déjeuner au mess des officiers. Ce repas de midi fut mémorable. Nous étions plusieurs "jeunes" à déjeuner ensemble, quand nous fûmes appelés (haha) par quelques officiers seniors et haut gradés dans leur coin réservé. Ils voulaient savoir ce que nous pensions de cette élection, nous les jeunes, forcément de gauche. Leur peur était visible et simple : Mitterrand = programme commun = communistes = russes. Les russes étaient à cette époque l'ennemi militaire numéro un, sans aucune contestation. Ils pensaient donc que les russes prenaient le pouvoir en France et se demandaient s'il fallait prendre les armes et se rebeller ou faire un coup d'Etat (si, si, je vous le jure). Nous avons eu une longue conversation pour les calmer et expliquer les choses. Une goutte d'eau dans un océan de vagues créées par ce tsunami politique. Une discussion édifiante qui m'a en tous cas apporté la preuve éclatante qu'on peut discuter quelles que soient les circonstances. Dès le lendemain, nous étions plusieurs à arborer Libé dans la poche de nos manteaux en arrivant. Pour mémoire, Libé était auparavant interdit dans les casernes. Juste un petit souvenir.
Mais aujourd'hui, dans la série commémoration, il y a d'autres anniversaires :
- La mort d'un autre grand homme politique, Tchou En-Laï, (Zhou Enlai) le premier premier ministre de la Chine en 1949 sous les ordres d'un certain Mao. Il meurt en 1976 quelques mois avant Mao, ce qui lui permit de voir les effets des différentes politiques de Mao et de jouer au Yin et au Yang avec...
- L'accession au pouvoir en 1959 d'un certain Charles de Gaulle, premier président de notre actuelle République française, après l'adoption de la constitution par référendum.
- La mort en 1941 du fondateur du scoutisme, Robert Baden-Powell, toujours prêt, et dont les adeptes sont toujours très nombreux.
- 1896, la mort de Verlaine, poète impair et maudit, et tout le reste est littérature.
- 1642, celle de Galilée, et pourtant elle tourne
- 1324 La mort de Marco Polo (supposée)
Un jour normal donc, idéal pour les gens célèbres. Passons à l'avenir !!!
PS A l'avenir, le 8 janvier il faudra aussi commémorer la mort de Courrèges, le maxi couturier de la mini jupe.
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