L'attaque d'une université au Pakistan nous interpelle, dans la communauté universitaire.
21 morts a priori (estimation actuelle) après cette attaque revendiquée par les Talibans dans le Nord-ouest du Pakistan, à l'Université Bacha Khan à Charsadda. Cette petite université récente (même pas quatre ans) se veut une université moderne tournée vers le savoir et le développement. Un lieu intolérable donc pour les extrémistes, talibans ou autres. Ils ont choisi un moment clé puisque c'était cette semaine le début du semestre de printemps, et en même temps qu'un festival de poésie ouvert au public. Des représailles contre les attaques de l'armé pakistanaise contre eux. Des étudiants tués dans leurs dortoirs est certainement une cible plus facile que des militaires armés.
D'autres attaques récentes ? A Garissa au Kenya le 2 avril 2015 par exemple, 147 morts en majorité des étudiants chrétiens. A signaler qu'un exercice de simulation d'alerte terroriste dans cette même université a fait en décembre dernier... un mort et plusieurs dizaines de blessés, tellement les étudiants ont eu peur d'une vraie attaque !
Quelles réactions cela déclenche-t-il dans le monde universitaire, à part l'indignation copiée sur l'indignation générale de la société ? Un exemple de réaction pour Garissa : UNICAEN condamne l'attaque terroriste et barbare qui a frappé l'université de Garissa au Kénya. Face à cette attaque contre le savoir et la liberté qui sont les symboles de l'Université partout dans le monde, la communauté universitaire française tient à saluer la mémoire des victimes et apporte son total soutien et sa solidarité aux étudiants, aux professeurs, au personnel de l'Université de Garissa.
Les valeurs de l'Université ne meurent jamais.
Les universitaires ont l'habitude d'échanger et de se déplacer. Souvent partout dans le monde et dans des lieux improbables, pour tisser des liens et un réseau, en n'étant pas ou peu rémunérés (juste défrayés la plupart du temps). L'Université universelle avec un grand U est un fantasme plus ou moins réel selon les lieux et les convictions mais il existe dans la réalité. Quels que soient les liens qui s'établissent dans cette "communauté universitaire", ils sont puissants : autour de disciplines (quand deux matheux se rencontrent ils se racontent des histoires de maths), de grands enjeux sociétaux (les approches multidisciplinaires autour de l'eau, de la santé ou de la gestion des crises par exemple), de métiers similaires (les profs de français ou d'anglais), de langues partagées (les francophones évidemment, comme à l'AUF), de technologie utilisées (les TICE et autres tablettes), autour de zones géographiques de recherche ou de coopération...
Après tout, si on excepte les militaires qui se tuent depuis des millénaires, les universitaires sont la communauté qui a inventé l'Internet et sa philosophie. Le réseau n'est pas qu'une notion technique ou théorique. C'est avant tout une mis en relation d'humains créatifs et actifs. Créactifs comme disent les experts du marketing.
Tuer un universitaire (quel que soit son statut - étudiant, enseignant, chercheur, administratif ou dirigeant) est toujours un drame pour un autre universitaire. Même au bout du monde. C'est d'ailleurs à cela qu'on reconnait une "communauté". L'ouverture au savoir suppose une ouverture tout court. Je parle ici des universités réelles, pas des "universités" d'entreprises ou de fermeture du savoir qui fleurissent partout. Je vous avais déjà parlé du .university par exemple. Un vrai contre-exemple de communauté qui est une démonstration d'une marchandisation purement mercantile. Un sujet qui pourrait revenir d'actualité si quelqu'un de responsable s'en occupait.
Sauf à confondre l'université avec n'importe quel secteur de la société. Une vraie question, non ?
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